Sa vie pour la mienne, par Julie Grand, chez Artège

Julie Grand travaillait comme agent d’accueil au Super U de Trèbes lorsqu’elle fut prise en otage par un terroriste islamiste le 23 mars 2018. Arrivé sur place, Arnaud Beltrame, colonel de gendarmerie, proposa de prendre la place de Julie. L’échange d’otage couta la vie d’Arnaud Beltrame.

Dans la poignée de secondes qui a bouleversé la vie de Julie Grand se croisent le pire et le meilleur de notre humanité, la haine brute et le don gratuit, la mort attendue et la vie sauvée. Le livre que signe Julie Grand est un condensé d’émotions et de réflexions. C’est aussi le récit d’un cheminement.

Ce livre est également un cri de colère : celui d’une femme qui a subi le voyeurisme, l’indélicatesse et la bêtise des journalistes ; celui d’une femme révoltée par une justice froide comme un formulaire d’indemnisation, incapable d’offrir à ceux qu’elle n’a pas su protéger autre chose qu’une médaille de victime.

Une vie bouleversée

Elle a voulu raconter en détail ce qu’elle a vécu après l’attentat et ses atroces conséquences pour elle et pour sa famille. Elle décrit le parcours du combattant des victimes, écrasées par l’épreuve et enfoncées par une administration implacable et inhumaine. Elle a voulu conclure par une note d’espérance : elle qui était athée « pure et dure » au moment des faits, cette épreuve lui a permis de trouver la Foi.

Julie Grand avait 40 ans au moment de la prise d’otage. Ce 23 mars 2018, Radouane Ladkim commence par tuer deux hommes sur le parking des Aigles de la Cité connu pour être un lieu de rencontres pour homosexuels. Quelques minutes plus tard, il tire sur un escadron de CRS rentrant de son footing matinal et blesse deux hommes. Il se dirige ensuite vers le Super U où travaille Jullie. Il entre, tire, et crie « Allahu Akbar« . Il tue deux personnes. C’est la panique. Julie cherche à se cacher mais il la repère et en fait son otage. Cinq gendarmes armés tentent une intervention. Le terroriste pointe son arme à feu sur le crâne de Julie et place son grand couteau contre les côtes de la jeune femme. La situation est tendue. C’est à ce moment qu’intervient Arnaud Beltrame. Il crie au terroriste de relâcher « la petite dame ». « Je représente l’Etat, prends-moi à sa place », répète-t-il à plusieurs reprises tout en avançant. Le jeune terroriste accepte l’échange. Julie peut sortir. Elle retrouve ses collègues, fait sa déposition, passe par la cellule médico-psychologique qui établit un premier certificat médical après avoir constaté un choc post-traumatique « majeur ». Elle reçoit une carte d’identité de victime. Puis peut retrouver son compagnon et sa fille. Avant de se coucher, elle apprend aux informations qu’Arnaud Beltrame a été blessé. Le lendemain matin, la télévision annonce qu’il est décédé.

Indécent harcèlement des journalistes

L’intrusion indécente de la presse commence avant la cérémonie d’hommage au colonel Beltrame. Elle les décrit comme « une nuée de sauterelles » se ruant dans sa vie. Ils font irruption dans son intimité, dans son village, devant sa porte mais aussi par téléphone, par courrier, par message déposé à la Mairie, avec interrogatoire des commerçants du village. Julie supporte mal ce harcèlement médiatique. Des titres de presse font état de « confidences » qu’elle aurait livrées, alors qu’elle n’a parlé à personne.

Les trois premiers mois, Julie doit mener un marathon fou et enchaîner les rendez-vous pour trouver un psychiatre, un avocat, un psychologue, rencontrer les différents services de l’Etat, le Fonds de garantie, passer la première expertise médico-légale, etc. Les déconvenues et les déceptions vont vite s’accumuler.

Le temps de la conversion

Son couple éclate. Elle doit trouver un nouveau logement, se battre pour la garde de sa fille. Le moral est au plus bas. Elle ouvre enfin les lettres reçues en soutien. Parmi elles, un courrier d’un chanoine de l’abbaye de Lagrasse. Elle s’y rend en voiture avec sa fille. C’est le début de l’éveil à une autre vie. Les signes se multiplient. Elle reçoit de l’institutrice de sa fille une médaille miraculeuse de la rue du Bac. Julie commence à se renseigner, à s’informer, en apprend davantage sur le christianisme et la multiplication des attaques que subit l’Eglise catholique depuis des siècles. Cette grille de lecture vient bousculer son a priori négatif des « cathos ». Elle se sent mieux depuis qu’elle porte cette médaille en fer-blanc représentant la Sainte Vierge écrasant le serpent. Elle écrit à la veuve du colonel Beltrame. Les deux femmes se rencontrent, se comprennent. Julie commence à assister à la Messe, fait la connaissance d’une communauté bienveillante de fidèles et de prêtres. Elle prie Dieu, dépose tout à ses pieds, ses malheurs, ses peines, ses incompréhensions. C’est le début de la remontée. En avril 2023, le jour de Pâques, Julie a été baptisée.

 

Sa vie pour la mienne, Julie Grand, éditions Artège, 176 pages, 16,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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