Le RN est en recul quasiment partout en France malgré un contexte d’invasion migratoire, d’insécurité et de crise économique qui aurait dû mobiliser les électeurs. Selon un sondage IFOP, 71% des électeurs au premier tour de Marine Le Pen en 2017 se sont abstenus. Mais ce désengagement des Français à l’égard du RN ns peut s’expliquer uniquement par l’abstention.
La perte d’un nombre considérable de conseillers régionaux ces dernières années laisse des traces : sur les 257 conseillers régionaux RN élus en 2015, 101 ont claqué la porte avant le scrutin de ce week-end, de même qu’un tiers des conseillers municipaux lepénistes élus en 2014 avait déjà démissionné en 2017. Autant de relais perdus auprès des électeurs.
La « normalisation » du discours politique, pour le rendre surtout compatible avec l’électorat de Fillon et des Républicains, a lui-aussi produit un effet de rejet chez l’électorat traditionnel de l’ancien Front National.
Ni Mariani, issu de la « droite molle », ni Kotarac, transfuge de la France Insoumise, ni Sébastien Chenu, ex-UMP et inverti, n’ont rassemblé. Ainsi dans les Hauts-de-France, ce dernier encaisse seize points de moins que Marine Le Pen en 2015. En 2015 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, Christophe Boudot, un proche de Bruno Gollnisch, élu FN depuis 1995, enregistrait 22,55 % des voix. Dimanche, le RN soutenait un ‘Parti localiste’ créé de toutes pièces pour dire que le RN n’est pas isolé, avec Andréa Kotarac. Le score tombe à 12,33 %. Thierry Mariani est certes en tête (35,5 %) de la région PACA, mais loin derrière le score que lui avaient promis les sondages (41%), et loin derrière le niveau de Marion Maréchal au premier tour de 2015 (40,55 %). En Occitanie, même constat : en 2015, Louis Aliot, militant au FN depuis 1990, rassemblait 31,83%. Dimanche, Jean-Pierre Garraud, ancien juge, venu de la droite, censé notabiliser le vote RN, a eu moins de 23%. En Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul est devancé par la sortante PS Marie-Guite Dufay qui récolte 26,2 %. Dans le Grand Est, avec 21,12% des voix, Laurent Jacobelli arrive en 2ème position à plus de 10 points derrière l’actuel président de région, le candidat LR Jean Rottner.
Comme l’analyse fort justement un ancien député européen du Front National, le politologue Jean-Yves Le Gallou, « la pasteurisation du RN s’avère un désastre : en contexte d’abstention seuls les discours forts sont audibles » :
« Au cours de cette campagne le RN de MLP n’a cessé de donner des gages : désaveu des identitaires (Poitiers, Escufon) ; absence sur les votes sociétaux au Parlement ; affirmation selon laquelle un islam républicain serait possible ; soumission à une assesseur voilée ».
« Le mal qui frappe le RN, peut-on lire dans un tweet, est le même qui avait frappé la droite : un fossé entre un électorat qui se radicalise et un parti qui se modère à outrance. »
Francesca de Villasmundo
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