De la Sainte Vierge au samedi : messe Salve sancta parens
Sanctoral
Saint Alexis, Confesseur, Pèlerin et Mendiant
Alexis, Romain de très noble origine, poussé par un vif amour de Jésus-Christ, et docile à un avertissement divin tout particulier, partit le premier soir de ses noces laissant son épouse vierge, et entreprit à travers le monde le pèlerinage des plus célèbres sanctuaires. Pendant ces voyages, il resta dix-sept ans inconnu, jusqu’au jour où une image de la sainte Vierge Marie divulgua son nom. C’était à Édesse, en Syrie. Ayant pris la mer pour s’éloigner, il aborda au port Romain et fut reçu chez son père, à titre de pauvre étranger. Il vécut dix-sept ans sous le toit paternel sans être connu de personne. Mais, en mourant, il laissa par écrit, avec l’indication de son nom et de sa naissance, le récit abrégé de toute sa vie. Il passa de la terre au ciel, sous le Pontificat d’Innocent 1er.
Saint Alexis fut un rare modèle de mépris du monde. Fils unique d’un des plus illustres sénateurs de Rome nommé Euphémien, il reçut une éducation brillante et soignée. L’exemple de ses parents apprit au jeune Alexis que le meilleur usage des richesses consistait à les partager avec les pauvres. Cédant aux désirs de sa famille, le jeune Alexis dut choisir une épouse. Mais le jour même de ses noces, se sentant pénétré du désir d’être uniquement à Dieu et de L’aimer sans partage, il résolut de s’enfuir secrètement, s’embarqua sur un vaisseau qui se dirigeait vers Laodicée, et gagna la ville d’Edesse. Là, distribuant aux indigents tout ce qui lui restait d’argent, il se mit à mendier son pain. Il passait la plus grande partie de son temps à prier sous le portail du sanctuaire de Notre-Dame d’Edesse, devant une image de la Vierge. Après dix-sept années passées dans l’abjection et l’oubli le plus total, il plut à Marie de glorifier Son serviteur par un éclatant miracle. Un jour, comme le trésorier de l’église passait sous le porche, l’image de Notre-Dame s’illumina d’une clarté soudaine. Frappé de ce merveilleux spectacle, le trésorier se prosterna devant la Madone. La Très Sainte Vierge lui montra Alexis et lui dit: «Allez préparer à ce pauvre un logement convenable. Je ne puis souffrir qu’un de Mes serviteurs aussi dévoué soit délaissé de la sorte.» La nouvelle de cette révélation se répandit aussitôt dans la ville. L’humilité du Saint s’alarma devant les témoignages de vénération dont il était devenu subitement l’objet. Il quitta donc la ville d’Edesse pour se rendre à Tarse, mais une tempête poussa l’embarcation sur les rivages d’Italie. L’Esprit-Saint lui inspira l’idée de retourner à Rome, sa ville natale, et de mendier une petite place dans la maison paternelle. A la requête de l’humble pèlerin, le sénateur Euphémien consentit à le laisser habiter sous l’escalier d’entrée de son palais, lui demandant, en reconnaissance de ce bienfait, de prier pour le retour de son fils disparu. Saint Alexis vécut inconnu, pauvre et méprisé, à l’endroit même où il avait été entouré de tant d’estime et d’honneurs. Tous les jours, il voyait couler les larmes du vieux patricien, il entendait les soupirs d’une mère inconsolable et entrevoyait cette noble fiancée dont la beauté s’était empreinte d’une indicible tristesse. Malgré ce déchirant spectacle, saint Alexis eut le courage surhumain de garder son secret et de renouveler perpétuellement son sacrifice à Dieu. Ce Saint, plus qu’admirable, demeura dix-sept nouvelles années dans le plus complet oubli, vivant caché sous les marches de cet escalier que tous gravissaient pour entrer dans une maison qui était la sienne, en sorte qu’il semblait foulé aux pieds de tous. Avec une humilité consommée, il subit sans jamais se plaindre, les odieux procédés et les persécutions des valets qui l’avaient servi autrefois avec tant de respect et d’égards. Saint Alexis passa donc trente-quatre ans dans une âpre et héroïque lutte contre lui-même. Ce temps écoulé, Dieu ordonna à Son serviteur d’écrire son nom et de rédiger l’histoire de sa vie. Alexis comprit qu’il allait mourir bientôt, et obéit promptement. Le dimanche suivant, au moment où le pape Innocent Ier célébrait la messe dans la basilique St-Pierre de Rome, en présence de l’empereur Honorius, tout le peuple entendit une voix mystérieuse qui partait du sanctuaire: «Cherchez l’homme de Dieu, dit la voix, il priera pour Rome, et le Seigneur lui sera propice. Du reste, il doit mourir vendredi prochain.» Durant cinq jours, tous les habitants de la ville s’épuisèrent en vaines recherches. Le vendredi suivant, dans la même basilique, la même voix se fit entendre de nouveau au peuple assemblé: «Le Saint est dans la maison du sénateur Euphémien.» On y courut, et on trouva le pauvre pèlerin, qui venait de mourir. Quand le Pape eu fait donner lecture du parchemin que le mort tenait en sa main, ce ne fut de toutes parts, dans Rome, qu’un cri d’admiration. Innocent Ier ordonna d’exposer le corps de saint Alexis à la basilique St-Pierre, pendant sept jours. Ses funérailles eurent lieu au milieu d’un immense concours de peuple.
