Pendant que les revanchards afro-centristes se plaignent du colonialisme occidental, la Chine colonise leur continent en toute discrétion. Sur les derniers mois, si on en croit les déclarations faites par le vice-ministre chinois du commerce, Qian Keming, lors de sa conférence de presse du 28 août, la présence chinoise en Afrique s’est renforcée. En 2017, le volume d’échange entre la Chine et l’Afrique a été de 170 milliards de $ en 2017 (soit 14 % d’augmentation), faisant de la Chine le premier partenaire commercial de l’Afrique pour la neuvième année consécutive. Pour le premier semestre 2018, l’augmentation est même de 16 % pour une somme totale de 98.8 milliards $.

L’économie de l’Afrique sub-saharienne est très dépendante de la Chine. 7 pays africains sont ainsi quasiment sous contrôle économique chinois : l’Angola, le Congo, l’Erythrée, la Gambie, la Guinée, la Mauritanie et le Soudan du Sud.  8 autres pays sont en état de dépendance très élevée : la Centrafrique, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Niger, la Sierra Leone, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. 7 pays sont en état de dépendance élevée : Ethiopie, Guinée, Guinée Equatoriale, Mali, Mozambique, Tchad et Togo. Pays en état de dépendance moyenne : Afrique du Sud, Bénin, Cameroun, Liberia, Madagascar, Malawi, Rwanda, Sénégal et Tanzanie. Seuls trois états africains ne sont que très faiblement dépendants économiquement de la Chine : Djibouti, la Guinée Bissau et le Swaziland. Si en 1996 la Gambie était le seul état africain dont la Chine était le premier partenaire, en 2015, il faut y ajouter l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Burundi, le Cameroun, le Congo, la République démocratique du Congo, Djibouti, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Liberia, la Libye, Madagascar, le Nigeria, le Rwanda, la Sierra Leone, le Soudan, la Tanzanie et le Togo.

Chaque année, les Chinois investissent 3 milliards par an en Afrique depuis 3 ans, notamment dans le cadre du lancement des « 10 principaux programmes de coopération » entre la Chine et l’Afrique lors du Forum sur la coopération sino-africaine à Johannesburg en décembre 2015, qui permettra à terme à l’Afrique de disposer de 30 000 km de nouvelles routes, de 85 millions de tonnes de capacité portuaire par an, de plus de 9 millions de tonnes de capacités de traitement de l’eau potable chaque année, 20 000 mégawatts de capacités de production d’électricité et plus de 30 000 kilomètres de lignes de transmission et de transformation d’énergie pour la création de 900 000 emplois locaux pour les pays africains. Ils permettront en outre, la formation de plus de 40 000 fonctionnaires et techniciens africains en Chine sans compter les 200.000 professionnels formés localement dans les 20 centres régionaux d’enseignement professionnel et instituts de renforcement des capacités en Afrique.

Brève revue de détail des investissements nés de l’édition 2018 du Forum sur la coopération sino-africaine :

Egypte : 24 % d’augmentation des échanges commerciaux au premier semestre 2018, avec 34 % d’augmentation pour les exportations égyptiennes vers la Chine et 22,6 % pour les importations. Signature de 3 contrats Le premier contrat prévoit d’investir 830 millions $ pour créer une zone industrielle textile offrant plus de 10 000 emplois. Le deuxième contrat pour établir une usine de production de plaques de plâtre, avec des investissements de 125 millions $ pour environ 300 emplois. Le troisième pour un projet de production et de fourniture de produits non tissés et des matériaux modernes, avec un investissement total d’environ 50 millions $ pour environ 300 emplois. Les investissements totaux de ces contrats se situent à 1,005 milliard $ pour 10 600 emplois directs et seront réalisés dans la zone industrielle TEDA-Suez à Ain el-Sokhna, une zone industrielle égypto-chinoise qui doit s’étendre sur 7,34 kilomètres carrés dans la zone économique du canal de Suez, avec une première phase déjà achevée. De plus, trois banques publiques chinoises (China Development Bank (CDB), l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et China Exim Bank) vont injecter 2 milliards $ dans le projet de la nouvelle capitale administrative, projet conçu comme « le Singapour africain », du moins par la taille, située à 48 km à l’est du Caire, nécessitant 45 milliards d’investissements et devant ncomprendre, à terme, 20 quartiers résidentiels abritant 7 millions de personnes, des gratte-ciel, un aéroport international plus grand que celui de Heathrow (Londres), une tour plus haute que la tour Eiffel, un parc public semblable au Central Park de New York et un parc d’attraction « quatre fois plus grand que Disneyland ».

Togo : Dans la logique de sa politique de développement voulant faire de son pays la Suisse de l’Afrique de l’Ouest, le chef d’état togolais Faure Gnassingbé a annoncé les 23 et 25 août tant sur les ondes de la télé chinoise CGTN que dans les colonnes de Jeune Afrique que le Togo demandait l’implantation ders usines chinoises projetées d’être délocalisées.

Ethiopie : 1450 bourses d’études accordées à des Ethiopiens pour étudier en Chine depuis janvier. Ils font part d’un programme de formation de 200 000 spécialistes africains, dont 40 000 en Chine.

Ouganda : la China Railway Group obtient un contrat de 110 millions $ pour un projet de construction d’une tour de bureaux de 32 étages à Kampala, faisant parti d’un projet gouvernemental de la Caisse nationale de sécurité sociale (NSSF) du pays devant mobiliser 600 millions $ dans la construction d’immeubles de bureaux et dans la mise en place de lotissements.

Soudan : accords dans le secteur pétrolier entre Khartoum et Beijing afin d’intensifier la production soudanaise en réparant les installations détruites lors de la guerre civile afin d’éponger les 2 milliards de dette dont les Soudanais sont redevables aux Chinois.

Liberia : 54 millions $ d’investissements chinois pour la construction d’infrastructures à Monrovia et pour une aide alimentaire d’urgence.

Angola : Angola : 11 milliards $ de la Chine pour financer 78  projets de développement, principalement dans le secteur des infrastructures, et ce malgré une dette angolaise se montant à 23 milliards de $ vis-à-vis du Céleste Empire.

Afrique du Sud ; les Chinois lorgnent sur les terres agricoles sud-africaine, le gouvernement raciste noir leur ayant promis de nombreuses cessions de fermes une fois les blancs exterminés.

Lors du forum Chine-Afrique, le dictateur Xi Jinping a donné le 3 septembre une liste de huit initiatives pour le continent lors des trois prochaines années : la connectivité des infrastructures, la promotion industrielle, la facilitation du commerce, le développement écologique, le renforcement des capacités, la santé, les échanges humains et culturels, ainsi que la paix et la sécurité.

Dans un domaine moins pacifique, les exportations d’armes chinoises en Afrique ont crû de 55% entre 2013 et 2017 selon un rapport de l’entreprise Exx Africa, faisant passer la part de la Chine en tant que fournisseur de 8,6 % à 17 %. Les armes sont, on s’en doutait, acheminées vers les zones de conflits du continent (Somalie, Soudan, Soudan du Sud), notamment celles sous embargo, avec pour plaque tournante Djibouti.

Il a été annoncé le 23 septembre que pour contrer la Chine, les Etats-Unis vont créer une institution financière – l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) – dotée de 60 milliards $ pour contrer son influence dans les pays en développement, nouvelle étape de la guerre larvée que se livrent Oceania et Estasia. Le Céleste Empire ont trouvé en Donald John Trump un adversaire à leur (dé)mesure.

Hristo Xiep

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