Alep, deuxième ville de Syrie et ancienne capitale économique (il faudra du temps…), est l’enjeu d’une bataille décisive depuis plusieurs mois.

Les deux tiers de la cité sont restés aux mains du régime depuis le début de la guerre, c’est la partie chrétienne et alaouite; l’autre tiers, essentiellement sunnite, est tombé assez rapidement aux mains de la rébellion qui a ensuite lancé des assauts furieux contre le reste de la ville, en vain. Des combats extrêmement violents ont notamment eu lieu dans les admirables souks, les détruisant à jamais. Mais les soldats chrétiens et alaouites (majoritaires à Alep) ont tenu bon face aux sunnites : nous sommes bien dans une guerre de religion.

Après plusieurs années de statu quo, ponctuée  de tirs d’artillerie (de nombreuses églises ont été endommagées ou détruites car expressément visées) et de duels de snipers, les Russes ont décidé au printemps dernier de boucler le siège de la ville en fermant la route du nord qui permettait le ravitaillement en hommes et en armes des insurgés venant de Turquie.

A l’issue de massifs bombardements russes, toujours d’une grande précision, l’armée syrienne a pu progresser, boucler le siège et entamer la reconquête du vaste quartier insurgé. 

Ce ne sera pas facile : en face il y a essentiellement le Front al Nosra, devenu depuis peu le Front Fatah al Cham. Ce changement de nom s’est accompagné d’un retrait de l’affiliation à Al Quaïda, afin d’adoucir un peu la vitrine, mais personne n’est dupe. Ce sont des islamistes fanatiques qui emploient les mêmes méthodes que l’Etat islamique. D’autres milices, plus ou moins islamistes, sont également présentes, en moins grand nombre.

On reproche actuellement beaucoup aux Russes et aux Syriens d’avoir rompu la trêve en bombardant cette partie de la ville : mais il était bien clair que cette trêve ne s’appliquait ni à l’Etat islamique (ce serait le comble !) ni au Front al Nosra qui ne vaut guère mieux; même les Américains l’ont placé sur la liste des organisations terroristes (qu’en pense l’ineffable Fabius ?). Les autres milices devaient s’éloigner de ce dernier pour être épargnées : elles ont choisi de n’en rien faire, car elles ne représentent que peu de choses, et la fiction de la rébellion modérée serait apparue de façon trop claire.

Cela étant, même si le bouclage est un succès, la bataille qui vient sera très dure et la victoire est loin d’être certaine. En effet si plusieurs banlieues insurgées de Damas et d’Homs se sont rendues récemment, c’est qu’elle étaient totalement isolées, que ce n’était ni l’Etat islamique ni le Front al Nosra,  et que la charge symbolique n’est pas la même : Alep marque la frontière entre la Syrie insurgée et celle aux mains du régime. De plus, une partie à l’ouest d’Alep est également tenue par les islamistes, à tel point que l’armée syrienne s’y est faite encercler cet été et que l’assiégeant a bien failli devenir assiégé. Il a fallu une intervention urgente et massive des hélicoptères et avions russes pour la dégager.

Le Front al Nosra ne s’est jamais encore rendu et n’a jamais accepté la moindre négociation avec le régime; ce n’est certainement pas à Alep, ville symbole, qu’il va commencer.

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