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Ils se taisent pour mieux accueillir la Parole. « Fais silence, car, si tu parles, le Verbe se taira. »

« Fais silence, car, si tu parles, le Verbe se taira. »

« Note de lecture n° 06 ».

Si d’aventure certains de nos lecteurs veulent participer à cette plongée dans la belle culture française – et même étrangère – nous les invitons à se signaler à cette adresse  contact@medias-presse-info.com et à nous envoyer leurs « notes de lectures » préférées aux fins de publication sur MPI.

MPI vous propose aujourd’hui une note de lecture sur ces homme qui ne sont pas de notre temps – le temps du périssable, du corruptible. Ils sont du temps sacré où le jour d’ici fut le jour d’avant qui sera le jour d’après.

Une magnifique allégorie sur les moines dépossédés d’eux-mêmes par l’appel reçu dans leur cœur.

Qui donc a inventé la France, entrepris ses premiers défrichements, dessiné ses paysages, planté ses premières vignes, imaginé ses premiers luminaires et ses enluminures, ordonné le cérémonial de ses premiers sacres et entonne sa mélopée grégorienne ?

Ce sont ces hommes, là-bas, à flanc de coteau, qui remplissent leurs hottes de clairettes gorgées de soleil, ce ne sont pas des hommes ordinaires.

Ils sont là depuis mille ans. Ils portent, sous leur tablier, l’habit monastique de lame fruste. Le visage émacié, ils ont renoncé au monde, leur sollicitude pour les raisins pourpres est celle des vignes du Seigneur. Ils sont à leur ouvrage. Ils lèvent par instants les yeux pour remercier Dieu de tant d’abondance Ils ne se parlent pas. Ils rendent grâce, pour la fécondité d’un ordre qui porte à la joie et la paix. Ora et labora. « Prie et travaille. » II y a tant de mains pour transformer ce monde, si peu de regards pour le contempler… Travaille et prie.

Ils reviennent pour les offices du soir et regagnent dans la pénombre les stalles parmi les cierges mourants.

Déjà, ils attendent le point du jour. Ils aiment le, clartés naissantes des petits matins, les fleurs qui s’ouvrent, les premiers pépiements.

Ici, autour des absidioles, tout est à sa place : un parfum d’éternité se dégage de ces alignements de romarin, de thym et de chèvrefeuille, aux accents intemporels. En regardant le ciel, les moines dessinent les jardins de la terre.

Leur quotidien de méditation et leurs prières d’intercession en faveur de l’humanité pécheresse leur donnent à fréquenter les Évangiles qui regorgent de symboles. Ainsi s’emplit leur vie intérieure de figures de notre ici-bas. Leur vie de peine et de sueur les invite à côtoyer le bon grain de sénevé, le figuier stérile, la brebis égarée, les promesses du semeur. Autant de paraboles ! Pour le monde alentour, sur les terres hostiles où il faut défricher, déroncer, assécher, conquérir les eaux et les sols ingrats, ils sont le sel de la terre. Leur vie entière est placée sous le signe allégorique.  Loin du monde immonde, ils savent que l’effort humain par excellence doit être accompli à la cime de l’âme.

De matines à compiles, du jour qui se lève à la nuit qui tombe, c’est tout le parcours de la lumière que les moines accompagnent jour après jour, saison après saison, année après année, avant d’être ensépulturés à même la terre. Poussière redevenue poussière.

Ils ne sont pas de notre temps – le temps du périssable, du corruptible.

Ils sont du temps sacré où le jour d’ici fut le jour d’avant qui sera le jour d’après. Leur temps à eux est une abréviation du temps infini.

L’ordinaire de ces hommes dépouillés les porte à une forme de charité nouvelle. Ils se sont éloignés du monde pour le sauver. Ils se sont retirés dans les austérités du cloître pour psalmodier l’aube à venir.

Tout ce qui compose leur journée y prend valeur de liturgie. Tout y met les esprits et les cœurs en relation avec le Tout-Puissant.

Quand monte le chant grégorien sous le triforium, les anges sont là. C’est un gémissement primordial et doux. Le visiteur de l’abbatiale ralentit son pas. Il écoute. Il s’abandonne. Il est soudain ce petit enfant qui n’a plus peur. Il pousse doucement les portes du Mystère. L’écho lointain des psaumes qui s’envolent apprivoise les profondeurs surnaturelles de l’âme.

Ces moines de la Gaule mérovingienne ont préparé le jardin de tempérance qu’on appelle la France.

Jusqu’à sa mort, la reine Clotilde, qui avait conduit son mari au baptistère de la colombe blanche, s’est posé la question ultime : tout ce peuple de moines, tous ces êtres d’élite qui aspirent à fuir un monde rempli de massacres et de ruines se doutent-ils que leurs retraites vont devenir les seuls bastions de sauvegarde pour la civilisation de tout un monde ?

Car l’essentiel de la sagesse grecque et de l’ordre romain, le meilleur apport du message antique et de la révélation chrétienne se sont réfugiés dans ces monastères aux enceintes de pierres inaugurales. Grâce aux moines civilisateurs – dira-t-on plus tard -, l’Occident chrétien restera fidèle aux plus justes conquêtes de la pensée antique. L’un de leurs travaux préférés sera d’ailleurs l’embellissement des précieux manuscrits où cette pensée est enclose.

Dans la foulée du copiste qui, au secret de son encre d’or, embabouine le Livre d’azur, les fondateurs d’ordres et d’abbayes devaient enluminer la France et la couvrir d’un tapis historié de maisons-Dieu, d’écoles, de couvents, de maladreries et d’aveugleries.

Ces hommes, dépossédés d’eux-mêmes par l’appel reçu dans leur cœur, ces hommes qui, par le choix de leurs vœux éternels, ont tout perdu -jusqu’à leur prénom de baptême – pour sauver leur âme, ne parlent plus qu’en chantant. Leur seule locution du jour est un hymne ; il s’élève dans les effluves d’encens qui dessinent des arabesques a travers la lumière du levant. .

Ils se taisent pour mieux accueillir la Parole. « Fais silence, car, si tu parles, le Verbe se taira. »

Ecouter et se taire, c est ainsi qu’on va au-devant du Verbe, quand on se dépouille de soi-même pour entrer dans le mystère de l’Infini.

Ces moines aux sourires de plénitude ont apporte au monde quelque chose de plus précieux encore que le goût de l’ineffable. Ils ont retrouvé l’esprit d’enfance. C est même leur idéal monastique : devenir enfant pour entrer dans le royaume de toutes les candeurs.

La fraternité monastique incline les moines a devenir des pèlerins éphémères sous serment. Ils sont les derniers croisés de la foi jurée. La vie monastique est une conspiration de charité.

Comme l’a dit Saintignon, dans ses fameux Exercices. c’est dans les époques où les témoins de l’éternel sont les plus méconnus que leur présence est la plus tragiquement nécessaire, car ils apportent ce contrepoids d’absolu sans lequel un monde qui a choisi la matière contre l’esprit et l’homme contre Dieu glisserait sur la pente du néant.

Les monastères où monte l’ultime supplication sont peut-être, aujourd’hui, le dernier refuge français. Il faut attendre ce qui vient. Des bruits du monde, tout est perdu. De l’âme de la France, tout est sauf.

Extrait de Mémoricide , pages 3617 à 364, Philippe de Villiers.

A commander chez  : Médias Culture et Patrimoine

Joseph de KENT

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