Interrogé sur l’attaque des gazoducs, le secrétaire d’État américain Tony Blinken a expliqué ce que les États-Unis ont fait pour mettre fin à la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz russe, ajoutant qu’ils se sont engagés à aider les pays du Vieux Continent à trouver des alternatives, déclarant fièrement que « nous sommes désormais le principal fournisseur de GNL en Europe ».
Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est la conclusion de la réponse :
« Après tout, c’est aussi une opportunité extraordinaire. C’est une formidable opportunité de supprimer une fois pour toutes la dépendance énergétique de la Russie et ainsi de retirer l’arme énergétique à Vladimir Poutine comme moyen de faire avancer ses projets impériaux. C’est très important et offre une énorme opportunité stratégique pour les années à venir ».
Le secrétaire d’État américain Blinken a déclaré que le sabotage contre les pipelines #NordStream est une « opportunité formidable » pour « éliminer une fois pour toutes la dépendance à l’énergie russe ».
Oui, une belle opportunité pour le gaz de schiste 🇺🇸 pic.twitter.com/unxBTrFr6l— Carėne Tardy (@Carene1984) October 2, 2022
Piccole Note continue son analyse publiée d’hier sur MPI en soulignant que la destruction de North Stream 2 est un succès indéniable pour les États-Unis indéniable, ayant temporairement subordonné l’Europe à Washington. Pourtant cette subordination des dirigeants européens voués à l’atlantisme sans limite entraine des charges nouvelles et plus lourdes pour les citoyens et clients européens qui ne feront que favoriser le chaos ainsi que « déclencher des problèmes au sein de l’Empire lui-même, si l’appauvrissement du Vieux Continent, plutôt que de servir de moteur aux industries américaines, les entraîne avec lui dans l’abîme (une évolution que les faucons américains ne prennent même pas en compte…). »
Et puis il y a toujours le risque d’une escalade nucléaire :
« Là aussi, les faucons américains, estime le blog italien, affichent une confiance insensée, puisqu’ils croient pouvoir limiter ce risque à la seule Europe (c’est pourquoi ils parlent toujours de « tactique » atomique).
« Mais reste à savoir si la Russie acceptera cette ligne rouge, à savoir qu’il suffit de ne pas frapper l’Amérique pour éviter des représailles en style Armageddon. En fait, Moscou a jusqu’à présent évité que les États-Unis dictent les règles de ce jeu (du massacre). Et il est probable que ce soit aussi le cas en cas d’une éventuelle escalade nucléaire. »
Lors d’une conversation téléphonique avec Blinken, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas l’a qualifié de « petit garçon » (Timesofisrael). Le fait que les destins du monde soient entre les mains de ces enfants n’inspire pas beaucoup de confiance.
Et pendant que ce « petit enfant » se réjouit de l’autre côté de l’Atlantique du sabotage des gazoducs russes, l’Union Européenne se fissure à cause du manque d’énergie pour passer l’hiver. L’Allemagne assume le choix de faire cavalier seul : Olaf Scholz a clarifié les cartes en Europe en annonçant le maxi-plan de 200 milliards d’euros avec lequel l’Allemagne veut réagir sur le plan intérieur à la crise énergétique des prix du gaz. Et cela a suscité l’agacement de Mario Draghi d’une part et un tollé à la Commission européenne. L’annonce par l’Allemagne de ce plan à 200 milliards d’euros pour protéger son économie contre la hausse des prix de l’énergie a suscité vendredi l’inquiétude de certains partenaires européens qui craignent une concurrence déloyale, faute de pouvoir mobiliser de telles sommes.
« Seule une réponse européenne peut protéger notre industrie et nos citoyens », ont écrit lundi Paolo Gentiloni et Thierry Breton, qui dans un discours publié aujourd’hui dans le Frankfurter Allegemeine Zeitung ont critiqué le plan de 200 milliards d’euros lancé par l’Allemagne pour freiner le prix du gaz.
« La Commission sera vigilante quant à l’impact de cette initiative (de Berlin) sur les conditions de concurrence équitable » dans l’UE, a déclaré de son côté le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, interrogé par l’AFP.
« Face aux menaces communes de notre époque, nous ne pouvons pas nous diviser en fonction de la marge de manœuvre de nos budgets nationaux », a affirmé le chef du gouvernement italien sortant, Mario Draghi, dans une critique à peine voilée des annonces de Berlin.
De son côté l’Allemagne se défend de faire cavalier seul : le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a rappellé : « D’autres pays ont également mis en place des paquets pour alléger le fardeau » de leurs ménages et entreprises, a-t-il dit vendredi à la radio allemande Deutschlandfunk, citant l’Espagne et la France.
« Plusieurs grands pays ont pris des mesures nationales, pendant que dans les réunions ils disent qu’il faut travailler ensemble et trouver des solutions au niveau de l’UE », souffle un diplomate européen, sous couvert d’anonymat.
La belle entente européenne face à l’Opération militaire spéciale russe dans les territoires russophones de l’Ukraine s’effrite face au réel : le froid hivernal, le manque d’énergie et le chaos en puissance, toute cette conjoncture dont ils sont les premiers responsables pouvant les entrainer dans un abîme dangereux…
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !