Nos confrères de La Lettre à nos frères prêtres publient l’analyse réalisée par Jean-Yves Camus (1) et parue dans Le Figaro des 25 et 26 mai 2024.

Durant le week-end de Pentecôte, la Fraternité Saint-Pie X a organisé un pèlerinage de Chartres à Paris, comme elle le fait depuis de longues années. Des milliers de marcheurs se sont adonnés à la prière, à la méditation, au sacrifice, autour du saint sacrifice de la messe et de la doctrine pérenne de l’Église.

Au même moment, un autre pèlerinage, de Paris à Chartres, se déroulait également autour de la liturgie traditionnelle. Les pèlerinages simultanés ont rassemblé à eux deux près de 26 000 marcheurs :
18 000 pour la Fraternité Saint-Pierre et ses alliés,
8 000 pour la Fraternité Saint-Pe X et les communautés amies

MPI vous propose la lecture de cette analyse assez “originale” et même, parfois, assez “indulgente”, voir “admirative” par les temps qui courent.

Article de la LNFP :

Camus est un spécialiste (assez sérieux) de la fameuse « extrême-droite ». Par ailleurs, il s’est converti du catholicisme à un judaïsme observant, ce qui peut expliquer au moins en partie son attention à une démarche spirituelle. Nous publions ici les remarques

les plus générales de ce texte, qui nous paraissent dignes d’attirer l’attention.

« Le pèlerinage de Pentecôte (…) a confirmé l’existence d’un catholicisme traditionnel qui se montre à l’extérieur avec une vigueur certaine. C’est ce qui est apparu, sur place, à l’auteur de ces lignes, observateur extérieur puisque non chrétien, mais néanmoins attentif aux débats qui traversent le catholicisme français. (…) Ce qui frappait au premier abord était la ferveur émanant des fidèles, dont les organisateurs situent l’âge moyen à 20 ans. Ce qui indique qu’ils détiennent une partie conséquente de l’avenir du catholicisme, puisqu’ils donneront des fidèles, des élèves du catéchisme et, sans doute, des vocations. L’un des enjeux de l’avenir est donc de savoir comment l’Église pourra à la fois poursuivre dans les orientations de l’actuel pontificat, et laisser une place à la sensibilité traditionaliste. Or celle-ci se sent blessée par les restrictions apportées en 2021 à la célébration selon le rite extraordinaire, auquel Benoît XVI avait redonné reconnaissance et visibilité. Quand on voit la foule de Chartres, on comprend qu’il serait imprudent pour l’Église de laisser se creuser le fossé entre Rome et les fidèles de tradition. D’autant plus que tout un tissu associatif, un gros contingent du scoutisme et tout le réseau des écoles catholiques (…) sont présents dans le cortège et sont autant de forces vives.

« Mais, m’a-t-on dit, ne voyez-vous pas que ces gens sont d’extrême droite ? Que leur propos est politique et qu’ils épousent un catholicisme “identitaire” ? Cette interprétation prend la partie pour le tout. (…) La foule des pèlerins était nettement plus diverse, avec des marcheurs plus intéressés par l’expérience spirituelle que par la politique. Que les fidèles de la tradition soient, dans leur grande majorité, politiquement conservateurs et opposés aux grandes réformes sociétales qui vont à l’encontre de l’enseignement de l’Église, c’est certain. Mais s’opposer au projet de loi sur la fin de vie n’est pas une preuve d’extrémisme : c’est être fidèle au magistère de l’Église. Le problème majeur de la perception du pèlerinage de Chartres à l’extérieur du milieu “tradi” tient d’ailleurs à ce que les mots “magistère”, “doctrine”, “tradition” sont devenus incompréhensibles. Pour les athées, cela s’entend ! Mais même pour des catholiques “culturels”, la cohérence des tenants de la tradition est vue comme un anachronisme, alors qu’elle est juste le refus de voir le dépôt de la foi ballotté au gré du vent de l’adaptation au monde, ce faux impératif qui détermine si vous êtes un (bon) progressiste ou un (méchant) réactionnaire.

« Certes, il existe des tensions entre le programme des organisateurs et un État constitutionnellement laïc. (…) « La réalisation, dans la vie de la cité, de la royauté du Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines », objectif d’ailleurs énoncé par le catéchisme de l’Église, doit être poursuivie sans raviver les anciennes fractures religieuses. (…) Il serait dommage que cette affirmation, somme toute classique, du rôle éminent de la foi chrétienne dans l’identité nationale occulte la dimension spirituelle de l’événement que j’ai vu.

« Mon impression personnelle est d’avoir rencontré des hommes et femmes en quête. De réflexion sur le sens de leur vie, puisqu’ils étaient appelés à méditer sur les fins dernières. D’enracinement, non pas dans une identité ethnique, mais dans une liturgie et des rites pluriséculaires qui les relient aux sources mêmes du christianisme. Observateur extérieur encore une fois, j’ajoute que la beauté du rite traditionnel ne me semble pas faire de ceux qui le pratiquent de simples esthètes. La forme conditionnant le fond, il existe une majesté, une gravité, une solennité du rite ancien qui donne l’impression à beaucoup de fidèles de participer à une messe qui est vraiment un Saint Sacrifice et non une simple assemblée communautaire. Bref, Chartres est une manifestation de la puissance d’attraction que conservent le rite ancien et la doctrine traditionnelle, dont on doit constater qu’ils suscitent des conversions ».

Source : Lettre à nos frères prêtres n° 102 – Juin 2024

Fabien Laurent

(1) Jean-Yves Camus est un spécialiste de la fameuse « extrême-droite ». Par ailleurs, il s’est converti du catholicisme à un judaïsme observant, ce qui peut expliquer – au moins en partie – son attention à une démarche spirituelle.

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