Les Américains ont accusé les Russes d’avoir attaqué leurs ordinateurs lors de la campagne présidentielle. Que doit-on penser de la poussée « démocratique », initiée par YouTube en Russie, ces dernières semaines ? Pourquoi après les manifestations contre la corruption du gouvernement, qui ont jeté une grande partie de la jeunesse russe dans les rues, le député Vitaly Milonov a-t-il proposé d’interdire les réseaux sociaux aux jeunes gens ? Il se passe quelque chose de déstabilisant en Russie, en ce moment.

Serafim Orekhanov, de la fondation Carnegie, rapporte complaisamment qu’un grand nombre d’étudiants et de diplômés récents ont participé à ces protestations parce qu’ils avaient regardé, sur YouTube, un film dénonçant l’implication du Premier ministre Dmitri Medvedev dans des scandales de corruption. Le film a recueilli plus de 15 millions de vues sur YouTube, plus que tout contenu produit par les médias non gouvernementaux, plus que l’audience quotidienne de Channel One, la grande chaîne nationale.

Entre temps, YouTube avait opportunément changé l’algorithme filtrant les vidéos, en faveur de vidéos plus longues, plus politiques.

La séquence d’ouverture du film, qui ciblait un jeune public, a rendu le film populaire, touchant des millions de personnes qui n’étaient pas intéressées par les manifestations. Ces manifestations ont donc pris leur vie sur YouTube. La réponse maladroite du gouvernement, les détentions de manifestants et le silence total sur la télévision d’Etat ont indigné. De nouvelles vidéos ont ensuite été créées sur YouTube et Vkontakte, vues par des millions de personnes.

Le système d’éducation étatique a tenté, de façon classique, de raisonner, faire pression sur les étudiants. Il n’a obtenu que de les radicaliser. Les autorités russes ont dû ordonner aux écoles de cesser immédiatement toutes ces initiatives, devenues obsolètes, de « ré-éducation » civique.

Nikolay Sobolev, le fondateur de la chaîne YouTube en langue russe, a enregistré une vidéo appuyant les demandes des manifestants qui a atteint 2 millions de vues. Quelques jours plus tard, il était invité à participer à l’un des spectacles les plus populaires sur Channel One, « Pust Govoryat » (Laissez-les parler). Vraisemblablement, le pacte conclu avec lui était de lui donner du temps d’antenne, pourvu qu’il reste apolitique. Le gouvernement russe a, depuis, choisi d’accroître « sa présence » sur YouTube et Vkontakte, en réponse à l’attaque de la « fondation » qui avait initié les manifestations de mars dernier… Ce n’est pas à M. Poutine et à ses collègues que l’on apprend l’agit-prop.

Source : Article de Serafim Orekhanov, Carnegie

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