Messe du samedi de la deuxième semaine de Carême

De la férie : Messe du samedi de la deuxième semaine de Carême

La Station est à l’Église des saints Pierre et Marcellin, célèbres martyrs de Rome sous la persécution de Dioclétien, et dont les noms ont l’honneur d’être inscrits au Canon de la Messe. Les deux enfants de Jacob nous manifestent à leur tour la suite des jugements de Dieu sur Israël et sur la gentilité ; et l’initiation de nos Catéchumènes poursuit son cours. Voici deux frères, l’aîné et le plus jeune. Ésaü est le type du peuple juif : il possède le droit d’aînesse, et la plus haute destinée l’attend ; Jacob, né après lui, quoique d’un même enfantement, n’a pas le droit de compter sur la bénédiction réservée à l’aîné : il figure la gentilité. Cependant, les rôles sont changés : c’est Jacob qui reçoit cette bénédiction, et son frère en est frustré. Que s’est-il donc passé ? Le récit de Moïse nous l’apprend. Ésaü est un homme charnel ; ses appétits le dominent. La jouissance qu’il attend d’un mets grossier lui a fait perdre de vue les biens spirituels attachés à la bénédiction de son père. Dans son avidité, il cède à Jacob pour un plat de lentilles les droits sublimes que lui confère son aînesse. Nous venons de voir comment l’industrie d’une mère servit les intérêts de Jacob, et comment le vieux père, instrument de Dieu sans le savoir, confirma et bénit cette substitution dont il avait ignoré l’existence. Ésaü, de retour auprès d’Isaac, comprit l’étendue de la perte qu’il avait faite ; mais il n’était plus temps ; et il devint l’ennemi de son frère. C’est ainsi que le peuple juif, livré à ses idées charnelles, a perdu son aînesse sur les Gentils. Il n’a pas voulu suivre un Messie pauvre et persécuté ; il rêvait triomphes et grandeurs mondaines, et Jésus ne promettait qu’un royaume spirituel. Israël a donc dédaigne ce Messie ; mais les Gentils l’ont reçu, et ils sont devenus les aînés. Et parce que le peuple juif ne veut pas reconnaître cette substitution qu’il a cependant consentie, au jour où il criait : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » : maintenant il voit avec dépit que toutes les faveurs du Père céleste sont pour le peuple chrétien. Les enfants d’Abraham selon la chair sont déshérités à la vue de toutes les nations, tandis que les enfants d’Abraham par la foi sont manifestement les fils de la promesse, selon la parole du Seigneur à cet illustre Patriarche : « Je multiplierai ta race au-dessus des étoiles du ciel et des sables de la mer et toutes les nations seront bénies en celui qui sortira de toi. » C’est ici encore le mystère que nous venons de reconnaître tout à l’heure dans le récit de la Genèse.

Deux frères sont en présence, et l’aîné se plaint du sort que la bonté du père a fait au plus jeune. Celui-ci s’en est allé dans une région lointaine, il a fui loin du toit paternel, afin de s’abandonner plus librement à ses désordres : mais quand il s’est vu réduit à la plus extrême disette, il s’est ressouvenu de son père, et il est venu solliciter humblement la dernière place dans cette maison qui aurait dû être un jour la sienne. Le père a accueilli le prodigue avec la plus vive tendresse : non seulement il lui a pardonné, mais il lui a rendu tous ses droits de fils. Il a fait plus encore : un festin a été donné pour célébrer cet heureux retour ; et c’est toute cette conduite du père qui excite la jalousie du frère aîné. Mais c’est en vain qu’Israël s’indigne contre la miséricorde du Seigneur : l’heure est venue où la plénitude des nations va être convoquée pour entrer au bercail universel. Si loin que leurs erreurs et leurs passions aient entraîné les Gentils, ils entendront la voix des Apôtres. Grecs et Romains, Scythes et barbares, tous, frappant leurs poitrines, accourront demandant à être admis en participation des faveurs d’Israël. Mais on ne leur donnera pas seulement les miettes qui tomberont de la table, comme le demandait la Chananéenne ; ils seront admis sur le pied d’enfants légitimes et honorés. Les plaintes envieuses d’Israël ne seront pas reçues. S’il refuse de prendre part au banquet, la fête ne s’en célébrera pas moins. Or, cette fête, c’est la Pâque ; ces enfants rentrés nus et exténués dans la maison paternelle, ce sont nos Catéchumènes, sur lesquels le Seigneur s’apprête à répandre la grâce de l’adoption. Mais ces enfants prodigues qui viennent se mettre à la merci de leur père offensé, sont aussi les Pénitents publics dont l’Église, en ces jours, préparait la réconciliation. Ce passage de l’Évangile a été choisi pour eux aussi bien que pour les Catéchumènes.

