Décryptage du communiqué de décembre de l’armée française sur l’opération Barkhane
Extrait du communiqué :
« Dans la bande sahélo-saharienne, la situation est globalement calme. »
Commentaire : les djihadistes ont eu de nombreuses pertes depuis le redéploiement des forces françaises sur la région. Ils se sont fondus dans le décor en se mariant avec des femmes des tribus touaregs locales, à l’image de Mokhtar Belmokhtar, le chef algérien d’AQMI. Les autres ont regagné leurs bases, de l’autre côté de la frontière, en Algérie. D’autres, enfin, sont actifs dans le sud-ouest de la Libye, où le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déconseillé d’intervenir. À l’abri de frontières nationales « amies » de la France, ils ont le temps de reconstituer leurs troupes et de monter des opérations militaires significatives en Europe comme sur le continent africain.
« Au Mali, les tensions persistantes entre Groupes Armés Signataires (GAS), et l’absence d’accord formel pour la nomination des autorités intérimaires régionales compliquent les avancées du Mécanisme Opérationnel de Coopération (MOC). »
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a eu l’occasion de s’agacer du « double jeu » du HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad), signataire d’un accord de paix avec le gouvernement malien mais proche d’Ansar Dine, ou du Haut Conseil islamique du Mali, mouvement légalisé en 1992, dirigé par le prédicateur Chérif Ousmane Haïdara.
Dans le Nord du pays, les Groupes armés terroristes (GAT) maintiennent une forte pression sur la population dans l’objectif d’entraver et de décrédibiliser l’action des forces internationales. Le chef du groupe Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, s’est réfugié à la frontière algérienne, du côté de Boughessa ou Tin Zaouaten. Il lui suffit d’entrer en Algérie pour échapper aux forces françaises.
La force Barkhane continue d’appuyer les initiatives concourant à la mise en œuvre de l’APR. En parallèle, Barkhane travaille à la mise en route des partenaires du G5 dans la sécurisation de la BSS, et poursuit la lutte contre les GAT. Le G5 regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. La zone s’appelle la Bande Sahelo-Saharienne. Les principaux Groupes Armés Terroristes (GAT) de la région sont animés par des Touaregs et des djihadistes issus du Maghreb.
Cette semaine, dans le nord Mali, la force Barkhane a concentré son effort dans la région de Boughessa et Tin Zaouaten. L’objectif d’ensemble est de continuer à dégrader les capacités des groupes armés terroristes dans une zone reculée, peu contrôlée, propice aux différents trafics. La présence de 3 000 soldats français sur la région sert à gêner les déplacements des terroristes, leur éviter de s’y sentir en sécurité. Les trafics au Sahel concernent l’essence, 25 % de l’essence algérienne passe en contrebande au Mali, le cannabis et les boissons alcoolisées, les armes et l’aide alimentaire humanitaire (farine, lait, huile, sucre) provenant de Libye et d’Algérie. En dehors des armes et du cannabis, ces trafics font partie de l’économie locale, tolérée par les autorités.
Les soldats ont mené des reconnaissances, des surveillances des points d’accès et des contrôles de la zone de Boughessa. Les hommes d’AQMI ou d’al-Mourabitoune (en référence à la dynastie berbéro-musulmane almoravide qui domina l’Afrique du Nord et l’Espagne, au XIe et XIIe siècle ) sont présents dans le sud de la Libye et font passer des armes et des munitions au Mali en utilisant plusieurs pistes à travers le Niger ; la passe de Salvador, la passe de Tummo, située à la frontière libyenne ; la passe de Korizo, entre le Tibesti, le Tchad et la Libye ; le plateau du Djado, situé dans le nord du Niger et les environs de Tazerzait, dans le Massif de l’Aïr.
Ces actions ont permis la saisie d’un important stock de ressources pouvant être utilisées pour la constitution d’engins explosifs improvisés (EEI). On saisit principalement du nitrate d’ammonium, qui sert à fabriquer des engins explosifs.
Sources principales :
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