Une guerre effroyable à nos portes.
Il est affligeant de voir le détachement des journalistes, des consultants plus ou moins véreux et des généraux qui n’ont vu que des bureaux et des plateaux TV quand il s’agit d’une guerre qui saigne les Européens comme s’ils avaient besoin de ça !
La plupart des gens n’y connaissent rien, et ceux qui connaissent s’en tiennent au discours officiel car le sujet est devenu aussi sensible que si l’intérêt national était en jeu.
Soyez-en certains, ce n’est pas l’intérêt national, mais l’intérêt de nos dirigeants.
Le temps et la place me manquent pour développer ici, mais quand le chef de l’État français dit : » La Russie ne peut pas… Ne doit pas gagner « , n’en doutez pas, ce n’est pas au bien-être et à la prospérité du peuple français qu’il pense.
Sans remonter trop loin, il me faut toutefois me référer à ce qui s’est passé en 1991.
C’est à ce moment-là qu’ont été dessinées les frontières auxquelles l’Ukraine voudrait revenir, ou auxquelles on voudrait qu’elle revienne.
En 1991, l’URSS vit ses derniers soubresauts. En état de mort clinique depuis presqu’une décennie, ni Gorbatchev, ni ceux qui ont tenté de lui ravir le pouvoir n’ont pu faire quoi que ce soit pour sauver le malade à l’agonie. Tout ou presque a été tenté, mais ni les remèdes économiques de cheval, ni l’octroi in extremis de certaines libertés d’expression et d’opinion n’ont permis la survie du système.
Pourtant, dans leur immense majorité, les citoyens soviétiques ne voulaient pas de l’effondrement de l’URSS. Malgré l’agitation politique de Boris Elstyne, les Soviétiques, consultés par référendum sur le nouvel accord de l’Union (et donc son maintien), ont voté « OUI ». Dans un entretien accordé à Radio Liberté en 1994, Gorbatchev affirme que même les trois pays baltes, pourtant très hostiles (pour des raisons qu’on peut comprendre) à l’URSS étaient prêts à reporter leur sécession pour qu’elle se fasse de manière ordonnée. Là-dessus est intervenu le coup d’état du 19 août 1991. Malgré l’échec de ce dernier, Gorbatchev reviendra au Kremlin, mais très affaibli face à un Eltsyne au sommet de sa popularité. Il occupe les fonctions de président de la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie où il a été élu en même temps que le référendum. Mais Eltsyne va s’entendre avec les Américains pour faire reconnaître cette entité russe qui représente 85% du territoire de l’Union Soviétique qui se trouve ainsi vidée de sa substance. Gorbatchev comprend qu’il doit mettre fin à ses fonctions de président de l’Union et quitte le pouvoir.
D’un jour à l’autre, des gens qui étaient citoyens d’un même pays sont devenus citoyens de pays indépendants dans des frontières qui n’avaient pas été dessinées pour cela. Du coup, parce qu’ils vivaient en Moldavie, des Russes sont devenus Moldaves juste parce que le hasard de la vie les avait envoyés là-bas.
Pire ! De Russes vivant dans les pays baltes se sont retrouvés Estoniens ou Lettons alors qu’ils ne connaissaient pas la langue et qu’il n’existait pas d’affinités réciproques. S’en sont suivi des heurts voire des persécutions.
Si en 1991 et dans les années qui ont suivi la Russie a connu des errements politiques et économiques graves, (effondrement économique, thérapie de choc et pratiques mafieuses), le changement de pouvoir à l’arrivée de Vladimir Poutine constitue un tournant. Le nouveau maître du Kremlin fait de son mieux pour mettre de l’ordre en mettant au pas les oligarques tout-puissants. Y est-il parvenu en totalité ? Cela se discute. Néanmoins, la Russie connaît depuis vingt ans une prospérité sans précédent. Bien entendu, la Russie doit porter un lourd héritage issu à la fois de la période soviétique et de la période ultralibérale du régime Eltsyne. Cette période ultralibérale a donné libre cours à une criminalité nationale et transnationale. Violences, vols d’appartements, inondation des marchés par des produits frelatés, il est impossible d’énumérer toutes les misères faites au peuple russe.
Bien entendu, il serait naïf et peu honnête de croire que la criminalité a disparu avec Poutine. Mais force est de constater que Poutine est à l’origine de l’état de droit sous sa forme moderne. La corruption est loin d’avoir disparu. Le pouvoir est autoritaire et il arrive que soient prises des décisions injustes.
Le service à bord du train de la prospérité n’est pas le même pour tous les citoyens. Le droit du travail laisse à désirer, et certains ont de grandes difficultés à survivre.
Qu’en est-il de l’Ukraine ?
Pour schématiser, nous dirons que l’Ukraine est restée à de nombreux égards en 1991, ce qui a bien arrangé beaucoup d’Occidentaux venus en Ukraine faire ce qu’ils n’auraient jamais pu se permettre chez eux.
Dans ces conditions, on peut facilement expliquer pourquoi dans certaines régions très russophones, les gens ont eu davantage envie de Russie que d’Occident.
Ce qui est affligeant, c’est que nous nous divisions chez nous pour une cause qui nous est étrangère et que nous connaissons mal.
Pire ! Il est insupportable de voir que ces divisions existent au sein même du camp national.
Je pense en particulier à deux tristes individus qui parviennent à placer le « méchant Poutine » y compris dans des propos qui n’ont rien à voir avec la Russie. Est-ce par peur du pluralisme qu’il ne débattent du sujet jamais avec personne ? Est-ce parce qu’ils sentent proche la fin de leur vie militante qu’ils tentent de saborder notre courant de pensée ?
Restons unis et occupons-nous de ce qui se passe chez nous !
Jacques Frantz
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !