Robert Hue, longtemps surnommé « le stalinain de jardin », a donc décidé le 29 août de se retirer de la vie politique, événement suscitant l’intérêt poli que l’on aurait par exemple pour le match amical du 24 août dernier opposant l’Inde à Saint-Christophe-et-Niévès (score final : 1-1). A la question : « Que pensez-vous du retrait de Robert Hue de la politique ? », 99 % des lecteurs de l’Humanité ont répondu : « Qui ça ? ». Tout le monde, et mois le premier, ayant oublié que Bob le rouge était encore sénateur, du Val d’Oise très précisément, mais plus sous l’étiquette communiste, puisqu’il a quitté le parti en 2008 et le groupe communiste en 2012 pour rallier le centre-gauche.
Né le 19 octobre 1946 d’une famille ouvrière, musicien lors de son adolescence du groupe de rock Les rapaces (normal…), il devient infirmier psychiatrique, discipline alors très prisée dans sa chère URSS, notamment pour éliminer les opposants et qui est toujours dans les cartons…
Le 8 février 1981, il connut une première médiatisation en tant que maire communiste de Montigny-lès-Cormeilles en organisant une manifestation devant le domicile d’une famille marocaine accusée de trafic de drogue sur la seule foi d’une lettre de dénonciation envoyée par une famille voisine algérienne.
Le 29 janvier 1994, alors inconnu du grand public, il est nommé par Georges Marchais Secrétaire Général du PCF. De lui, la sociologue stalinienne Danielle Bleitrach déclare : « Robert Hue, c’était un homme faible qui n’aurais jamais du être à la place où il était, il ne manquait pas de qualités humaines, de curiosité, d’intérêt pour la culture, je pense qu’il aurait été un excellent militant dans sa cellule, au milieu de ses copains… » (notons que le PCF, qui nie être resté stalinien, publie la prose d’une femme qui nie les crimes de Staline et qui voue une haine raciale aux Polonais, Lituaniens, Hongrois et Ukrainiens, très explicable par ses origines…).
Hue lui-même dénonça de manière très ambigüe les crimes du communisme, évoquant « la comptabilité macabre » (qu’il se garderait bien pour d’autres crimes de masse…), à tel point que même la psychanalyste Simone Korff-Sausse déclarait dans les colonnes de Libération du 9 décembre 1997 :
« Le monstre, c’est celui qui n’a pas de semblable. Le monstrueux, c’est ce qui nous est complètement étranger. On voit ici la première étape de la stratégie. Le Livre noir est paru. On en parle. Il est difficile d’oublier ou d’occulter les révélations qui y sont faites. D’une part, parce qu’elles s’appuient sur des recherches historiques solides. D’autre part, parce que ce n’est plus dans l’air du temps de continuer à minimiser la gravité des faits. On ne peut donc plus nier. Le déni étant impraticable, il faut trouver d’autres moyens. L’autre moyen, c’est la projection, bien connue dans tous les procédés d’exclusion et de rejet. En voici le mécanisme: ce que je ne veux pas reconnaître en moi-même, je le projette sur un élément extérieur que je peux alors tranquillement repérer, critiquer, voire persécuter. On détache le goulag du communisme; ça n’a rien à voir, c’est une dérive, c’est une perversion. Et pour bien montrer à quel point les nouveaux communistes le désapprouvent et le condamnent, on traite le goulag de «monstruosité». Deuxièmement, le monstre ne se reproduit pas. Il n’a pas de descendance. Il est par définition seul de son espèce. La connotation du mot «monstruosité» signifie implicitement que cela ne se reproduira pas. Si le goulag a été réalisé par des «monstres», c’est qu’il n’a donc pas de lien avec le système communiste. Il s’agit d’un phénomène unique, isolé, non reproductible. Le troisième avantage du mot «monstruosité» est qu’il permet d’éviter d’expliquer quoi que ce soit. Le terme contient en lui-même sa causalité. Il n’y a pas de cause à rechercher, car c’est la nature du monstre d’être monstrueux. Ce livre, ces témoignages, c’est le fait de monstres, donc je n’y suis pour rien. La monstruosité ne s’explique pas, ne se discute pas; elle nous échappe. Elle est hors de nous. Hors de l’histoire. Hors de la politique. »
Aux présidentielles de 2002, il touche le fond en ne recueillant que 3,37 % des voix, perdant au passage son siège de député d’Argenteuil gagné en 1997. Il avait déjà cédé son poste de Secrétaire national du Parti au profit de Marie-George Buffet qui fera encore pire (1,93 % des voix en 2007) le 28 octobre 2001, s’arrogeant jusqu’au 8 avril 2003 le titre de Président du PCF, titre qui ne fut porté que par Maurice Thorez dans les dernières semaines de sa vie (entre mai et juillet 1964). Il sera relaxé dans l’affaire du financement occulte du PCF par la Générale des Eaux en 2001. La première présidente, Sophie Portier, l’avait condamné à 15 mois de prison avec sursis, jugement cassé par celle qui présidera le second procès : Laurence Vichnievsky qui – hasard heureux – est depuis juin une élue LREM comme Hue, lui au Sénat (plus exactement élu du centre-gauche rallié à Macron) et elle comme députée de Chamalières.
Proche du terroriste communiste Nelson Mandela, il fut nommé par Laurent Fabius « représentant spécial pour les relations avec l’Afrique du Sud » et assista aux obsèques du prince xhosa en compagnie de François Hollande. Au Sénat, il est vice-président de la commission défense.
Hristo XIEP
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