Berlusconi (1936-2023) est décédé à Milan d’une leucémie et d’une pneumonie le 12 juin dernier. Il était né dans la même ville.
Son plus grand mérite, dans le domaine moral, est probablement d’avoir contribué au rejet au référendum initié par les Démocrates de gauche (Democratici di sinistra) le 12/6/2005 pour abroger les restrictions que Berlusconi et les autres partis de sa coalition avait mis en place pour limiter la recherche clinique et expérimentale sur les embryons et limiter l’accès à la procréation médicalement assisté en fonction des finalités poursuivies et des personnes pouvant y prétendre.
Berlusconi avait alors appuyé l’Eglise catholique dans sa stratégie qui consistait à faire rejeter le référendum par une abstention supérieure à 50% plutôt que par un appel à voter non, la première option ayant beaucoup plus de chances d’être atteinte que la deuxième.
C’est effectivement ce qui s’est passé. L’abstention avait atteint 74,0% et même dans le fief des démocrates de gauche (l’Emilie-Romagne), l’abstention avait atteint, selon les questions (il y en avait quatre relatives aux deux sujets évoqués), 58,3 à 58,4%. Cela a donc été une victoire pour les catholiques et la coalition de Berlusconi.
La deuxième, dans le domaine politique, est d’avoir ouvert la voie à l’alliance d’un parti du centre-droit (Forza Italia, qu’il a créé en 1994 lors de son entrée tardive en politique) avec l’Alleanza nazionale (Alliance nationale) et la Lega Nord (Ligue du Nord), c’est-à-dire avec un parti nationaliste et un parti régionaliste opposé à l’immigration massive. C’est beaucoup grâce à cette ancienne alliance que Fratelli d’Italia (parti héritier d’Alleanza nazionale) dirige la coalition au pouvoir actuellement en Italie.
Ce type d’alliance, toujours refusé en France et en Allemagne, a été accepté en Pologne dès 2005 (Alliance de Droit et Justice, de la Ligue des Familles polonaises et de Samoobrona (Auto-défense)), puis en Suède, en Finlande et en Espagne (dans 3 régions continentales: Castille et Léon en 2022, Valence et Estrémadure en 2023).
Aujourd’hui, les conservateurs nationalistes ou nationalistes conservateurs dirigent la Hongrie, la Pologne, l’Italie, participent au gouvernement de Finlande et soutiennent le gouvernement suédois. Il sont aussi influents dans les autres pays d’Europe de l’Est, en France, en Allemagne et en Norvège.
Le troisième mérite de Berlusconi, en économie, est d’avoir diminué les impôts, notamment sur les entrepreneurs, avec la flat-tax (imposition sur les entreprises de seulement 5% dans les 5 premières années d’activité, puis 15% ensuite, sur un coefficient de revenu variant de 40 à 78% du chiffre d’affaires selon les professions).
Ce type d’impôt a été adopté par d’autres pays, avec des variantes.
Enfin, le 4e mérite de Berlusconi est d’avoir rapproché la Russie de l’Occident lors des accords de Pratica di Mare (28 mai 2002) qui ont associé la Russie aux réunions du Conseil de l’Otan concernant la lutte contre le terrorisme international.
Malheureusement, ce rapprochement si souhaitable est bien oublié aujourd’hui.
A noter que les 25 et 26 juin, deux semaines après la mort de Berlusconi, sa coalition a remporté une belle victoire dans la région de Molise (62,2% pour le candidat à la présidence de la région, ROBERTI Francesco) et 64,6% au total pour les partis qui le soutenaient lors des élections au scrutin de liste pour élire les conseillers régionaux.
Que Dieu protège l’Italie et la France.
Gontran PAUME
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