« Le rit de la nouvelle messe est un rit bâtard !
Les sacrements sont des sacrements bâtards. »
[Mgr Lefebvre, Sermon du 29 août 1976 à Lille]
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Mes Révérends Pères, chers Frères, chers fidèles,
Pour mieux saisir et aimer les vérités de notre foi, il est parfois utile d’écouter les propos des ennemis de cette même foi.
Voici ce que disait Luther au sujet de la messe :
« Quand la messe sera renversée, je pense que nous aurons renversé la papauté, (c’est-à-dire l’Église catholique), car c’est sur la messe comme sur un rocher que s’appuie la papauté tout entière, avec ses monastères, ses ministres et sa doctrine. Tout cela s’écroulera quand s’écroulera leur messe sacrilège et abominable. »
Parole profonde, parce qu’elle nous révèle le lien qui existe entre la foi et la messe. A tel point que si l’on transforme, si l’on supprime la messe, on détruit la foi. Parole profonde, parole prophétique en quelque sorte, parce que, avec la révolution conciliaire, il y a eu une destruction simultanée de la foi et de la messe ; il est certain que s’il n’y avait pas eu la destruction de la messe, s’il n’y avait pas eu la promulgation d’une nouvelle messe, la foi n’aurait pas été aussi atteinte. Enfin, parole lumineuse, parce qu’elle nous rappelle que nous ne sortirons de la crise de l’Église que par le retour à la sainte Messe.
J’aimerais vous parler de la nouvelle messe, qu’on appelle aussi messe de Paul VI, parce qu’elle a été promulguée par le pape Paul VI, le 3 avril 1969.
Il est important d’avoir les idées claires sur la nouvelle messe. D’abord pour nous-mêmes, pour affermir nos convictions personnelles. Pourquoi n’assistons-nous pas à la nouvelle messe ? Pourquoi refusons-nous un rite qui a été promulgué par la plus haute autorité de l’Église ? Et plus concrètement, pourquoi est-ce que nous faisons peut-être beaucoup de kilomètres le dimanche matin pour avoir la messe dite de Saint Pie V ? Mais il ne suffit pas d’avoir soi-même des idées justes, il faut aussi être capable de transmettre nos convictions, en particulier à nos enfants, afin qu’eux aussi soient attachés toute leur vie à la messe traditionnelle.
Pourquoi la nouvelle messe n’est-elle pas bonne ?
Je vous propose deux réponses. D’abord, elle n’est pas bonne parce que ceux qui ont fait ce rite, ou ceux qui l’ont promulgué, n’avaient pas une bonne intention. Nous regardons d’abord l’intention de ceux qui ont fait ou promulgué ce rite. Et cette intention n’est pas bonne parce qu’elle est d’ordre œcuménique, c’est-à-dire qu’elle vise à rapprocher les catholiques des protestants, au détriment de la véritable foi. Voici ce que disait le Père Bugnini, qui a été la cheville ouvrière de la nouvelle messe. Ces paroles ont été dites en 1965, à l’issue du Concile, (soit quatre années avant la promulgation de la nouvelle messe) lorsqu’on lui demanda de travailler à l’élaboration d’un nouveau rite : « Nous devons enlever de nos prières catholiques, en particulier des prières de la messe, tout ce qui risquerait d’être ne serait-ce que l’ombre d’une pierre d’achoppement pour nos frères séparés. » Il est chargé de faire une nouvelle messe catholique et son but est de supprimer de cette nouvelle messe tout ce qui serait l’ombre d’une pierre d’achoppement à l’égard des protestants !
Et maintenant, voyons quelle fut l’intention du pape, parce que concrètement, c’est Paul VI qui a promulgué la nouvelle messe. Nous n’avons pas de témoignage direct de sa part, je crois, nous avons en revanche le témoignage de Jean Guitton, qui était un ami intime de Paul VI. Voici ce qu’il dit bien longtemps après : « L’intention de Paul VI était de faire une plus grande place à l’Écriture, une moins grande place à tout ce qu’il y a de consécration transubstantielle et qui est de foi catholique.» Donc l’intention de Paul VI en demandant un nouveau rite et en le promulguant était de magnifier la Sainte Écriture, pour faire plaisir aux protestants, et à l’inverse de donner moins de place à tout ce qui était consécration transubstantielle, c’est-à-dire présence réelle, sacrifice eucharistique. « Autrement dit, il y avait chez Paul VI une intention œcuménique d’effacer ou du moins d’assouplir ce qu’il y a de trop catholique au sens traditionnel dans la messe et de rapprocher la messe de la cène calviniste. »
Nous n’avons donc pas de doute à avoir, il y a dans la confection et dans la promulgation de cette nouvelle messe une intention œcuménique totalement opposée à l’intention catholique.