L’Église, qui s’est relâchée de sa sévère discipline, propose aujourd’hui cette parabole à tous les pécheurs qui se disposent à faire leur paix avec Dieu. Ils ne connaissaient pas encore l’infinie bonté du Seigneur qu’ils ont abandonné : qu’ils apprennent aujourd’hui combien la miséricorde l’emporte sur la justice dans le cœur de celui qui « a aimé le monde jusqu’à lui donner son propre Fils unique ». Quelque lointaine qu’ait été leur fuite, quelque profonde qu’ait été leur ingratitude, tout est préparé, dans la maison paternelle, pour fêter leur retour. Le père tendre qu’ils ont quitté attend à la porte, prêt à courir au-devant d’eux pour les embrasser ; leur première robe, la robe de l’innocence, va leur être rendue ; l’anneau que portent seuls les enfants de la maison ornera de nouveau leur main purifiée. La table du festin est dressée pour eux, et les Anges vont y faire entendre les mélodies célestes. Qu’ils crient donc du fond de leur cœur : « O Père, j’ai péché contre le Ciel et contre vous ; je ne mérite plus d’être appelé votre fils ; traitez-moi comme l’un de vos mercenaires. » Le regret sincère de leur égarement passé, l’humilité de l’aveu, la ferme résolution d’être désormais fidèles : ce sont là les seules et faciles conditions que le père exige de ses prodigues pour en faire les fils de sa prédilection.

Saint Simplice, Pape, deux mars
Il envoya un peu partout des prêtres pour combattre l’hérésie arienne.

Sanctoral

Saint Simplice, Pape († 483)

Saint Simplice, originaire de la région de Tivoli, fut Pape de 468 à 483. Il fut élu pape à une période d’incessantes invasions barbares qui n’épargnèrent que le Vatican. C’est en 476, sous son pontificat, que survint la chute de l’Empire romain. Le schisme qui s’ensuivit conduisit à la fondation de nouvelles Églises en Orient. Mais pour les mêmes raisons, son importance et son influence s’accrurent en Occident. Il passa la plus grande partie de ses 15 années de pontificat à combattre le monophysisme. Avec l’aide de l’empereur Zénon, il fit reconnaitre l’autorité du concile de Chalcédoine et rétablir sur le siège d’Alexandrie et sur celui d’Antioche les évêques catholiques qui en avaient été chassés par les eutychiens en 451. Saint Simplice réorganisa le patrimoine de l’Église, réglant notamment la distribution des offrandes aux pauvres. Il envoya un peu partout des prêtres pour combattre l’hérésie arienne.

Bienheureuse Agnès de Prague, Vierge, Clarisse, deux mars
La dévotion à son égard, qui existe depuis des temps immémoriaux, a reçu la sanction apostolique du pape Pie IX.

Bienheureuse Agnès de Prague, Vierge, Clarisse

À la veille de la fête de la sainte vierge et martyre Agnès, en 1205, une fille est née du roi de Bohême, Primislaus Ottokar I. Sainte Agnès de Prague, elle a également reçu le nom d’Agnès au baptême. Sa mère, qui était une tante de sainte Elisabeth de Hongrie, se réjouit lorsqu’elle remarqua un admirable sérieux chez son enfant. Parfois, elle voyait sainte Agnès de Prague croiser ses petites mains en forme de croix, puis, comme absorbée par une profonde dévotion, elle restait tranquille. Selon la coutume de l’époque, la fille du roi était fiancée à l’âge de trois ans au fils du duc de Silésie et fut donc envoyée au couvent silésien de Trebnitz, où sainte Edwige était alors supérieure, pour y être y a fait ses études. Son fiancé mourut au bout de trois ans et sainte Agnès de Prague fut alors emmenée au couvent de Doxan en Bohême, où les graines de sainteté semées par sainte Edwige poussèrent merveilleusement. L’enfant semblait destiné à l’Epoux céleste plutôt qu’à l’Epoux terrestre ; mais les monarques terrestres renouvelèrent leur demande pour sa main.

L’empereur Frédéric II souhaitait faire de Sainte Agnès de Prague l’épouse de son fils et successeur au trône, Henri, et Agnès, qui était maintenant une jeune femme mûre, fut envoyée à la cour de l’empereur allemand. Mais lorsque l’union avec Henri échoua à la suite des prières de la vierge, le roi Henri III d’Angleterre chercha sa main en mariage, et finalement même l’empereur Frédéric II lui-même, dont l’épouse était décédée entre-temps. Toutes les oppositions soulevées par sainte Agnès de Prague, qui désirait appartenir entièrement au Divin Époux, semblaient vaines. Elle supplie alors le pape Grégoire IX d’intervenir et obtient ainsi sa liberté. L’empereur se déclara satisfait puisqu’Agnès lui choisit non pas un être humain mais le Dieu du ciel. Mais maintenant, Agnès s’efforçait d’embrasser l’état religieux afin de réaliser son union avec le Divin Époux. La renommée des couvents de Clarisses avait atteint la Bohême et Agnès résolut, avec l’aide de son frère, qui était entre-temps monté sur le trône royal, de fonder un couvent de Clarisses dans la capitale Prague. Le pape Grégoire donna joyeusement son consentement et, sur son ordre, sainte Claire envoya à Prague cinq sœurs du couvent Saint-Damien d’Assise. Agnès et sept autres jeunes femmes des plus hauts rangs de la société entrèrent dans le nouveau couvent avec ces sœurs.

