Une photo circule sur les réseaux sociaux. Elle a été prise il y a quelques jours à peine. On y voit le président Emmanuel Macron prendre la pose avec en mains le livre Homo deus dont l’auteur, Yuval Noah Harari, se tient juste à côté.
Qui est Yuval Noah Harari, dont Emmanuel Macron semble apprécier la lecture ?
Né le 24 février 1976, ce professeur israélien enseigne l’histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est homosexuel, ce qui lui permet selon lui « de remettre en question les idées reçues« , et vit avec son « mari » et manager Itzik Yahav dans le moshav (communauté agricole coopérative) Mesilat Zion près de Jérusalem.
Il a d’abord écrit – en hébreu – Sapiens qui se veut « une brève histoire de l’humanité« . Il fait maintenant la promotion de sa suite Homo Deus, présentée comme « une brève histoire de l’avenir« . Sa lecture est recommandée par Mark Zuckerberg, Barack Obama et Bill Gates.
Dans un entretien publié par Der Spiegel, Yuval Noah Harari affirme que «Les hommes deviendront des dieux…».
Selon lui, les nouvelles technologies vont faire naître l’Homo deus, un «surhomme» qui évincera l’Homo sapiens. C’est l’avenir version transhumaniste.
« On parle d’un humain possédant des facultés traditionnellement réservées aux dieux. Nous en avons déjà une bonne partie, au point que l’homme actuel pourrait déjà apparaître comme un dieu aux yeux de ses ancêtres. Autrefois, les hommes attendaient de leurs dieux des solutions à leurs problèmes pratiques. On tombait malade, on priait Dieu. Il ne pleuvait pas assez, on priait. De nos jours, la science et le progrès technique ont, pour la plupart des problèmes, des solutions bien meilleures que des dieux peu fiables.»
« La principale faculté du Créateur est de créer la vie. C’est justement à ça que l’on travaille. Je crois qu’au XXIe siècle les principaux produits de l’économie ne seront plus les biens matériels mais les corps, le cerveau et la conscience, autrement dit la vie artificielle.»
« L’Homo deus a trois façons de passer au niveau supérieur: la bio-ingénierie, les cyborgs et la vie anorganique. Si ça marche, nous serons des dieux.»
« La biotechnologie se limite à la vie organique, mais en mode turbo. (…) La deuxième voie est plus radicale. Elle combine la vie organique avec des appareils anorganiques: yeux, oreilles, membres bioniques. Aujourd’hui déjà, des patients paralysés peuvent mouvoir des membres bioniques par le seul pouvoir de la pensée. On peut acheter sur la Toile, pour quelques centaines de dollars, des casques qui lisent les signaux électriques du cerveau et servent à la domotique: il suffit de penser à allumer la lumière pour qu’elle s’allume. (…) La troisième voie fait l’impasse sur l’organique pour fabriquer des êtres vivants entièrement anorganiques. Un logiciel intelligent remplace les réseaux neuronaux. Des chercheurs évoquent la possibilité de télécharger la conscience humaine sur un ordinateur, de répliquer le cerveau.»
« Il y a quatre-vingts ans les nazis espéraient cultiver le surhomme par la reproduction sélective et la purification ethnique. La science actuelle poursuit un objectif apparenté mais avec des moyens autrement plus efficaces, l’ingénierie génétique et les interfaces entre cerveau et ordinateur. Ces surhommes auraient des facultés physiques et cognitives très supérieures aux nôtres: meilleure mémoire, intelligence accrue, corps plus fort et plus résistant.»
« Peut-être allons-nous vers un avenir où une petite partie de l’humanité aura des facultés de type divin, tandis que les autres resteront en rade. Le XXIe siècle pourrait assister à l’éclosion d’une classe nouvelle, celle des inutiles. Ils n’ont plus de pouvoir politique et aucune valeur marchande. Et je tiens cela pour le plus grand danger dans un avenir proche.»
« Il est hautement probable que les algorithmes et les robots assumeront non seulement des emplois industriels mais aussi des prestations de service. A quoi sert un chauffeur de poids lourd si des véhicules autonomes font le travail à moindre coût et de manière plus sûre? Parmi les métiers menacés figurent aussi les représentants de commerce, les courtiers en bourse et les employés de banque. Enseignants et médecins ont aussi du souci à se faire.»
« Il est plus probable que nous nous fondions peu à peu, imperceptiblement, avec nos propres inventions, ordinateurs, Internet des objets, flux de données planétaires. Après tout, il y a aujourd’hui déjà plein de gens qui voient leur téléphone mobile comme une partie d’eux-mêmes et ne peuvent s’en séparer. Et il y a plein de gens qui passent plus de temps à façonner leur profil sur Facebook que dans la vraie vie. Un jour ou l’autre, toutes ces optimisations nous auront tellement changés qu’il n’y aura plus de sens à ce que nous nous nommions Homo sapiens.»
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