Le FN demande un audit des réserves et le rapatriement de l’or de la Banque de France
Par Nicolas Flamel
A trois jours du référendum organisé en Suisse pour contraindre la Banque Centrale Suisse à détenir ses 20% de ses réserves en or et à stocker ses réserves sur le territoire Suisse[i][i], quelques jours après l’annonce par la Banque Centrale des Pays Bas qu’elle venait de rapatrier 122 tonnes d’or de New York et au moment où la pression se fait plus forte en Allemagne pour que la Banque Centrale rapatrie ses réserves d’or stockées hors d’Allemagne[ii], le débat de l’or national vient d’être introduit dans le paysage politique français.
Mme Marine Le Pen, présidente du Front National, a envoyé lundi matin une lettre à la Banque de France pour réclamer un audit des réserves d’or de la France et le rapatriement en France des stocks d’or appartenant à la Banque de France qui seraient stockés à l’étranger. Elle demande que cet audit contienne, selon les termes de cette lettre (extrait) :
« – un inventaire complet des quantités d’or physique affichées actuellement à 2435 tonnes ainsi que leur qualité (numéro de série, pureté, barres ‘Good Delivery’…), réalisé par un organisme français indépendant (à définir). Cet inventaire, sous contrôle d’huissier, devra indiquer le pays dans lequel les réserves d’or sont stockées, en France ou à l’étranger.
– Un recensement de tout contrat d’engagement financier officiel ou secret vis-à-vis de banques et sociétés privées, ou de prêt bilatéral entre la France et des institutions nationales ou internationales, ayant gagé l’or de la France afin de garantir le sauvetage de l’euro. Dans ce cas, l’audit exhaustif devra contenir les conditions des contrats d’engagement ou de prêts. »
Mme Le Pen mentionne également les ventes d’or décidées en 2004 par la France dans les termes suivants (extrait) :
« Attendu qu’en effet, la Banque de France déjà indépendante, a procédé dans le cadre de l’accord CBGA 2, à des ventes d’or décidées en 2004 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Raffarin.
L’objectif officiel affiché était de gérer plus activement les réserves de change de l’Etat afin de générer 100 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires dès 2005. N. Sarkozy déclarait aussi que cette vente d’or serait utilisée « soit pour financer des investissements qui préparent l’avenir, soit pour réduire la dette, mais en aucun cas pour financer les dépenses de fonctionnement ».
Sur la période 2004-2012, environ 614,6 tonnes d’or auraient été vendues par la France alors que dans le même temps les autres banques centrales de l’Eurosystème dont la BCE se sont engagées à limiter leurs ventes d’or.
Vous pouvez lire l’intégralité de ce courrier ici.
Rappelons que la France possède à ce jour 2.435 tonnes d’or, dont un peu moins de 10% sont stockées à l’étranger (essentiellement aux Etats Unis), et le solde en France, rapatrié par le Général de Gaule de 1958 à 1967[i].
Les réserves d’or de la Banque de France depuis 1865,
en milliers d’onces, source 24hGold
Le tableau ci-dessous présente l’évolution des réserves d’or françaises chaque année depuis 1991. Les réserves en or de la France ont diminué d’environ 20% depuis 2003 passant de 3.024 tonnes en l’an 2000 à 2.435 tonnes en 2010.
[i] 30 % des réserves d’or suisses se situent en dehors du territoire national : 20 % ont été confiées à la Banque d’Angleterre et 10 % à la Banque du Canada
[ii] Aux Etats Unis, en France et à Londres
[i] Cf. La Suisse et le vote sur l’initiative sur l’or
[i] De Gaulle, l’or et le Dollar
De Gaulle, l’or et le dollar
par Adrian E. Esh
John Connally, secrétaire au Trésor US de Richard Nixon au début des années 70, avait un jour déclaré que le dollar était la devise des Etats-Unis, mais, parlant des autres pays, « votre problème ».
Cette légèreté des Etats Unis pour appréhender la monnaie de réserve du monde avait entrainé de virulentes remarques de Charles de Gaulle.
« Ce que [les Etats-Unis] doivent [à l’étranger], ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre… », a grondé De Gaulle durant une conférence de presse qui ferait date, en février 1965.
« Cette facilité unilatérale qui est attribuée à l’Amérique contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est signe impartial et international des échanges, alors qu’il est un moyen de crédit approprié à un Etat ».
Mais De Gaulle a fait bien plus que grommeler et se plaindre. Contrairement aux présidents français actuels, il a eu la possibilité d’échanger ses dollars contre un actif bien réel et tangible — l’or physique.
L’or « ne change pas de nature », affirma De Gaulle dans son discours de 1965, comme s’il annonçait au monde une nouvelle inédite. « [L’or] qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence ».
Comment obtenir ce parangon des actifs ? Dans les années 50 et 60, les gouvernements de la planète pouvaient simplement venir à la Réserve fédérale, toquer à la « fenêtre de l’or » et échanger leurs dollars contre du métal jaune.
Et c’est bien ce qu’a fait De Gaulle.
Dès 1958, il a ordonné à la Banque de France d’accélérer le rythme auquel elle transformait ses réserves de nouveaux dollars en or physique. Rien qu’en 1965, il a envoyé la Marine française de l’autre côté de l’Atlantique pour emporter 150 millions de dollars en or ; en 1967, les proportions des réserves nationales françaises détenues en or étaient passées de 71,4% à 91,9%. La moyenne européenne n’était qu’à 78,1% à l’époque.
En 1968, De Gaulle s’était retiré du Gold Pool de Londres — un cartel gouvernemental qui travaillait activement à contrôler le prix de l’or pour le maintenir en ligne avec les 35 $/once ordonnés par le gouvernement US. Trois ans plus tard, alors que l’or était transporté par voie aérienne depuis Fort Knox vers New York pour répondre à la demande étrangère de paiement en or, Richard Nixon mit fin au petit jeu de De Gaulle. Il cessa purement et simplement de payer en or.
De Gaulle appela le dollar « le privilège exorbitant de l’Amérique », reprenant une phrase de son économiste préféré, Jacques Rueff. Ce privilège donnait aux Etats-Unis le droit exclusif d’imprimer le dollar, la « devise de réserve » de la planète, et de l’imposer au reste du monde en paiement de leurs dettes. Selon les accords d’après-guerre de Bretton Woods, en 1946, le dollar ne pouvait pas être refusé.
En fait, aux côtés de l’or — contre lequel le dollar était parfaitement interchangeable jusqu’en 1971 — la devise US était du véritable argent, quelque chose de solide. Tout le reste pâlissait, à côté du dollar impérial. Tout, sauf l’or.
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