I. Situation économique 

Comme nous l’avons analysé depuis le coup d’état de mars 2014, l’Ukraine n’a pas échappé et n’échappera pas, aux fondamentaux désastreux de son économie. La corruption explose comme jamais, alimentée par l’arrivée d’une nouvelle classe de députés et de fonctionnaires avides. Cette corruption, le chômage de masse, l’insécurité, ne constituent pourtant pas le problème principal pour Kiev. L’Ukraine est entrée définitivement dans un monde nouveau, où l’énergie ne sera plus jamais bon marché ou impayée. Non seulement Kiev doit, désormais, payer son gaz au prix du marché, mais elle doit également importer du charbon. Les mines ukrainiennes sont, soit sous le contrôle des FAN (Forces Armées de Nouvelle Russie), soit détruites par l’artillerie, que la junte a envoyée écraser les villes du Donbass, en avril dernier. Les centrales électriques au charbon ferment ainsi, les unes après les autres. Après une importation de charbon sud-africain, déjà remise en cause pour fait de corruption, Kiev s’est finalement résignée à en acheter en Russie et même en Nouvelle Russie. La Pologne, bien qu’elle exige de la Russie des livraisons gratuites de gaz, a refusé de livrer son charbon sans être payée. La situation économique de l’Ukraine est sans issue et devrait être la principale cause de l’implosion complète du pays, qui devrait aboutir, non plus à sa fédéralisation, mais à sa féodalisation.

II. Situation politique 

A cette situation économique catastrophique, s’ajoute une situation politique délirante. Le trucage des dernières élections a empêché le bloc Porochenko d’obtenir la majorité absolue à la Rada. Arrivé en seconde position derrière le « Narodny Bloc » de Iatsenouk, il parvient malgré tout à obtenir 132 députés contre 82 au parti de l’actuel Premier Ministre, grâce à un scrutin qui mélange proportionnel et majoritaire. Aux partis politiques représentés, s’ajoutent 96 députés indépendants, qui font l’objet de tractations où l’intérêt de l’Ukraine n’entre pas en considération. Les élections sont d’ailleurs remises en cause par Kiev même, notamment dans la région où Igor Kolomoïski a fait élire Dmitro Iarosh, son fidèle néo-nazi domestique.

Parmi les nouveaux députés, se trouvent de nombreux chef de bataillons de représailles, tous impliqués dans de nombreux crimes de guerre, à mi-chemin entre le hooliganisme et le national-socialisme. Ces dépositaires officiels de la violence illégale devraient rendre le travail de la Rada, tout simplement impossible.

Cet état de fait explique la déclaration du Président Porochenko, qu’il n’y aura aucun accord de coalition avant un mois. Toute cette cuisine électorale rend la situation économique du pays, encore plus intenable, et conduira l’Union Européenne à laisser tomber, tôt ou tard, son ex-futur « partenaire ».

III. Situation militaire 

Le fait que Porochenko soit obligé de négocier une coalition et que la Rada compte un nombre excessif de néonazis, enlève tout espoir de voir les  pro-occidentaux comparaître pour leurs crimes. Les snipers de Maidan peuvent dormir tranquille, ainsi que les responsables du massacre d’Odessa, et de la destruction des villes et des habitants du Donbass. Ces procès étaient pourtant nécessaires pour réconcilier le sud-est de l’Ukraine avec l’ouest. Dans le Donbass, « Ukrainien » est devenu une insulte, et l’on parle désormais d’ « Ukrofascistes » ou d’« Ukrowehrmacht », pour qualifier les forces armées ukrainiennes. Chaque charnier découvert après la fuite des unités néo-nazies, chaque civil tué sous les bombes des bataillons de représailles, chaque témoignage de prisonniers torturés (ici un rebelle marqué par une croix gammée au fer rouge), creusent davantage un fossé entre l’ouest et le sud-est, qu’il est devenu impossible de combler.

Ce n’est pas la trêve, qui empêche l’état-major ukrainien, sous commandement américain, de lancer une nouvelle offensive, mais la peur d’affronter de nouveau les pères de famille du Donbass. Il ne reste donc aux unités de représailles que les bombardements sur les civils et sur les infrastructures, pour que le Donbass serve d’exemple aux autres régions d’Ukraine, tentées par la révolte contre l’état policier mis en place par Iatsenouk et Avakov. Cette politique de la terre brûlée poussera en outre les rebelles à attaquer, pour repousser l’artillerie à 30 km de Donetsk et de sa banlieue. Les FAN doivent désormais obtenir par la force, ce qui était convenu dans les accords de Minsk. Cela permettra à Washington, Berlin et aux bataillons de journalistes français et allemands d’accuser Moscou.

L’Ukraine, telle que nous l’avons connue, jusqu’en mars 2014, disparaît peu à peu, détruite par l’ignorance et l’hybris des occidentaux. L’Union Européenne finira par abandonner cet état avorté. Washington maintiendra une situation de guerre civile, le plus longtemps possible, pour affaiblir la Russie et le reste de l’Europe. A la fin les régions qui voudront survivre et retrouver un semblant de prospérité se tourneront vers la « Mère Russie », comme toujours…

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X MXavier Moreau  est Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonnes, spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide.

Fondateur d’une société de conseil en sûreté des affaires, installé en Russie depuis 14 ans, travaillant également sur l’Ukraine, le Kazakhstan et la Serbie.

Il est l’auteur de la « Nouvelle Grande Russie »

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