Eric Ciotti avait proposé une alliance avec le parti de Le Pen, empêchant les dirigeants républicains de se réunir. Mais il a été exclu de la direction du parti. Le député sortant conteste la légalité du bureau politique et a fermé les portes du siège de LR. Rififi chez les LR.
Eric Ciotti et l’alliance avec le Rassemblement National
Le tremblement de terre post-européen qui secoue la France d’Emmanuel Macron semble ne pas avoir de fin. Le président des Républicains (LR) Eric Ciotti a, à peine vingt-quatre heures après, confirmer les rumeurs d’un accord entre le parti et le Rassemblement National, réitérant la faiblesse de sa propre coalition ainsi que la nécessité d’une alliance avec le RN. Déchainant du rififi dans son parti.
Malgré sa politique de dédiabolisation menée depuis des années et l’entrainant à des reniements des fondamentaux et jusqu’au nom du Front National, le Rassemblement National ne se défait pas de l’injuste étiquette « peste brune ». Il y a quelques heures, Eric Ciotti a donc été exclu à l’unanimité des Républicains : les députés Annie Genevard et François-Xavier Bellamy sont désormais à la tête du parti gaulliste. Raison de l’exclusion : avoir négocié un accord avec les « fascistes d’hier et d’aujourd’hui », la sempiternel accusation facile brandie sous le nez d’une droite molle à outrance qui accepte de se faire dicter la morale par une gauche de toutes les perversions les plus abjectes et un Macron, pourtant fossoyeur de la nation.
Ciotti, critiqué pour ses déclarations d’hier, a répondu catégoriquement : « Je suis et je resterai le président » du parti. En début d’après-midi à Paris, la fermeture du siège des Républicains avait fait sensation, alimentant les bavardages politiques. « J’entends beaucoup de spéculations sur la fermeture du bureau LR. J’ai pris cette décision à la suite des menaces que j’ai reçues », a écrit Ciotti sur X, justifiant le choix au nom de la sécurité du personnel. A cela il avait ajouté qu’il n’y aurait pas de réunion politique dans l’après-midi, précisant qu’ « aucune réunion n’a jamais été prévue au siège cet après-midi ». Les employés, tous, ont ensuite reçu l’ordre de partir à midi. « Il est devenu fou, je reste », a déclaré un haut responsable du parti au Parisien.
Macron, le maitre du chaos
Deux jours après son annonce de dissolution, le chaos ambitionné par Macron, avec cette dissolution surprise, pour rester maître du jeu et faire exploser les Républicains s’installe.
Annie Genevard, la secrétaire générale du parti, s’exprimant sur Sud Radio, a regretté une décision « prise en secret et unilatéralement » par le président. « Il serait souhaitable qu’Eric Ciotti se retire jusqu’à la fin de la campagne législative », a indiqué la députée. Hier, Ciotti a vu ses plus proches collaborateurs lui fermer la porte au nez. Parmi ceux-ci, Benjamin Millo, son conseiller et directeur de la communication. « Ce n’était pas ma réplique. Ce n’est pas mon histoire. Si certains acceptent, moi non », a-t-il déclaré au Figaro.
L’initiative de Ciotti a également été désavouée par le chef des députés LR à l’Assemblée Nationale, Olivier Marleix, pour qui le député niçois « doit quitter la présidence » du parti. Son homologue du Sénat Bruno Retailleau l’a accusé d’avoir « menti » et « trahi » son parti par « déloyauté » tandis que le président du Sénat Gèrard Larcher a prévenu qu’ « il ne soutiendra jamais, sous aucun prétexte, un accord avec le RN ».
Le siège du parti dans le 7e arrondissement de Paris est le théâtre de cette guerre d’alliance. L’objectif apparent, en effet, avait immédiatement semblé être d’empêcher la rencontre entre les autres dirigeants en prenant acte de sa « démission forcée », en raison de l’opposition généralisée à son choix d’alliance. Puis l’étrange annonce d’un meeting qui aurait lieu dans la rue. « Nous allons le faire sortir du bureau du général De Gaulle », a déclaré un autre républicain, Aurélien Pradiè, qui a été écarté l’an dernier par Ciotti, dont il était le numéro deux, en raison de désaccords sur la réforme des retraites.
La droite molle à outrance se fait dicter la morale par une gauche de toutes les perversions les plus abjectes et un Macron, pourtant fossoyeur de la nation
Mais Ciotti n’est pas près d’être évincé et crie désormais au scandale : « La réunion organisée cet après-midi s’est tenue en violation flagrante de notre statut républicain. Aucune des décisions prises lors de cette réunion n’a de conséquences juridiques. Elles pourraient avoir des conséquences pénales et je reste le président de notre formation politique, élu par les adhérents ».
Désormais, à attendre en embuscade les dirigeants orphelins de Ciotti c’est le président Macron : « Ciotti a conclu un pacte avec le diable ». C’est ce qu’a déclaré le président français lors d’une conférence de presse, faisant référence à l’alliance avec l’extrême droite. Macron a en effet déclaré qu’il était également prêt à accueillir les dirigeants défectueux qui ont contesté Ciotti. Désormais, a expliqué le président, de nombreux élus LR « ont dit nous non », car « ils ne sont pas en phase avec leur parti, il y a des éléments qu’ils vont devoir clarifier », a ajouté Macron. Pour Macron, l’annonce du président des Républicains français représente « avoir tourné le dos en quelques heures à l’héritage du général De Gaulle, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ».
Le plan cynique de Macron se referme sur des politiciens incapables d’entendre la voix de leurs électeurs, embastillés dans leurs postures morales dépassées dictées par le camp opposé.
Francesca de Villasmundo
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