Les Bienheureuses Carmélites de Compiègne, Martyres
Le monastère de Compiègne fut établi en 1641. Lorsque Madame Louise de France, fille de Louis XV, eut obtenu la permission d’entrer au Carmel, elle eût voulu entrer dans cette maison; mais le roi s’y opposa. Elle choisit alors un monastère plus rapproché de Versailles, celui de Saint-Denis; mais elle resta dévouée à celui de Compiègne, et lui procura des sujets. C’est ainsi qu’elle y envoya Madeleine Lidoine et lui paya sa dot. En reconnaissance celle-ci voulut prendre le nom de religion de sa bienfaitrice: Sœur Thérèse de Saint-Augustin. Elle devint prieure après dix ans de profession et mourut martyre. En 1789 elle se trouvait donc à la tête de la communauté de Compiègne qui comptait seize religieuses de chœur. Le 5 février 1790, l’Assemblée Nationale votait la suppression des monastères, et le 13, la suppression des vœux de religion. Le 20 mars suivant, elle ordonnait aux municipalités de s’enquérir auprès des religieux habitant leurs communes respectives, de leur intention de rester dans leur couvent ou d’en sortir. Les Carmélites de Compiègne, professe et converses, protestèrent unanimement qu’elles voulaient «vivre et mourir dans leur état». On les laissa continuer à vivre dans leur pauvreté jusqu’au 14 septembre 1792, où en vertu d’une loi de l’Assemblée, ces saintes filles furent expulsées de leur maison et durent se disperser. En même temps qu’elles étaient chassées de leur monastère, elles furent mises en demeure de signer le serment dit de «Liberté et Egalité». La Prieure déclara, au nom de ses Sœurs, qu’elles ne voulaient pas le prêter; néanmoins le maire, à l’aide d’un subterfuge, réussit à leur arracher une signature, qu’elles rétractèrent en juin 1794. La vie continua ainsi: plusieurs professes étaient mortes, quelques autres étaient rentrées provisoirement dans leurs familles. Il en restait encore seize qui persévéraient malgré tout. Sur l’invitation de leur prieure, elles firent un acte de consécration, par lequel elles s’offraient en holocauste pour apaiser la colère de Dieu et obtenir que la paix fût rendue à l’Église de France. Deux cependant, les plus âgées, eurent un moment d’effroi à l’image de la guillotine; mais bientôt, se reprenant, elles s’associèrent de plein cœur à leurs sœurs qui refaisaient cet acte de consécration chaque jour. Le 22 juin 1794, le Comité Révolutionnaire de Murat-sur-Oise (c’est-à-dire de Compiègne), emprisonnait les Carmélites et les dénonçait au Comité du Salut public. Celui-ci ordonna de les expédier à Paris. Sur tout le parcours, ces saintes femmes furent lâchement abreuvées d’insultes et de brutalités provoquées par leurs conducteurs. L’une d’elles, âgée de soixante-dix-sept ans, et infirme, ne pouvant descendre de la charrette, fut jetée sur le sol. On dut la relever; elle remercia: «je vous remercie de ne m’avoir pas tuée, car j’aurais manqué au bonheur du martyre que j’attends.» Elles furent jugées le 17 juillet; il n’y eut qu’un simulacre d’audience, dont il n’est resté que la liste des condamnées. De là elles furent conduites directement à l’échafaud. Sur les charrettes, les Carmélites chantèrent le «Salve Regina» et le «Te Deum». Arrivées au lieu d’exécution, elles se groupent autour de la Prieure, et ensemble renouvellent leurs vœux. Puis, la plus jeune, la novice sœur Constance, s’agenouille, demande sa dernière obédience, celle de mourir. Et, bénie, elle se livre au bourreau. La dernière, Mère Thérèse de Saint-Augustin, inclina la tête sous le couperet. Quelle sublime grandeur dans la simplicité et la mort de ces héroïques femmes! Elles furent béatifiées par saint Pie X le 27 mai 1906.
Martyrologe
A Rome, saint Alexis, fils du sénateur Euphémien. La première nuit de ses noces, il s’enfuit de sa maison, laissant son épouse vierge; revenu dans la Ville après de longs voyages, il fut reçu comme un pauvre dans la demeure de son père et y resta inconnu pendant dix-sept ans, déjouant ainsi le monde par cette industrie nouvelle. Après sa mort cependant, il fut reconnu, par une voix entendue en plusieurs églises de la Ville et par un billet écrit de sa main. Sous le pontificat d’Innocent Ier, son corps fut transporté avec les plus grands honneurs dans l’église de saint Boniface, où il opéra un grand nombre de miracles.
A Carthage, l’anniversaire des saints martyrs scillitains: Spérat, Narzale, Cythin, Véture, Félix, Acyllin, Létance, Janvière, Généreuse, Vestine, Donate et Seconde. Dès leur première profession de christianisme, ils furent, par arrêt du préfet Saturnin, jetés en prison, cloués à des poteaux, et ensuite décapités. Les reliques de Spérat, avec les ossements de saint Cyprien et le chef de saint Pantaléon martyr, furent transférées d’Afrique en France, et placées avec honneur dans la basilique de saint Jean Baptiste à Lyon.
A Amastris, en Paphlagonie, saint Hyacinthe martyr, qui, après avoir beaucoup souffert sous le préfet Castrice, expira en prison.
A Tivoli, saint Généreux martyr.
A Constantinople, sainte Théodote martyre, sous Léon l’Iconoclaste.
A Rome, la mise au tombeau du pape saint Léon IV.
A Pavie, saint Ennode, évêque et confesseur.
A Auxerre, saint Théodose évêque.
A Milan, sainte Marcelline vierge, sœur de l’évêque saint Ambroise. Elle reçut à Rome, dans la basilique de saint Pierre, le voile de sa consécration des mains du pape Libère. Le bienheureux Ambroise a, dans ses écrits, rendu témoignage de sa sainteté.
A Venise, la translation de sainte Marine vierge.
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