Retour sur l’importante intervention du pape François devant le parlement du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Cette intervention qui devrait représenter l’ambition de l’Eglise pour l’Europe.
Le pape François devant le parlement du Conseil de l’Europe n’a pas prononcé une seule fois le nom du Christ.
Il y a quelques rares références à Dieu (quatre), les lois anti-chrétiennes des LGBT ne sont pas évoquées, il a souhaité pour l’Europe « L’espérance dans le Seigneur qui transforme le mal en bien, et la mort en vie. » Evocation très vague de ce Seigneur…
Aucun lien n’a été fait entre la déchristianisation de l’Europe, sa christianophobie et l’islamisation de l’Europe. S’il a fait des allusions au fanatisme religieux (lequel?) à l’étranger, il n’a pas évoqué sa contamination chez nous, au contraire il a appelé de façon incohérente à accueillir les immigrés, dont nous savons que la plupart sont musulmans. Pas un mot pour les catholiques, et pas une seule référence au Christ. Mais par contre un appel, une adhésion implicite, à une constitution fédérale de l’Europe!
Les rares références de son discours vont aux papes conciliaires avec une allusion à la lettre à Diognète pour évoquer les racines religieuses de l’Europe. Un discours très progressiste mais qui de toute façon ne satisfera pas les mondialistes qui concourent actuellement aux destinées de l’Europe puisque ceux-ci ne seront satisfaits que lorsque la religion catholique se sera complètement noyée dans une religion mondiale, parfaitement soumise à sa culture de mort.
Les Droits de l’Homme sans Dieu
Ce discours est un hymne à l’homme centre de tout et aux « Droits de l’homme ». Les Droits de l’homme qui ont servi à l’inauguration de la Révolution française, et qui depuis cette date n’ont plus cessé d’être condamnés par tous les papes jusqu’au Concile Vatican II. En effet, ce sont les « Droits de l’homme » qui ont mis l’homme au centre du monde à la place de Dieu, selon les principes maçonniques. Il est symptomatique que l’entrée en matière du pape dans ce discours leur soit un hommage appuyé:
Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, (…), qui a contribué à former la conscience (…). Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les évènements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche rencontre, dont les nombreuses sources lointaines proviennent « de la Grèce et de Rome, de fonds celtes, germaniques et slaves, et du christianisme qui l’a profondément pétrie»[2], donnant lieu justement au concept de « personne ».
Comme si les Droits de l’homme étaient l’aboutissement des rencontres de toutes les influences qui sont au fondement de la culture (il ne parle pas de civilisation) de l’ Europe: influences grecque, romaine, celte, germanique et slave, lesquelles ont été pétries par le christianisme. Sur ce chemin le christianisme, si on continue de suivre la logique de François, est l’un des maillons, le dernier peut-être, avant l’aboutissement du parcours que sont les Droits de l’homme. Curieux tout-de-même pour le vicaire du Christ sur terre chargé de transmettre l’Évangile!
La loi naturelle
Faute de s’attaquer aux graves problèmes moraux du mariage homosexuel et de l’enseignement du genre qui fait d’énormes ravages et constituent de graves offenses contre l’ordre naturel « que Dieu a imprimé dans l’univers créé », [pour reprendre la terminologie conciliaire] à propos de « la dignité transcendante de l’homme », les Droits de l’homme l’ont amené à introduire une plaidoirie contre l’avortement et l’euthanasie.
Deux luttes importantes, certes, deux causes qui ne seront jamais assez plaidées, mais qui reviennent à être les causes-plancher de la défense de la dignité humaine, sans que pourtant il n’ait expliqué que cette dignité de l’homme vient de Dieu seul et du seul Dieu révélé par le Dieu fait homme.
Les racines de l’Europe et la liberté religieuse
D’ailleurs, à quel Dieu se réfère-t-il ? On ne le sait pas précisément et dans son discours un autre dieu d’une autre fausse religion pourrait encore venir compléter le panthéon des religions fondatrices de l’Europe, pourquoi pas ? Puisqu’il plaide pour une défense de la liberté de penser, de la liberté de toutes les religions et non pas de la liberté de la vérité, de la liberté pour que la vraie religion éclate. Toutes les religions étant mises sur un pied d’égalité:
« Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, de travail qui l’oint de dignité ? »
La liberté de professer sa religion fait clairement partie des Droits de l’Homme, cette charte maçonnique qui semble avoir remplacé dans son discours les Dix commandements et l’Évangile.
Les devoirs de l’homme et les droits de Dieu
Certes ces Droits doivent être contrebalancés par des devoirs, dit-il, rejoignant sur ce point les pères fondateurs des Droits de l’Homme qui les avaient intitulé en 1795 « Déclaration des droits et devoirs de l’homme et du citoyen »:
Au concept de droit, celui – aussi essentiel et complémentaire – de devoir, ne semble plus associé, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel ses droits et devoirs sont connexes à ceux des autres et au bien commun de la société elle-même.
Mais que fait le vicaire du Christ des droits de Dieu qui pourtant sont nécessaires et suffisants pour établir les seuls vrais droits de l’homme ? Mais si les Droits de l’Homme sont parfaitement cohérents avec le texte « Dignitatis Humanae » du concile Vatican II, comment pourraient-ils l’être avec les droits inaliénables de Dieu ? « Dignitatis Humanae« , est le grand texte fondateur de la liberté religieuse de Vatican II, qui a abouti concrètement pour l’Eglise à demander aux États qui étaient encore officiellement catholiques de modifier leur constitution pour que toutes les religions soient à égalité et qu’ainsi ces pays perdent leur identité catholique. Depuis, plus aucun pays n’est officiellement catholique, les Droits de l’Homme ayant, en quelque sorte, « soumis » l’Évangile.
