Après des années de silence, les accusations contre le pape François refont surface : un mémorandum a commencé à circuler au Vatican. Et le texte parle aussi du Conclave.

Le sujet est brûlant car personne, à ce jour, ne connaît le nom de l’auteur. Il est clair cependant que la diffusion même d’un mémorandum relatif à ces neuf années de pontificat du Pape François et à ce que doivent faire les « princes de l’Église » avec le prochain Conclave constitue une nouvelle de taille dans la petite cité du Vatican et au-delà de ses frontières.

Aussi parce que le ton du document rappelle celui adopté au moment de l’affrontement entre conservateurs et progressistes au sein de l’Eglise conciliaire. Quelque chose que certains avaient oublié à la faveur de la pandémie et maintenant de la guerre russo-ukrainienne.

Le texte complet a été livré à l’opinion publique par un vaticaniste reconnu de longue date comme Sandro Magister qui écrit en introduction sur son blog :

« Depuis le début du Carême, ce mémorandum passe de main en main parmi les cardinaux qui éliront le futur pape. Son auteur, qui se signe du nom de Demos, « peuple » en grec, est inconnu, mais il est assurément maître en la matière. On ne peut exclure qu’il soit lui-même cardinal. »

L’hypothèse est que le mémorandum n’est pas signé car si l’auteur l’avait revendiqué il aurait été difficile de gérer la situation. Bref, on murmure que c’est un cardinal qui a énuméré les points. Mais cela ne peut être qu’une suggestion. Le fait est que le document, comme le rapporte la source, s’est retrouvé sur les bureaux des cardinaux. Ceux qui, en grande majorité, ont été créés par l’ancien archevêque de Buenos Aires.

Les critiques sont habituelles. Elles vont de la situation économique au chaos déclenché par le synode allemand, en passant par les ouvertures doctrinales au sujet de la morale sexuelle, la baisse des statistiques relatives aux fidèles, les scandales internes, un prétendu déficit de poids géopolitique, etc. Bref, ce texte énumère les accusations que la partie « droite » de l’Église catholique a l’habitude de porter contre le pape François.

A titre d’exemple, on peut lire ce qui suit dans le document : 

« L’influence politique du pape François et du Vatican est négligeable. Intellectuellement, les écrits pontificaux montrent un déclin par rapport aux niveaux de saint Jean-Paul II et du pape Benoît. Les décisions et lignes politiques sont souvent ‘politiquement correctes’… »

Ensuite, il y a la partie la plus brûlante, pour ainsi dire : celle sur la prochaine assemblée cardinalice qui sera appelée à élire le successeur de Pierre. Les chiffres, à ce jour, disent qu’il est très difficile de choisir un pontife éloigné, en termes de doctrine et de pratique, de Jorge Mario Bergoglio. Mais cette hypothèse a également été annoncée lorsque le pape émérite Joseph Ratzinger a démissionné du trône de Pierre.

Parmi les enjeux relevés, l’un des plus importants concerne les « hérésies » d’El papa argentin :

« S’il n’y avait pas de correction romaine de telles hérésies, l’Église se réduirait à une vague fédération d’Églises locales, avec des visions différentes, probablement plus proches d’un modèle anglican ou protestant, par rapport à un modèle orthodoxe ».

Référence est faite ainsi à nouveau au « Pape hérétique ». Rappelons qu’en mai 2019 « une vingtaine de théologiens et universitaires catholiques ont décidé de publier une lettre ouverte aux ‘‘évêques de l’Eglise catholique’’ pour, premièrement, ‘‘accuser le pape François du délit canonique d’hérésie’’, et deuxièmement, leur demander ‘‘de prendre les mesures nécessaires pour réagir à la situation grave d’un pape hérétique’’ ». Ces considérations semblaient avoir été écartées du débat.

L’opposition entre conservateurs et progressistes refait donc surface. Opposition stérile puisque tous, conservateurs comme progressistes, sont attachés au même fondement doctrinal, source de tous les maux actuels du monde catholique, le révolutionnaire concile Vatican II. Qui pour les uns il va trop vite, pour les autres trop lentement… C’est juste une question de tempo

Francesca de Villasmundo

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