Le cardinal Peter Erdö était rapporteur général du Synode sur la famille en octobre 2014. C’est lui qui a présenté à l’assemblée synodale le fameux rapport de mi-parcours qui avait fait scandale. On lui a demandé à cette époque ce qu’il entendait par les mots de « éléments positifs » dans les relations homosexuelles le concubinage et le divorce. Il a renvoyé la balle vers le cardinal Forte : « celui qui a écrit le texte doit savoir de quoi il parle ». Cette réflexion tendait à montrer qu’il se départissait de ce rapport.
Plus récemment, le 23 juin lors d’une conférence de presse un journaliste l’a interrogé sur la question des divorcés remariés. Il a notamment déclaré :
« Ou nous sommes une religion naturelle, alors nous devrions réfléchir philosophiquement sur le monde, sur l’expérience humaine et chercher des solutions qui peuvent être des changements à chaque génération. Ou nous sommes les disciples de Jésus-Christ, une personne divine avec un enseignement concret, et avec qui nous nous connectons à l’histoire et la tradition et dont l’enseignement est identifiable. […] Et nous voyons précisément dans la discipline de cette tradition que l’enseignement de Jésus sur l’adultère est un enseignement très exigeant, scandaleux de son temps. Même ses propres disciples dirent : « Si c’est la voie, pas la peine de se marier ». Ce n’était certainement pas l’opinion répandue dans le judaïsme… ».
Il prit alors quelques exemples de référant aux paroles du Christ.
Le 12 mai lors d’une conférence à Bratislava en Slovaquie il avait défendu l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur ces questions. Or étaient présents les présidents des Conférences épiscopales de la Slovaquie, l’Ukraine, la Biélorussie, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Croatie et la Lituanie. Il déclara notamment : « Nous avons discuté de ce qui est donné dans la nature humaine et ce qui est écrit dans l’Écriture Sainte. Dieu a créé l’homme comme homme et femme – et non dans 35 différentes identités humaines ». Selon un communiqué de la Conférence rédigé par Mgr Puljic évêque de Dubrovnic en Craotie, les participants ont critiqué les « nouvelles vues sur la famille à l’ère postmoderne, imposant de nouvelles normes qui ne sont pas en conformité avec la vue classique sur la famille ». Fin mai, même tendance lors d’un séminaire de 35 participants (dont 22 évêques), organisé par Mgr Gabriel Mbilingi de l’Angola dans le cadre du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique auquel assistaient quelques prélats européens.
Mgr Erdö fit d’autres déclarations du même style. On ne peut pas les citer toutes. Mais les observateurs notamment journalistes ont considéré que ce cardinal avait envoyé une série de salves contre les évêques allemands visant à modifier la morale traditionnelle de l’Eglise. Ils en ont conclu qu’en octobre prochain lors du Synode, le cardinal Erdö, avec le soutien de nombreux évêques, défendra l’enseignement permanent de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les questions concernant la famille.
Sauf que le cardinal Erdö ayant été reconduit dans ses fonctions synodales par le pape François a présenté le texte préparatoire de la dernière partie du Synode intitulé Instrumentum Laboris, texte qui même s’il tente parfois de rappeler la doctrine de l’Eglise, est un condensé des revendications en opposition formelle avec l’ordre que Dieu a établi. On y trouve au côté du rappel de la doctrine catholique toutes les justifications pour une sorte de divorce chrétien, une méthode pour redonner la communion aux divorcés remarié, ainsi qu’une relativisation de la nocivité de l’homosexualité. Et ce cardinal ne semble pas gêné de présenter un texte allant contre la doctrine de l’Eglise tout en protestant de son attachement à cette dernière.
Quel jeu joue le cardinal Erdö ?
Jean-Pierre Dickès
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