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Salve Regina – Homélie de Mgr Viganò pour la fête de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse et Toujours Vierge Marie

Salve, Regina. Par ces paroles commence l’une des prières les plus remplies de doctrine et de spiritualité, et en même temps que des plus chères au peuple chrétien. C’est le salut simple, serein et respectueux, d’une foule immense d’âmes qui, de toutes les parties du monde – et des peines purificatrices du Purgatoire – s’élèvent vers l’Auguste Vierge Mère, Notre Dame, que nous honorons comme Reine en vertu de Sa Maternité divine, des mérites de la Co-rédemption et des privilèges très spéciaux qu’Elle a reçus de la Très Sainte Trinité, en vue de l’Incarnation. À ces voix s’ajoutent celles des Hiérarchies angéliques et des Saints, qui, de leur demeure de gloire, célèbrent Celle qui, par-dessus toutes les créatures, a été choisie pour être le Tabernacle du Très-Haut, l’Arche de l’Éternelle Alliance dans laquelle est conservée la plénitude de la Loi, le Pain de Vie, le sceptre du nouvel Aaron, l’huile de l’Onction royale et sacerdotale. La Très Sainte Vierge Marie est aussi Regina Crucis : Sa Royauté, sur le modèle de la Seigneurie du Christ, a été conquise dans la co-Passion et couronnée dans la Co-rédemption, car il ne peut y avoir la gloire de la victoire sans auparavant gravir le Calvaire. Ceux qui ne reconnaissent pas la Très Sainte Vierge Marie comme Reine et Dame, ne reconnaissent pas Jésus-Christ comme Roi ; et ne peut espérer avoir part au banquet du Souverain qui n’honore pas Sa Mère.

Mater misericordiæ. La Très Sainte Vierge est la Mère de la Miséricorde Divine incarnée ; Mère de Celui que le Père, par miséricorde, a voulu comme notre Rédempteur. Elle est la Mère de la miséricorde parce que Son Fils, Notre Seigneur, L’a voulue Corédemptrice et Médiatrice de toutes les Grâces. Non seulement les fidèles – qui l’invoquent comme Auxilium Christianorum – mais aussi la Sainte Église, qui La vénère comme sa Mère et sa Reine, se confient à son intercession miséricordieuse. Dans cette terrible éclipse qui obscurcit l’Épouse de l’Agneau et la remplace par une contrefaçon hérétique, invoquons Celle qui seule a vaincu toutes les hérésies dans le monde entier – quæ sola cunctas hæreses interemisti in universo mundo, récite la Liturgie – afin qu’Elle nous donne force et persévérance, hâte le triomphe de l’Église du Christ et détruise les desseins infernaux de l’Adversaire et de ses serviteurs, intérieurs et extérieurs. La crise qui afflige le corps ecclésial ne pourra être guérie que lorsque la Hiérarchie retournera aux pieds de la Mère de Miséricorde et de la Regina Crucis.

Vita, dulcedo, et spes nostra : salve. La Bienheureuse Vierge Marie est notre Vie : par Elle, le Fils de Dieu a assumé notre nature humaine, S’incarnant dans Son sein virginal et s’asseyant sur le Trône Immaculé de sa Très Sainte Conception, miracle sublime de la Très Auguste Trinité. Elle est notre douceur, parce qu’en Elle nous trouvons au plus haut degré l’exemple de ces vertus que notre humanité corrompue par le péché originel ne pourra jamais égaler, tout d’abord en tant que Mère de Dieu, Mère du Christ et notre Mère en Lui. Son amour de Mère, ainsi que Sa pureté virginale sans tache et Son humilité, font de la Sainte Vierge la créature la plus haïe et la plus redoutée de Satan, capable seulement de donner la mort au corps et à l’âme précisément parce qu’il est incapable, par orgueil, d’aimer Dieu et de se conformer à Sa volonté. Avec Son talon, la Virgo Potens écrasera la tête de l’ancien Serpent, tout comme Notre Seigneur exterminera l’Antéchrist et le lignage maudit de Satan. Le triomphe apparent des méchants et la trahison de la Hiérarchie conciliaire et synodale ne doivent pas nous priver de la paix intérieure qui vient de notre consécration à la spes nostra.

