Rocky IV est le symbole du second mandat Reagan et de la lutte contre l’URSS… y compris sur le terrain de la propagande. Tourné en 1985, il voit l’étalon italien, âgé de 38 ans, définitivement retiré du ring. C’est à ce moment que l’Union Soviétique décide de faire passer professionnel son champion olympique de boxe et champion du monde amateur, le capitaine Ivan Drago, véritable machine à tuer d’1m97 pour 131 kilos, dont la force des coups est triple de celle d’un boxeur normal. Entraîné par l’ancien champion cubain Manuel Vega et par le soviétique Sergei Rimsky et « surveillé » par le commissaire politique Nicoli Koloff, bourré d’anabolisants, il va tuer en match amical à Las Vegas Apollo Creed, lançant le resté célèbre : « If he dies, he dies » (s’il meurt, il meurt en traduction littérale, la traduction la plus, proche étant « si c’est son destin de mourir, alors qu’il meure ! »). Pour venger son ami, Rocky va accepter d’être requalifié amateur pour combattre Ivan Drago à Moscou, devant tout le Politburo, y compris Mikhaïl Gorbatchev. Malmené par le géant soviétique, hué par le public, Rocky réussit à renverser la situation : au deuxième round, il brise l’arcade sourcilière de Drago, lui infligeant sa première blessure sur le ring, à partir du douzième round, il commence à être applaudi par les Moscovites et au quinzième round, il met le Soviétique K.O devant un Gorbatchev furieux. Rocky se lance alors dans un discours au peuple russe, lui demandant de vivre en paix avec les Américains. Après la désastreuse présidence Carter qui vit l’impérialisme communiste s’emparer des anciennes colonies portugaises, Reagan va réussir pour la première fois depuis 1955 à faire reculer Moscou : la progression est enrayée au Salvador, le régime pro-castriste de Grenade tombe (Moscou en avait perdu le contrôle et autorisa les Américains à agir) et Washington tient la dragée haute tant dans l’affaire de l’avion civil coréen abattu que dans la crise des Euromissiles (où il aura le soutien de François Mitterrand, auteur de la fameuse phrase : « les pacifistes sont à l’Ouest mais les missiles sont à l’Est… »). Suivant les conseils de Margareth Thatcher, il accepta d’aider Gorbatchev dans ses réformes en proposant des accords de désarmement (dans la droite ligne du discours de Rocky). La suite fut la victoire par K.O en 1987, avec la capitulation de l’URSS lors de la réunion de l’Aspen Institute. Celle-ci survécut encore 4 ans, le temps que Bush remplace Reagan et que Clinton ne transforme à son tour son pays en machine de guerre impérialiste et idéologique.
Rocky V, tourné en 1990, est le symbole de l’Amérique de George Herbert Bush et de William « Bill » Jefferson Clinton. Quand Rocky revient d’URSS, il apprend qu’il est ruiné : son fondé de pouvoir a profité de son absence pour partir avec la caisse… Incapable de boxer à nouveau suite à ses lésions au cerveau provoquées par les coups de Drago, il retourne donc vivre dans les quartiers pauvres, où son fils se fait racketter. Arrive alors Tommy Gunn, une force de la nature venue de l’Oklahoma qui demande à Rocky de lui donner sa chance. Rocky l’entraine, délaissant son propre fils. Paulie apprend à Rocky Jr à se battre et ce dernier cassera la figure à son racketteur, récupérant au passage son blouson. Gunn monte un à un les échelons de la boxe nationale, remportant 22 combats chez les pros, gagnant comme surnom « le poulain de Rocky ». Il écrabouillera en un round Union Cane, champion du monde par défaut qui gagna le surnom de « champion de papier ». Duke, un impresario véreux, déclara que Gunn ne serait un vrai champion que s’il battait Rocky en rencontre officielle. Rocky refusant de boxer, cela se terminera en pugilat et Rocky cassera la figure à Gunn qui, arrêté par la police, sera déchu de son titre. Clinton, en abolissant le Glass-Steagal Act en 1999, provoqua la ruine de millions d’Américains qui, comme Rocky, avaient trop eu confiance dans leur banque et perdirent jusqu’à leur maison. Ce sont ces « fils spirituels » qui trahissent leur père putatif, Reagan pour Bush, Kennedy pour Clinton, et se mettent sous la coupe de gens véreux, comme Gunn trahit Rocky pour s’acoquiner avec Duke. De plus, comme Gunn devient champion en écrasant un tenant du titre bidon, l’Amérique n’avait plus face à elle la redoutable URSS mais s’attaqua à des nations bien plus faibles : Panama, Irak, Serbie…
