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Rocky et la parabole inconsciente de l’Amérique… (première partie)

rockyIl y a exactement 40 ans, un partait inconnu, Sylvester Gardenzio Stallone, remportait l’Oscar du meilleur film avec Rocky. On connaît la légende du pauvre petit italien de New-York, avec un père originaire d’Apulie, venu proposer son film à Hollywood alors qu’il était dans la misère. Un catholique italien forçant les portes de Hollywood, cela paraissait curieux. Quand on sait que maman Stallone était une juive ukrainienne, cela donne une amorce d’explication. Cependant, la saga Rocky (si on retire Creed, faux Rocky VII centré sur le fils illégitime d’Apollo Creed), s’étalant sur 30 ans (1976-2006) donne en arrière-plan un portrait saisissant de l’Amérique populaire, du berceau de l’Indépendance, Philadelphie, celle-là même qui en 2016 fit basculer l’élection en faveur de Donald John Trump. 

Rocky, tourné en 1976, c’est l’Amérique de Gerald Rudolph Ford Jr. Robert « Rocky » Balboa est un boxeur de 29 ans qui végète dans les bas quartiers de Philadelphie. Il gagne sa vie comme encaisseur chez un usurier et courtise en vain la très timide Adrian Pennino, « future vieille fille » (selon son frère) de 26 ans et sœur de son meilleur ami Paulie, qui est vendeuse dans une animalerie. Suite à la blessure du challenger, le champion olympique canadien Mac Lee Green, Apollo Creed, champion du monde en titre, se trouve sans adversaire pour le combat commémoratif des 300 ans de la Déclaration d’Indépendance. Buddy Shaw, n°5 mondial, a grossi de 25 kilos depuis sa semi-retraite et il refuse d’affronter le champion anglais Billy Snow, jugé truqueur. Finalement, il préfère donner sa chance à un Italo-américain inconnu, en hommage à Christophe Colomb et au rêve américain et compte l’envoyer au tapis en 3 rounds. Mais Rocky fait mieux que résister et tiendra 15 rounds, Creed ne conservant son titre qu’aux points. Comme Rocky, Gerald Ford Jr est venu de nulle part. Ancien joueur de football américain, ayant changé son nom de naissance pour effacer tout souvenir d’un père battant sa mère, il fut le seul Président américain non-élu, ayant remplacé d’abord en 1973 le vice-président Spiro Theodore Anagnostopoulos « Agnew », tombé pour corruption et huit mois plus tard, il remplaçait à son tour le Président Richard Milhous Nixon. Comme le Rocky du film (la scène de la patinoire avec Adrian), Ford traine une réputation de pataud (née d’un choc de la tête contre l’embrasure de la porte d’Air Force One lors d’un voyage en Autriche, celle-ci lui colla ad aeternam à la peau). Comme Rocky, Ford perdit de justesse les Présidentielles de 1976, remportant 27 états sur 50 mais pas assez de grands électeurs…        

Rocky II, tourné en 1979, c’est l’Amérique de James « Jimmy » Earl Carter Jr. Rocky, marié avec Adrian, coule une retraite paisible mais, comme beaucoup de gens pauvres ne sachant pas gérer une arrivée subite d’argent, il se retrouve rapidement ruiné, et ce, alors qu’Adrian est enceinte de leur unique enfant, Robert Balboa Jr, grossesse compliquée. Vexé par une opinion publique le traitant de « champion bidon » et faisant de Balboa le vainqueur moral du match, Apollo Creed veut sa revanche et parvient à obtenir un « match retour » à Philadelphie. Perturbé par les ennuis de santé de sa femme, Rocky a du mal à s’entrainer, malgré les remontrances de son coach, Michaël « Mickey » Goldmill. Finalement, rassuré par son épouse, Rocky met les bouchées doubles et parvient à 32 ans à décrocher le titre de Champion du Monde des poids-lourds par K.O. au 15e round.  Comme Rocky, la Présidence Carter se caractérise par la dégringolade économique de l’Amérique, principalement la région nord-est, la rust belt, où se situe Philadelphie. Ruinée, malmenée économiquement par le Japon et diplomatiquement par l’URSS, en proie comme Rocky à des troubles existentiels (le syndrome vietnamien), l’Amérique doute d’elle-même, avant qu’un nouvel homme ne surgisse et la fasse se relever, comme la paternité va changer Rocky. 

Rocky III, tournée en 1982, c’est le premier mandat de Ronald Wilson Reagan. Rocky a remis dix fois son titre en jeu et l’a regagné dix fois, battant notamment le champion du Mexique Joe Czak, le champion de l’US Army le sergent Big Yank Ball, le champion de Colombie Vito Soto et pour finir le champion d’Europe et d’Allemagne Philipp Hammerman, à la suite de quoi il prend sa retraite définitive à 35 ans, après avoir combattu pendant un round le monstrueux (2m01 et 137 kilos) champion du monde de catch Thunderlips. Cependant, en provenance de Chicago, un jeune boxeur noir écrase tout sur son passage. Clubber Lang, 39 victoires en 39 matchs, devient le challenger en battant par K.O. le champion d’Irlande Big Chuck Smith. En insultant Adrian, il parvient à convaincre Rocky de remettre en jeu son titre contre lui et l’écrase en 2 rounds, provoquant même la mort par crise cardiaque de Micky Goldmill. Rocky, en changeant totalement sa technique de combat et désormais entraîné par Apollo Creed, va prendre sa revanche et reprendre son titre en 3 rounds.  Comme Rocky, Reagan a changé totalement de registre, prenant l’ennemi à contre-pied. Clubber Lang a été sonné car Rocky s’est mis à boxer comme Apollo Creed, aux antipodes de son style. Reagan était attendu sur le terrain purement militaire… et il attaque l’URSS sur son point faible : l’économie, la lançant dans une course à la technologie qui laissera Moscou K.O. (mais qui laissa des traces dans l’économie américaine qui était florissante en 1984). Comme Rocky lors de la seconde rencontre, Reagan connait un succès triomphant : en 1980, il écrase Carter, ne lui laissant que 7 états. Mieux, en 1984, il humilie Walter Frederick Mondale, raflant 49 états sur 50 et manquant le grand chelem de 3000 voix… Pour la première fois, les ouvriers blancs votèrent massivement Républicains. Reagan, qualifié de « candidat d’extrême droite », de « cow-boy inculte » était en quelque sorte le Trump de l’époque… 

Hristo XIEP

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