Ad te clamamus, exsules filii Hevæ. Ad te suspiramus, gementes et flentes, in hac lacrimarum valle. Nous sommes enfants de la colère, nés dans le péché à cause de la faute de nos Premiers Parents, nés dans la douleur, enclins au mal, à la souffrance, à la mort, tant qu’esclaves du monde, de la chair et du diable. Mais si Adam est tombé à cause d’une femme, et avec lui toute l’humanité, à cause de la Femme couronnée d’étoiles, la Nouvelle Eve, le Nouvel Adam, Jésus-Christ, est venu dans le monde pour nous racheter par sa Passion et sa Mort. C’est pourquoi, dans le Salve Regina, nous sommes certains qu’en nous reconnaissant exsules filii Hevæ – enfants d’Eve chassés de leur patrie – nous pouvons avoir confiance que la Très Sainte Vierge Marie, Janua cœli, nous ouvrira les portes de la Jérusalem céleste, à nous aussi, Ses enfants dans l’ordre de la Grâce. C’est donc vers Elle que s’élèvent nos gémissements, nos plaintes, nos larmes : parce que nous sommes dans une vallée de larmes à cause de l’éloignement de la Patrie céleste dans laquelle tous nos souhaits, tous nos désirs se réalisent en Dieu. Malheur à nous, si nous devions considérer notre pèlerinage terrestre non pas comme une phase provisoire de passage vers l’éternité, mais comme notre but : parce qu’à cet instant nous ne nous reconnaîtrions plus nous-mêmes exsules, annulant la Rédemption de notre Sauveur Jésus-Christ et la Corédemption de la Vierge Mère. Malheur à nous si nous ne nous reconnaissions pas filii Hevæ, car s’il n’y avait pas de faute à expier, pas d’offense à réparer, il n’y aurait pas besoin d’un Rédempteur pour nous racheter, ni d’une Mère pour enfanter l’Emmanuel. Dans un monde vendu au Malin qui célèbre la mort de l’âme et du corps, dans une église contrefaite qui suit le monde dans sa danse macabre vers l’abîme, gardons la Très Sainte Vierge Marie comme notre étoile, et invoquons d’Elle la Grâce de la persévérance finale.

Eja, ergo, Advocata NOSTRA: illos tuos misericordes oculos ad nos converte. La Sainte Vierge est notre Avocate auprès du Trône du Fils, de même que le Fils (1 Jn 2, 2) et l’Esprit Saint (Jn 14, 16) sont nos divins Avocats auprès du Trône du Père. C’est Elle, la toute-puissante par Grâce, qui intercède pour notre défense. Et de même que le Père nous pardonne nos fautes par les mérites infinis de Son Fils, de même le Sacré-Cœur du Fils ne reste pas endurci devant les demandes du Cœur Immaculé de la Mère en notre faveur. Et pour que notre espérance ne soit pas déçue, il nous suffit qu’Elle tourne son regard vers nous, ces yeux de miséricorde – misericordes oculos – ces yeux miséricordieux et désireux de faire miséricorde. Non pas la fausse miséricorde de ceux qui nient la faute et la nécessité de la conversion et de la réparation ; non le simulacre hypocrite de mercenaires menteurs et traîtres, mais la vraie Miséricorde, qui est fondée sur la Justice et la Charité.

Et Jesum, benedictum fructum ventris tui, nobis post hoc exsilium ostende. Notre exil douloureux sur cette terre se terminera avec le passage dans l’éternité, lorsque le temps de la Miséricorde prendra fin et que ce sera le temps de la Justice. Ce sera en vertu de notre dévotion à la Très Sainte Vierge Marie au cours de notre vie terrestre que nous pourrons lever notre regard vers le Rex tremendæ majestatis, car sur la balance avec laquelle l’Archange Saint Michel pèse les âmes, il y aura d’une part nos fautes, mais de l’autre notre amour pour la Vierge Mère et Reine, et Sa puissante intercession. Mater mea, fiducia mea! Non pas la confiance illusoire de ceux qui se croient sauvés et pensent que Dieu nous aime tels que nous sommes, mais l’espérance théologale qui nous donne la certitude de l’aide divine pour affronter les épreuves et nous relever lorsque nous tombons. Non pas la confiance de ceux qui défient l’Esprit Saint en empoignant la Vérité révélée, mais l’abandon filial à l’étreinte de la Mater misericordiæ, qui nous présentera devant le Trône de la Majesté divine protégés par son manteau. À Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi et Pontife, nous renouvelons notre profession de Foi, afin que, dans l’éclipse temporaire de Sa Gloire, nous puissions nous rendre dignes d’assister à Son triomphe final.

O clemens. O pia. O dulcis Virgo Maria. Vous, miséricordieuse, encline au pardon et qui punissez avec douceur. Vous, pieuse : compatissante, fidèle, pleine de pitié. Vous, douce Vierge Marie, douce comme Votre étreinte dans laquelle s’éteindra notre vie terrestre, douce comme être à Vos côtés dans la gloire de la Très Sainte Trinité, douce comme le chant que la Sainte Église chante en Votre honneur, sur la terre comme au Ciel. Ainsi soit-il.

Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous. Et qu’il en soit ainsi.

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

8 décembre 2024, In Conceptione Immaculatæ Beatæ Mariæ Virginis

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

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