La deuxième raison pour laquelle la nouvelle messe n’est pas bonne est que le rite lui-même n’est pas bon. Nous ne regardons plus maintenant l’intention de ceux qui l’ont faite, mais le rite en lui-même. Car, comment imaginer qu’avec une intention mauvaise, le résultat puisse être bon ? De fait, le résultat n’est pas bon parce qu’il exprime une foi ambigüe, c’est-à-dire que ce rite peut éventuellement exprimer la foi catholique, mais il peut aussi exprimer la foi protestante, et par conséquent il ne peut pas être bon. Ce rite n’exprime pas clairement la foi catholique, en particulier sur quatre points essentiels de notre foi. D’abord, sur la présence réelle. Ensuite, sur la nature sacrificielle de la messe (la messe est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix), puis sur le but propitiatoire de la messe (la messe nous obtient actuellement le pardon de nos péchés). Enfin sur le sacerdoce catholique, sur ce qu’est le prêtre.
Faute de temps nous n’évoquerons que le second point, et nous dirons que la nouvelle messe n’exprime pas correctement la foi catholique concernant le sacrifice eucharistique.
En effet, nous pouvons d’abord remarquer que l’offertoire a été supprimé. L’offertoire catholique que vous connaissez exprime très clairement la nature sacrificielle de la messe. Nous offrons l’hostie immaculée pour la rémission de nos péchés. Le prêtre prend ensuite le calice dans lequel il y a le vin, et il offre le calice du salut. L’hostie immaculée, c’est Jésus-Christ, le calice du salut, c’est le sang du Christ. L’offertoire catholique, c’est l’offrande de la victime, et il n’y a pas d’autre interprétation possible ; les prières et les gestes sont très clairs. Ce que nous offrons, c’est Jésus-Christ victime qui va dans quelques instants renouveler son sacrifice sur la croix. Et si nous le faisons par avance, c’est qu’on ne peut pas dire tout en une seule fois on ne peut pas tout dire au moment de la consécration ; il y a donc une certaine anticipation.
Dans le nouveau rite, l’offertoire catholique ou l’offrande est supprimé. Mais, par deux courtes prières, on offre le pain et le vin, le pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; le vin, fruit de la vigne et du travail des hommes. On remplace l’offrande de la victime par l’offrande de dons naturels.
Après la suppression de l’offertoire, suppression du canon. Le canon est remplacé par quatre prières charismatiques au choix. Le prêtre choisit l’une ou l’autre de ces prières eucharistiques. La plus traditionnelle, ou la moins hétérodoxe, est la première et il est vrai que si on met cette prière en parallèle avec le canon que nous connaissons, on s’y retrouve à peu près. Simplement on remarque d’un coup d’œil qu’il a été appauvri, beaucoup de suppressions, mais on suit à peu près le mouvement de cette prière. Il est cependant mutilé de plusieurs façons, en particulier tout ce qui va faire précisément référence au sacrifice.
Les paroles de la consécration sont conservées ; en revanche, elles sont dites sur le ton narratif, alors que dans le rite traditionnel, elles sont dites sur le ton intimatif : le prêtre s’arrête, s’incline et prononce les paroles consécratoires, qui renouvellent le sacrifice du Christ ; cet aspect consécratoire et sacrificiel est gommé dans le nouveau rite.
La première prière eucharistique est là pour permettre l’acceptation des trois autres, qui n’ont rien de catholique. Elle est là pour que les conservateurs acceptent ces trois autres prières, dans lesquelles il n’y a plus de référence au sacrifice de Jésus-Christ et à l’expiation des péchés. Il y a une seule fois le mot de sacrifice, dans la prière eucharistique numéro 3, et c’est dans le sens très large et très vague, qu’acceptent les protestants, d’un sacrifice d’action de grâce et de louange.
Donc, suppression de la notion de sacrifice, en particulier de sacrifice propitiatoire, pour l’expiation des péchés.
