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Régionales 2021, le RN pasteurisé en recul

Abstention massive pour ce premier tour des Régionales 2021, hier dimanche 20 juin. Et un Rassemblement National en perte de vitesse. Comme quoi, la « pasteurisation » du discours politique et la stratégie de dédiabolisation voulues par Marine Le Pen ont eu l’effet inverse de celui escompté : cela a entraîné la fuite de l’électorat.

Le RN est en recul quasiment partout en France malgré un contexte d’invasion migratoire, d’insécurité et de crise économique qui aurait dû mobiliser les électeurs. Selon un sondage IFOP, 71% des électeurs au premier tour de Marine Le Pen en 2017 se sont abstenus. Mais ce désengagement des Français à l’égard du RN ns peut s’expliquer uniquement par l’abstention.

La perte d’un nombre considérable de conseillers régionaux ces dernières années laisse des traces : sur les 257 conseillers régionaux RN élus en 2015, 101 ont claqué la porte avant le scrutin de ce week-end, de même qu’un tiers des conseillers municipaux lepénistes élus en 2014 avait déjà démissionné en 2017. Autant de relais perdus auprès des électeurs. 

La « normalisation » du discours politique, pour le rendre surtout compatible avec l’électorat de Fillon et des Républicains, a lui-aussi produit un effet de rejet chez l’électorat traditionnel de l’ancien Front National.

Ni Mariani, issu de la « droite molle », ni Kotarac, transfuge de la France Insoumise, ni Sébastien Chenu, ex-UMP et inverti, n’ont rassemblé. Ainsi dans les Hauts-de-France, ce dernier encaisse seize points de moins que Marine Le Pen en 2015. En 2015 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, Christophe Boudot, un proche de Bruno Gollnisch, élu FN depuis 1995, enregistrait 22,55 % des voix. Dimanche, le RN soutenait un ‘Parti localiste’ créé de toutes pièces pour dire que le RN n’est pas isolé, avec Andréa Kotarac. Le score tombe à 12,33 %. Thierry Mariani est certes en tête (35,5 %) de la région PACA, mais loin derrière le score que lui avaient promis les sondages (41%), et loin derrière le niveau de Marion Maréchal au premier tour de 2015 (40,55 %). En Occitanie, même constat : en 2015, Louis Aliot, militant au FN depuis 1990, rassemblait 31,83%. Dimanche, Jean-Pierre Garraud, ancien juge, venu de la droite, censé notabiliser le vote RN,  a eu moins de 23%. En Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul est devancé par la sortante PS Marie-Guite Dufay qui récolte 26,2 %. Dans le Grand Est, avec 21,12% des voix, Laurent Jacobelli arrive en 2ème position à plus de 10 points derrière l’actuel président de région, le candidat LR Jean Rottner. 

Comme l’analyse fort justement un ancien député européen du Front National, le politologue Jean-Yves Le Gallou, « la pasteurisation du RN s’avère un désastre : en contexte d’abstention seuls les discours forts sont audibles » :

« Au cours de cette campagne le RN de MLP n’a cessé de donner des gages : désaveu des identitaires (Poitiers, Escufon) ; absence sur les votes sociétaux au Parlement ; affirmation selon laquelle un islam républicain serait possible ; soumission à une assesseur voilée ».

« Le mal qui frappe le RN, peut-on lire dans un tweet, est le même qui avait frappé la droite : un fossé entre un électorat qui se radicalise et un parti qui se modère à outrance. »

Francesca de Villasmundo

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