Rocky Balboa (Rocky VI), dernier opus tourné en 2006, en plein mandat Georges Walker Bush Jr, annonce l’Amérique de Barack Hussein Obama et de Donald John Trump. Rocky a maintenant 59 ans et vit de ses souvenirs. Adrian est morte d’un cancer, son fils, devenu cadre, est distant, humilié de n’être que « le fils du grand Rocky ». Il possède un restaurant italien et vit toujours dans son ancien quartier. Il ne s’occupe plus de boxe après que Tommy Gunn eut perdu son titre en 1991 contre Ivan Drago. La nouvelle étoile montante est Mason « the Line » Dixon, dont le dernier combat fut un désastre médiatique : envoyant son challenger au tapis en moins d’une minute, il fut bombardé avec des glaçons par le public, furieux de le voir écraser tous ses adversaires avec une facilité déconcertante, ce qui fit dire au commentateur : « Il nous faudrait un nouveau Rocky Balboa ! ». Justement, une chaîne de sport fit une simulation informatique d’un match Balboa-Dixon, qui donna Rocky vainqueur par K.O. au 11e round. Le manager de Dixon proposa à Rocky une grosse somme d’argent pour accepter de boxer contre son poulain dans un match-exhibition à Las Vegas. Dixon prévient Rocky que s’il croyait que c’était un vrai match, alors il jouerait le jeu et le massacrerait. Au 2e round, furieux de voir que Rocky boxait vraiment, Dixon lui envoya un direct au ventre… et se cassa la main ! Le match devenant très équilibré, Rocky l’amena au 15e round mais perdit aux points. Heureux d’avoir pu libérer ce qu’il avait en lui, il se retira de la boxe. Quant à Dixon, il avait enfin trouvé un adversaire à sa taille, avait souffert, avait été blessé et ainsi gagné la sympathie du public, Rocky lui prédisant qu’il deviendrait un aussi grand champion que lui. Comme Rocky, l’Amérique des années 2000 vit sur son passé glorieux et ses souvenirs. Désindustrialisée, concurrencée par une Chine que rien ne semble arrêter, elle pleure sa grandeur économique perdue comme Rocky pleure Adrian. Rocky Jr, pourtant ayant réussi, est toujours « le fils de », comme George Bush Jr, même élu président (son frère ne passa même pas le cap des primaires), avait sans cesse au-dessus de lui le spectre paternel. Il fit la guerre en Irak comme son père, mais lui prit Bagdad. Et surtout, il fit deux mandats, ce que son père fut incapable de faire. Mais il est toujours « le fils Bush ». Obama, comme Dixon, eut face à lui des adversaires de second ordre : John Sidney McCain III en 2008 et Willard Mitt Romney en 2012, avant que celle qui devait lui succéder, Hillary Diane Clinton, ne se casse les dents sur un os imprévu, Trump, tout comme Dixon se cassa la main sur le vieux Balboa.
Autre point intéressant, Las Vegas, présent dans Rocky III, Rocky IV et Rocky VI. Dans Rocky III, c’est un simple match au Caesars Palace où Rocky Balboa défend son titre et le gagne contre Czak. Dans Rocky IV, c’est le match Creed-Drago, avec le show de James Brown en avant-première. Mais dans Rocky VI, c’est le grand Las Vegas, une mise en scène poussée à l’extrême, 25 millions $ investis et encore plus de récupérés, match retransmis sur Internet, sponsorisé par des sites de paris… C’est une autre Amérique, et le Rocky « col bleu » et populaire de l’ère Reagan se retire dans ce nouveau Las Vegas, celui d’une autre Amérique républicaine à la richesse ostentatoire mais gagnée par le travail : celle de Trump.
Hristo XIEP
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