Après le retour discret en Italie du corps de la reine Hélène de Savoie de Montpellier, où elle était enterrée, au sanctuaire de Vicoforte, dans la province de Cuneo, le 15 décembre dernier, c’est au tour de la dépouille mortelle de son époux, le roi Victor-Emmanuel III de venir reposer en le sol natal, ce lundi 18 décembre, à côté de son épouse.
Pour leur petite-fille Marie-Gabriella de Savoie, « en ce centenaire de la Grande Guerre » ce rapatriement « est un premier pas en vue de la réhabilitation » de son grand-père qui abdiqua en mai 1946 en faveur du fils Humbert II d’Italie. Ce dernier régna un mois jusqu’au jour du référendum qui vit la victoire de la République et la fin de la monarchie le 2 juin 1946. Le couple royal est alors condamné à l’exil. Il s’installe à Alexandrie en Égypte où Victor-Emmanuel III mourra le 28 décembre 1947. Hélène de Savoie décédera en 1952 à Montpellier où elle était soignée pour un cancer. Le retour des corps en Italie fut interdit par la République italienne jusqu’en 2002, année où a été abrogée la loi sur l’exil. Ce bannissement de 70 ans vient donc de prendre fin en ce dernier mois de l’année 2017. Certains membres de la famille de Savoie et de nombreux Italiens demandent cependant le transfert du corps du roi au Panthéon à Rome où est enterré le roi Victor-Emmanuel II de Savoie, le premier roi d’Italie après son unification.
Pour toutes les officines anti-fascistes, ou simplement anti-identitaires, la communauté juive, les associations de partisans et les partis de gauche, ce retour plus de 70 ans après la fin de la deuxième Guerre Mondiale, est « inopportun ». On parle ici d’un homme mort il y a 70 ans : quel mal pourraient donc faire à l’Italie ces ossements enterrés il y a si longtemps ? Et pourtant ce corps fait peur : l’anti-fascisme craint les morts…
Noemi Di Segni, le président des communautés juives italiennes a diffusé un communiqué de protestation :
« Dans une époque marquée par la progressive perte de Mémoire et des valeurs fondamentales le retour de la dépouille du roi Victor-Emmanuel III en Italie ne meut que générer une profonde inquiétude. »
« Il faut le dire clairement, dans chaque endroit : Victor-Emmanuel fut complice de ce régime fasciste dont il ne bloqua jamais l’ascension et la violence ouvertement manifestée depuis les premiers mois de la période fasciste. Aucun tribunal ne put lui faire procès pour ces fautes si graves. Nous essayerons de combler ce vide avec des initiatives spécifiques, dans le prochain mois de janvier. Pour ceux qui aujourd’hui veulent en faire un héros ou un martyr de l’histoire, pour qui encore demande une solennelle translation au Panthéon, il ne peut y avoir qu’une réponse : aucun honneur public pour qui porte le poids des décisions qui jetèrent le discrédit et la honte sur tout le pays. L’Italie ne peut pas et ne doit pas oublier. »
Une des caractéristiques fondamentales d’une vraie civilisation est le respect pour les morts, la digne sépulture réclamée par Antigone pour le frère Polynice. Mais pas pour notre civilisation contemporaine engendrée par les tenants de la pensée unique et de l’historiquement correct ! C’est peut-être pour cela qu’ils ont tellement peur des morts… Peur qu’ils ne viennent, tels des fantômes, revendiqués leur droit à la mémoire et à la vérité !
Francesca de Villasmundo
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