Pierre Bouet, maître de conférences à l’université de Caen, est spécialiste de la Normandie médiévale et du royaume anglo-normand.
Rollon n’est pas le premier chef viking venu dévaster l’ouest de la France. De nombreuses bandes scandinaves l’avaient précédé, aussi bien dans les îles Britanniques que sur les rivages de France et d’Espagne. Les sources écrites au sujet des raids de ces Vikings sont pour l’essentiel en latin. Annales et histoires présentées chronologiquement furent rédigées dans les monastères et dans les annexes des cathédrales, cibles principales des attaques vikings car ces édifices religieux conservaient des objets liturgiques de grande valeur en or et en argent (calices, candélabres, croix,…) et des œuvres d’art ornées de pierres précieuses et de métaux rares. Les attaques se déroulaient toujours selon le même rituel. Les agresseurs cernaient les bâtiments, y entraient de force et pillaient tout. Selon les cas, ils incendiaient les lieux et emmenaient les personnes susceptibles d’êtres vendues sur un marché d’esclaves. Les Vikings sont décrits comme des barbares, des pirates et des païens. Ces Hommes du Nord (Northmanni) se montrent cruels, sans aucune pitié à l’égard des femmes et des enfants. La ruse et la perfidie leurs sont habituelles et ils ne se sentent liés à aucun des engagements pris. C’est avec une « rage démoniaque » qu’ils se livrent au massacre des populations civiles dépourvues d’armes. Mais la source principale de l’histoire normande est rédigée par Dudon, chanoine de Saint-Quentin. Dudon rédigea à la fin du Xème siècle une histoire des hommes qui, venus du Nord, étaient à l’origine du duché de Normandie. Il entreprit de corriger l’image négative de ces hommes du Nord en entreprenant un ouvrage sur la vie et les œuvres des trois premiers ducs : Rollon, Guillaume Longue Epée et Richard Ier.
Sur base de ces archives, de l’archéologie et des autres sciences auxiliaires de l’Histoire, l’auteur nous raconte l’implantation des Scandinaves en terre de Neustrie et la vie de Rollon. Bien conseillé par les archevêques de Rouen, il fut un exemple d’assimilation et de francisation. Cette assimilation et cette francisation passèrent par la conversion au christianisme. Les Vikings qui refusèrent le baptême quittèrent la France pour aller piller et dévaster l’Espagne.
Rollon avait compris les traits originaux de la civilisation et la richesse de cette terre « fertile et généreuse » qu’il voulait, et ses hommes avec lui, s’approprier à tout prix. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte constitua l’étape ultime de cette longue évolution.
Rollon, le chef viking qui fonda la Normandie, Pierre Bouet, éditions Tallandier, 224 pages, 19,90 euros
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