En peu de temps, Agnès se distingua parmi eux comme un modèle de vertu ; dans la ferveur dans la prière, dans l’obéissance, dans la discipline religieuse, dans le renoncement et dans l’humilité. L’ordre du pape d’accepter le poste d’abbesse fut une grande épreuve pour son humilité ; cependant, elle a obtenu la permission de ne pas porter le titre, mais plutôt d’être connue sous le nom de « sœur aînée ». Un saint zèle, semblable à celui de sa sainte mère Sainte Claire, caractérisait sa vigilance à l’égard de l’observance de la sainte pauvreté ; elle refusa les cadeaux royaux que lui envoyait son frère et ne tolérait qu’une sœur possède quoi que ce soit de nature personnelle. Dieu l’a bénie avec le don de miracles ; elle a rappelé à la vie la fille décédée de son frère. Enrichie de mérites célestes, elle quitta cette vie en odeur de sainteté, pour entrer en union éternelle avec son divin Époux, le 6 mars 1282, après l’avoir servi quarante ans dans l’état religieux. La dévotion à son égard, qui existe depuis des temps immémoriaux, a reçu la sanction apostolique du pape Pie IX, et sa fête, célébrée depuis longtemps à Prague le 2 mars, a été étendue à tout l’ordre franciscain.

Bienheureux Henri Suzo, Religieux Dominicain, deux mars
! » Rien de plus admirable que la manière dont il sanctifiait ses actions !

Bienheureux Henri Suzo, Religieux Dominicain (1300-1365) 

Le bienheureux Henri Suzo naquit en Souabe. Dès son jeune âge, il entendit la voix de Dieu et s’ensevelit à treize ans dans un couvent de Dominicains. Les premières années de sa vie religieuse furent caractérisées par des hésitations continuelles dans le service de Dieu; le démon tourmenta son coeur par la pensée des plaisirs et des vanités du monde, mais la grâce l’aida à triompher de tous ces pièges. Henri Suzo avait dix-huit ans quand la lumière se fit dans son âme. Un jour, il entendit lire ces paroles de Salomon: La Sagesse est plus éclatante que le soleil, Elle est plus belle que l’harmonie des Cieux. Aussi je L’ai aimée dès mon enfance, je suis l’adorateur de Ses charmes. A dater de ce jour, plus que jamais il aima la divine Sagesse, dont le nom seul faisait éclater ses transports: « Mon coeur est jeune et ardent, se disait-il, il est porté à l’amour; il m’est impossible de vivre sans aimer; les créatures ne sauraient me plaire et ne peuvent me donner la paix; oui, je veux tenter fortune et gagner les bonnes grâces de cette divine et sainte Amie, dont on raconte des choses si admirables et si sublimes! » Peu de Saints ont eu pour Jésus un amour plus vif et plus tendre. Un jour, il prit un canif, et, l’amour guidant sa main, il se lacéra la poitrine avec le tranchant, jusqu’à ce qu’il eût formé les lettres du saint nom de Jésus sur son coeur.

Alors il s’écria: « O amour unique de mon coeur et de mon âme! Ô mon Jésus! Voyez donc l’ardeur de ma passion pour Vous; je Vous ai imprimé dans ma chair, mais je voudrais aller jusqu’au centre de mon coeur; gravez-y Vous-même Votre saint nom avec des lettres éternelles qui ne s’effacent jamais! » Rien de plus admirable que la manière dont il sanctifiait ses actions: à table il s’imaginait être à côté de Jésus et reposer parfois sur Sa poitrine; il offrait sa nourriture, il présentait son verre à Jésus-Christ; le peu qui lui était nécessaire pour étancher sa soif, il le prenait à cinq fois, pour honorer les cinq plaies du Sauveur; à chaque bouchée, il s’occupait à quelque sainte pensée. Sa vie entière fut un continuel ravissement, une perpétuelle jubilation d’amour.

Martyrologe 

A Rome, sur la voie Latine, les saints martyrs Jovin et Basilée, qui souffrirent sous les empereurs Valérien et Gallien.

A Rome encore, de nombreux saints martyrs, qui, sous l’empereur Alexandre et le préfet Ulpien, furent longtemps tourmentés et finalement condamnés à la peine capitale.

A Césarée de Cappadoce, les saints martyrs Lucius évêque, Absalon et Lorge.

A Porto, les saints martyrs Paul, Héracléas, Secondille et Janvière.

En Campanie, la commémoraison de quatre vingts bienheureux martyrs, qui refusèrent de manger la chair offerte aux idoles et d’adorer une tête de chèvre; pour ce motif ils furent cruellement mis à mort par les Lombards.

A Lichfield, en Angleterre, saint Céadde évêque des Merciens et de Lindisfarne. Saint Bède le Vénérable décrit ses éclatantes vertus.

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