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Querelle maçonnique entre la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa et l’ex-journaliste Françoise Laborde

Les querelles étalées sur le réseau social Twitter peuvent parfois être très révélatrices. Dans le cas présent, un désaccord public entre la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité femme-homme, Marlène Schiappa, et l’ancienne présentatrice du journal télévisé Françoise Laborde, a permis de confirmer que toutes les deux sont « sœurs » au sein de la franc-maçonnerie.

Marlène Schiappa, celle qui voudrait interdire la diffusion de la messe à la télévision, a diffusé le 28 juin ce tweet apparemment anodin : « Nos politiques publiques d’égalité femmes hommes doivent être adaptées à la spécificité de chaque territoire. » Le lecteur « profane » n’y voit rien de particulier. Mais cela déclenche rapidement un échange vif entre « initiés » à la franc-maçonnerie.

L’opposition vient tout d’abord de Françoise Laborde. Celle-ci n’est pas une inconnue. Elle a présenté les journaux télévisés sur France 2, puis a siégé au Conseil supérieur de l’audiovisuel de 2009 à 2015. Elle est membre du Haut Conseil à l’Egalité et préside le réseau « Pour les Femmes dans les Médias ».

Françoise Laborde préside aussi le Club des Amis du Refuge qui regroupe les parrains et marraines médiatiques et fortunés de l’association pour LGBT Le Refuge.

Françoise Laborde s’y retrouve en compagnie de Jean-Luc Romero, militant homosexuel et aussi président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui milite pour l’euthanasie.

Cela n’empêche pas les naïfs de croire que Françoise Laborde est une bonne chrétienne. Sur le photo de son profil Twitter, elle arbore une croix autour du cou. Et elle s’affiche même à quelques activités caritatives en faveur des chrétiens d’Orient.

Mais il faut se méfier des apparences destinées à tromper les gogos.

Car Françoise Laborde est bien franc-maçonne. Et lorsqu’elle s’adresse à Marlène Schiappa, également franc-maçonne, elle le fait en langage maçonnique, utilisant un vocabulaire codifié selon le rituel de la franc-maçonnerie.

Lorsque Françoise Laborde termine un tweet par « J’ai dit », c’est la phrase rituelle par laquelle un franc-maçon conclut une « planche », c’est-à-dire un bref exposé dans le cadre d’une « tenue », terme utilisé pour une réunion réservée aux francs-maçons.

Les autres intervenants du dialogue que l’on peut retrouver ci-dessous utilisent également le vocabulaire maçonnique.

L’intervenant au pseudonyme Cincinnatus écrit : « Il faut continuer le combat de l’universalité avec force et vigueur », autre formule rituelle utilisée quand une réunion maçonnique a été interrompue et qu’elle reprend. Le « Vénérable Maître » prononce alors les mots : « Les travaux reprennent force et vigueur ». La réplique de Françoise Laborde « Surtout pour qui sait épeler ! » est une allusion maçonnique supplémentaire, confirmant qu’elle s’adresse à l’une de ses « sœurs » maçonnes, ici Marlène Schiappa.

 

 

 

Le dénommé Cincinnatus termine d’ailleurs par : « C’est bon, on a compris le message « lumineux », inutile de défoncer « la porte du temple » ».

L’échange en question est perçu comme une illustration d’une querelle maçonnique.

Le magazine La Vie écrit à ce sujet :

Une telle entorse publique à l’étiquette maçonnique est révélatrice des tensions qui agitent la franc-maçonnerie dite « adogmatique », celle qui, du Grand Orient de France à la Grande Loge féminine de France en passant par la Grande Loge de France, se préoccupe de sujets sociétaux. Car la rupture est désormais consommée entre « anciennes » (féministes universalistes, pour qui les droits de la femme sont inaliénables, quelles que soient les cultures et les époques) et « modernes », pour qui le féminisme doit s’adapter à chaque culture sous peine de n’être qu’un avatar du colonialisme. Ce second féminisme, dont se réclame plus ou moins ouvertement la nouvelle secrétaire d’État, défend par exemple le droit à l’autodétermination des femmes musulmanes, afin que celles qui souhaitent porter le voile intégral le puissent, quand les premières veulent l’interdiction du vêtement controversé. En un mot, une femme musulmane voilée à qui on demande de retirer son voile est-elle une victime aliénée du sexisme à caractère religieux que l’on libère ou une musulmane consciente des implications de son geste dont on viole la conscience avec un paternalisme colonialiste ?

Parce qu’il touche à deux sujets fondamentaux pour la gauche – la laïcité et le féminisme –, le sujet est explosif dans tous les organisations se réclamant du progressisme. Au Parti socialiste, le candidat malheureux à la présidentielle, Benoît Hamon, penchait plutôt du côté des néoféministes, comme l’écrasante majorité des cadres de son parti. Le candidat Macron s’était bien gardé, de son côté, d’aller si loin dans l’analyse : il s’était contenté de reprendre le plus petit dénominateur commun des deux féminismes (accès sans frein à la contraception et à l’IVG) ; mais sa conception anglo-saxonne de la laïcité le rapproche là aussi des néoféministes.

Il semble que la ligne de fracture séparant néo-laïcs et néo-féministes d’un côté, et laïcs et féministes old school de l’autre passe aussi par les obédiences. Les premières seraient plutôt à la Grande Loge féminine de France, où le féminisme historique serait supplanté au niveau des instances de gouvernement par des représentantes du néo-féminisme. Le dernier Convent (assemblée générale annuelle) de la GLFF aurait ainsi été houleux, un appel à soutenir Benoît Hamon ayant été évité de justesse par les « historiques ». Les seconds seraient plus présents au sein du Grand Orient de France, désormais mixte.

 

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