Sergej Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, et le cardinal Piero Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège responsable de la diplomatie vaticane, se sont rencontrés à l’ONU en marge de l’Assemblée générale, qui se tient du 13 au 26 septembre à New-York.
Cette Assemblée a vu s’affronter en paroles les deux vrais adversaires de cette guerre russo-ukrainienne : les Etats-Unis et la Fédération de Russie. Des « coups » métaphoriques ont volé entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a justifié l’intervention en Ukraine comme « inévitable » à cause de ce qu’il a qualifié d’ « activités antirusses et criminelles » menées par le « régime de Kiev ». De son côté, leur homologue ukrainien Dmytro Kuleba a déclaré qu’ « aucun mot ne peut arrêter les forces russes, ce qui peut les arrêter sont seulement les armes ».
Alors que les représentants de Londres et de Bruxelles ont fait bloc en faveur de la défense militaire de Kiev, Pékin n’a cessé d’insister sur la nécessité de reprendre la voie diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a demandé de « promouvoir la paix et le dialogue » car une escalade « n’est dans l’intérêt de personne ». Un appel donc aux gouvernements occidentaux à ne pas isoler Moscou sur le plan diplomatique.
Un appel exprimé pareillement par le Saint-Siège. La rencontre entre ces deux géants de la diplomatie confirme la ligne de François de ne pas rompre avec Moscou, en essayant de toujours laisser un canal de dialogue ouvert. Le dialogue en toute circonstance, « parce qu’il y a toujours la possibilité que dans le dialogue on puisse changer les choses », avait souligné le Pape François arguant que sinon cela finit par fermer « la seule porte raisonnable à la paix » devant les journalistes dans le vol qui le ramenait de son récent voyage apostolique au Kazakhstan, répondant à une question sur ce qui guidait habituellement le processus diplomatique du Saint-Siège en ces mois de guerre russo-ukrainienne. Une voie qui, pour le Saint-Siège, vaut d’autant plus la peine d’être empruntée face à la menace nucléaire.
Les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Fédération de Russie remontent à 2009 et ont représenté l’aboutissement d’un parcours complexe qui a commencé à l’époque de Jean-Paul II et de Mikhaïl Gorbatchev. La présence d’un nonce apostolique auprès de la Fédération, Monseigneur Giovanni D’Aniello, permet d‘entretenir une relation directe entre Moscou et Rome. Par ailleurs, sous la Secrétairerie d’État, il y a aussi l’un des hommes qui a le plus contribué à l’établissement des relations officielles Russie-Vatican après des années de tensions, l’expert Monseigneur Antonio Mennini, ancien premier nonce apostolique là-bas, qui parle couramment le russe et auquel le président russe de l’époque, Dmitri Medvedev, a décerné l’Ordre de l’amitié pour son engagement dans le dégel entre Rome et Moscou.
Le Saint-Siège est ainsi devenu un interlocuteur connu et respecté pour le Kremlin et cela peut être une ressource importante à un moment où le choc avec l’Occident semble s’enflammer.
Francesca de Villasmundo
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