« Un bien plus grand »
Plutôt que de parler de Notre Seigneur Jésus-Christ le pape a préféré se référer à un « bien plus grand », » cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé » (…) cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel »:
« En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences. »
Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé[4] ; cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel.
Malheureusement cet être relationnel qu’est l’homme ne semble pas être, ici, en relation avec Dieu, mais plutôt coupé de son Créateur depuis la Création. « la boussole du bien et du mal », est innée ainsi que François l’avait déclaré déjà dans son interview à Scalfari. Alors à quoi bon les enseignements du Christ, qui paraissent donc superflus ? .. Et il enchaine très vite par la solitude, solitude des vieux et des migrants:
D’un peu partout on a une impression générale de fatigue et de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
Pourquoi cet individualisme et ce vieillissement de l’Europe ?
C’est une grande méprise qui advient « quand l’absolutisation de la technique prévaut»[6], ce qui finit par produire « une confusion entre la fin et moyens »[7]. Résultat inévitable de la « culture du déchet » et de la « mentalité de consommation exagérée ». Au contraire, affirmer la dignité de la personne c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement (…)
Le don de la vie
La vie donnée gratuitement, par le hasard ou par Dieu? aucune précision, pourtant capitale. Et si le lien entre la vie et Jésus-Christ n’est pas fait, de quelle vie est-il question ? « Je suis la vie » nous dit le Christ. Comment plaider pour la vie sans référence à la Vie-même ?
(…) l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes.
L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet « esprit humaniste » qu’elle aime et défend cependant.
Christianisme et laïcité
Après ce plaidoyer pour la base élémentaire de la culture de vie face à la culture de mort, on s’attend à ce que le pape franchisse enfin l’obstacle pour rappeler que le Christ seul est la vie. Et qu’en suivant le Christ nul ne risque de s’éloigner de la vie, ni de la perdre. Mais il préfère parler du patrimoine du christianisme, mais un christianisme soumis au diktats de la laïcité:
j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne.
Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Église catholique – à travers la Commission des Conférences Épiscopales Européennes (COMECE) – pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union Européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence »[réf au discours de Benoît XVI au corps diplomatique. ndlr].
Un Dieu générique encore…
La christianophobie
Faute d’en venir à parler de Celui qui est la vie, au moins va-t-il plaider contre la christianophobie répandue par les institutions de l’Union Européennes, différentes de celles du Conseil de l’Europe à la tribune duquel il s’exprime ?
Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brulées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup.
Mais c’est peine perdue, pour François, la christianophobie n’est pas en Europe, ce temple, par définition, de la liberté religieuse:
La devise de l’Union Européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée. En réalité, toute unité authentique vit de la richesse des diversités qui la composent : comme une famille qui est d’autant plus unie que chacun des siens peut être, sans crainte, davantage soi-même. Dans ce sens, j’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. Mettre au centre la personne humaine signifie avant tout faire en sorte qu’elle exprime librement son visage et sa créativité, au niveau des individus comme au niveau des peuples.
Ce long développement sur les racines de l’Europe constitue sans doute les paroles les plus fortes de ce discours, bien pauvres en vérité pour le chef terrestre de l’Eglise, représentant de Jésus-Christ. Mais si c’est la personne humaine qui est au centre de ses propos et non pas Dieu, Dieu révélé par l’Évangile seul, comment pourrait-il en être autrement ? Il est impossible de concilier des contraires!
Et de plaider pour la démocratie…
Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous, Mesdames et Messieurs les Eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie des peuples d’Europe.
La famille
Vient alors, (enfin!) l’évocation de la famille, de l’éducation et de l’école. Le pape va-t-il en venir aux questions cruciales ? Mais non, rien que de très vague, des paroles que chacun peut interpréter à sa façon. Quand on sait que le pape a été le promoteur des scandales qui ont émaillé le synode sur la Famille, il ne faut pas s’en étonner:
Le premier domaine est surement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. (applaudissements) La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir.
Et c’est tout! Bien sûr, après la famille, il a fallu sacrifier l’encens à la déesse terre. L’écologie faisant désormais partie des fondamentaux de l’enseignements de l’Eglise:
respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous.
L’immigration
Et vient alors la question chère à ce nouveau pape, la question migratoire qui, certes est un gros problème pour les chrétiens et plus particulièrement pour les catholiques d’Europe, livrés sans filet à une religion qui a fait les preuves de sa barbarie jusqu’au sein de nos campagnes comme se plaisent à le souligner nos autorités nationales françaises. Cette France d’où François s’exprime. Mais peine perdue, la commisération du pape ne s’adresse qu’aux immigrés. Comme si le problème n’était pas plutôt ces vastes mouvements migratoires dont les guerres sont les causes réelles. Ne serait-ce pas à la source qu’il faudrait porter remède en cessant d’activer les antagonismes et les conflits ? L’Europe ne fait-elle pas partie de la coalition arabo-occidentale qui participe au conflit du proche-Orient ? soulevant les haines contre le pouvoir légitime de la Syrie ? Ce foyer de guerres multiples, source des mouvements migratoires vers l’Europe ? Non, exit le problème de fond:
Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée , dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international.
Arrive la conclusion de ce long discours et la fameuse référence à la lettre de Diognète, qui a pour but, certes louable, de rappeler l’antiquité de la chrétienté en Europe:
Un auteur anonyme du IIème siècle a écrit que « les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps » [13]. Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs et de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité.
Les pères fondateurs
C’est alors que le pape va sans doute en profiter pour se référer aux Pères de l’Eglise ? Mais non! C’est aux pères fondateurs de l’Union européenne qu’il en vient, ceux-là mêmes qui furent cornaqués par la CIA:
Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses Pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits.
Emilie Defresne
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