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Succès en recherche génétique. Qu’en penser ?

La nouvelle est passée inaperçue mais elle est riche de conséquences. Pour la première fois au monde il a été possible de modifier le fonctionnement génétique des gamètes, (ovocytes et spermatozoïdes). Cet exploit a été réalisé par les chercheurs de Portland, université de l’Orégon (Dr Mitalipov). Nous verrons que cela pose d’importants problèmes de diverse nature.

Nos lecteurs se souviennent du couteau CRISPS-Cas9 inventé en Suède par une Française du nom d’Emmanuèle Charpentier et d’une Américaine Jennifer Dudna. Il s’agit d’une séquence d’ADN qui permet d’intervenir sur les gènes, les couper, voire en déplacer une partie. Rappelons que les gènes sont formés de chaînes d’ADN. La question est de savoir où, quand, comment, pourquoi ?

Nous allons donc mélanger la célèbre séquence de ces adverbes interrogatifs

Pourquoi ? Un grand nombre de maladies sont en rapport avec des gènes donnant une mauvaise information se traduisant par toutes sortes de troubles voire mener à la mort. Dans ce cas précis a été ciblée une maladie appelée cardiomyopathie hypertrophique pouvant entrainer la mort subite à n’importe quel âge. Il s’agit donc d’une maladie cardiaque que l’on diagnostique chez les nourrissons ou plus tard dans la vie.

Quand ? L’ADN défectueux se situe dans les spermatozoïdes. Cependant, pour des raisons qui n’ont pas été données, le couteau CRISPS agirait au moment de la fécondation ; ni avant, ni après. La réponse à cette question est que probablement ce moment rend l’opération plus facile.

Comment ? Il est injecté le fameux couteau qui se dirigera vers le chromosome 10 et le gène  (MYBPC3) porteur de la maladie et le découpe.

Où : CRISPS est mis directement dans le noyau de la cellule qui vient de se créer par la jonction de l’ovule et du spermatozoïde ; en fait un embryon, début de la vie humaine.

En pratique il est possible de dire que qu’un embryon sur deux susceptible d’être porteur de la maladie a été guéri par les chercheurs de Portland. Ce qui est un succès remarquable et une première mondiale.

Ensuite il y a la question de l’implantation de ces embryons. Mais les chercheurs n’ont pas osé l’effectuer. D’autant qu’en l’occurrence personne n’était demandeur. Ils ont été détruits.

Cependant, scientifiquement parlant, cette opération pose un problème délicat. En effet il y a des interactions entre les chromosomes entre eux donc des chaînes d’ADN entre elles. Elles tiennent de l’impondérable. C’est d’ailleurs une raison qui retarde par exemple le traitement de la myopathie dont le gène est le plus gros connu. Enlever un gène peut avoir des conséquences ignorées sur tous les organismes. Ainsi la recherche génétique piétine.

Une autre question se pose ; elle est d’ordre éthique. En France des recherches de cette nature sont d’ailleurs données au compte-goutte par la Haute Autorité de la Santé. La Fondation Lejeune a attaqué en justice un certain nombre de chercheurs qui avaient bricolé les embryons sans demander la moindre autorisation.

Une question aussi se pose est le risque de dérive eugénique. En pratique, une véritable sélection en fonction des gènes eux-mêmes. Certaines firmes américaines proposent depuis des années des embryons d’enfants blonds aux yeux bleus. Ils arrivent congelés en France. Si l’implantation (PMA) a été un échec, il est remplacé comme une poire pourrie que vous a donnée l’épicier du coin. Chosification de l’espèce humaine allant vers l’enfant à la carte ou doué de pouvoirs surhumains. Hitler en son temps avait tenté une sélection de cette nature dans les Lebensborn (Fontaines de vie) où des croisements entre couples blonds aux yeux bleus étaient effectués afin de développer la pureté de la race aryenne. Il est donc évident qu’il faudra mettre au point une sorte de « code de la route »  avec des stops.

Jean-Pierre Dickès

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