Ensuite, après cette destruction de l’offertoire et du canon, je mentionne rapidement trois autres points. Premièrement, la suppression des signes de croix, si nombreux durant l’offertoire et le canon, qui indiquent que nous assistons au sacrifice de Jésus-Christ et que nous offrons le Corps et le Sang de Jésus, offerts sur la croix le Vendredi Saint.
Deuxièmement, une promotion de ce qu’ils appellent la « liturgie de la parole », c’est-à-dire de la première partie de la messe, pour mettre en avant la Sainte Écriture, à tel point que les lectures occupent une place disproportionnée dans les célébrations modernes, au détriment de l’aspect sacrificiel de la messe.
Troisièmement, la table remplace l’autel. La table sert à un repas, l’autel sert au sacrifice. Ici encore, nous avons manifestement une intention de mettre de côté le Sacrifice de Notre-Seigneur.
Pour toutes ces raisons, le nouveau rite n’est pas acceptable ; il est mauvais parce qu’il est œcuménique.
L’ensemble des signes (un rite est un ensemble de signes liturgiques) n’est pas bon, il exprime une foi hétérodoxe, qui n’est pas la foi catholique. Le rite moderne est ambigu, et c’est pour cela que les protestants ont reconnu que le nouveau rite pouvait être utilisé par eux. C’est ce dont a témoigné Max Thurian, de Taizé, qui a participé à l’élaboration de cette nouvelle messe (six pasteurs protestants ont participé à l’élaboration du nouveau rite) ; des communautés non catholiques, selon lui, des communautés protestantes pourraient célébrer célébrer la cène avec les mêmes prières que l’Église catholique, avec les prières du rite de 69. Cela, poursuit-il, était impossible auparavant, car dans la messe traditionnelle, l’accent mis par le canon Romain sur la notion de sacrifice faisait problème au niveau œcuménique. Il fallait donc gommer l’aspect sacrificiel de la messe.
La nouvelle messe n’est donc pas bonne à cause de cette intention œcuménique, à cause de son rite ambigu. Pour approfondir ces questions-là, vous pourrez consulter en particulier le Catéchisme catholique de la crise de l’Église, dont un chapitre est consacré à la nouvelle messe.
Pour terminer, quelle doit être notre réponse ?
Notre réponse consiste tout d’abord à refuser la nouvelle messe, à ne pas y assister, parce que c’est un rite ambigu ; il est donc mauvais. Il ne plaît pas à Dieu. On ne rend pas à Dieu le culte qui lui est dû par un rite mauvais et ambigu. Il n’est donc pas permis d’assister activement à la nouvelle messe. L’assistance active signifie que l’on participe aux prières, aux chants, que l’on communie et que l’on a l’intention de rendre un culte à Dieu par ce rite, par ces prières, par sa participation. Cela n’est pas permis.
Quelqu’un pourrait dire : « Si la messe à laquelle j’assiste est valide, quel est le problème ? Je connais bien le prêtre, c’est un bon prêtre, il a la foi, j’en suis certain, pourquoi donc ne pourrais-je pas assister à sa messe ? » Cela n’est pas permis, parce que le rite qu’il utilise est un rite ambigu, qui ne plaît pas à Dieu. Il faut distinguer entre la validité et la licéité. La messe peut être valide, elle sera toujours illicite et donc mauvaise.
Notre réponse consiste ensuite à nous attacher plus profond à la véritable messe. Cette messe est l’expression parfaite de notre foi, elle est l’expression de tout notre amour pour le bon Dieu. Cette messe nourrit notre foi, la protège, et développe en nous l’amour de Dieu. C’est par elle que nous devons nous sanctifier. Le Saint Curé d’Ars a converti sa paroisse d’abord par l’assistance à la messe. Quand il est arrivé à Ars, il n’y avait presque personne qui assistait à la messe. Le fond de son apostolat a été de détacher les âmes des choses de la terre, pour les diriger vers l’autel. Ce sera la même chose pour nous : nous nous sanctifierons, comme les paroissiens d’Ars, par l’assistance fervente et intelligente à la Sainte Messe, qui nous a été donnée par Seigneur pour nous unir à la Croix de Jésus-Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Fr Cassien-Marie +, ofm
Morgon, dimanche 21 avril 2024, troisième dimanche après Pâques
Version audio du sermon :
Antoine de Fleurance
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