Les urnes ont donné leur verdict en ce qui concerne la 18e législature. Les élections régionales dans le Land de Bavière du 14 octobre est un nouveau fiasco pour la Chancelière Angela Merkel. Certes, le parti chrétien social (CSU) arrive en tête comme à l’accoutumée, mais ne réalise que 37,2 % des voix, son plus mauvais score depuis les élections de 1950 où le parti n’avait obtenu que 27,4 %, étant même devancé par le SPD en nombre de voix (mais comptant un siège de plus, 64 contre 63), dans un contexte spécial de multiplications de partis de droite (les indépendantistes du Parti Bavarois, le parti des réfugiés…). Cette fois-ci, la CSU perd 10,4 %, passant à 37.2 % et perd 16 sièges, n’en conservant que 85. L’autre parti de droite, le FPD, gagnent 1,8 % pour atteindre 5,1 % et ainsi gagner 11 sièges, faisant leur grand retour au Landtag dont ils avaient été évincés suite à leur score catastrophique de 2013. Les populistes des électeurs indépendants (FW), scission de la CSU, maintiennent leurs positions avec une augmentation de 2,6 %, leur permettant de devenir le 3e parti de Bavière avec 27 sièges au lieu de 19 et de repasser au-dessus de la barre des 10 % qu’ils avaient atteint en 2008.

A gauche, le grand gagnant sont les Verts. Ces derniers réalisent un score historique avec 17,5 %, soit un gain de 8,9 % ; faisant d’eux le second parti du Land avec 38 sièges contre 18 dans la précédente mandature. Cette victoire se fait essentiellement au détriment de la SPD qui, pour la première fois, tombe en-dessous de la barre des 10 % avec seulement 9.7 %, soit une perte de 10,9 % et un nombre de siège se réduisant comme peau de chagrin : 22 sièges au lieu de 42. Même avec un gain de voix d’1,1 %, le parti d’extrême gauche Die Linke ne parvient pas à dépasser la barre des 5 % et avec 3,2 % n’ont aucuns élus.

L’autre grand vainqueur du scrutin est bien sûr le parti de la résistance allemande, la vraie opposition à Merkel, l’AfD. Malgré une hostilité de tout ce que l’Allemagne compte de corps constitué, le parti antimigrants devient le 4e part de Bavière, devant les sociaux-démocrates et rafle 10,2 % des voix et surtout 22 sièges, avec des slogans percutants tels que « Le travail doit valoir la peine ! Social, sans devenir rouge ! », « Récupère ton pays ! L’AfD tient les promesses de la CSU ! », « Bavière. Mais sûre ! Protéger les frontières ! », « Mettre fin au non-droit ! Retour à l’État de droit ! », « Protéger les valeurs chrétiennes ! L’islam n’appartient pas à la Bavière ! », « Protéger le système social ! De l’argent pour les pensions plutôt que pour les migrants illégaux ! ». C’est la première fois que la droite radicale siège au Landtag depuis 1966 où le NPD avait obtenu 15 sièges et 7,42 % des voix.

Notons encore une fois la campagne de désinformation menée par France Infos dans le matraquage continu du 14 octobre, où minimisant au maximum le succès de l’AfD, elle attribua le bon score des écologistes à un transfert des voix de la CSU à cause d’une campagne qui aurait été trop à droite. Analyse bidon, comme de coutume. Les voix en moins de la CSU se retrouvent exactement dans les gains combinés de l’AfD et du FW. De même, les pertes du SPD se retrouvent exactement dans les gains combinés des Verts et de Die Linke. L’analyse plus affinée, si elle ne colle pas tout à fait au schéma un peu simpliste que je viens de faire, torpille en tout cas l’analyse de la radio d’Etat. Les Verts auraient pris 210.000 votes au SPD, 120.000 aux abstentionnistes et seulement 180.000 à la CSU, c’est-à-dire moins que l’AfD qui a pris 200.000 voix à la CSU, 40.000 au SPD et 40.000 au FW, faisant en fait sa pelote avec les abstentionnistes (200.000 voix) et les gens fluctuants électoralement (240.000 voix). La campagne de la CSU était « tellement à droite » que 210.000 électeurs du SPD ont votés pour la droite (100.000 pour la CSU, 70.000 pour le FW et 40.000 pour l’AfD), soit autant que pour les Verts…

Notons qu’au niveau national, l’AfD est donné en 4e position avec 14 %. La CDU-CSU est toujours en tête avec 28 %, devant les Verts 19 %, le SPD 16 %, l’AfD 14 %, le FDP et die Linke à 9 %.

Hristo XIEP

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