Ce film fait mentir la presse mainstream qui prétend que Vladimir Poutine est un tyran « froid et glacial » comme il est de bon ton de l’affirmer et surtout de le faire admettre à l’opinion publique occidentale pour justifier les guerres nécessaires au complexe militaro-industriel américain pour prospérer.

Les quatre heures du film sont un condensé des 20 heures de tournage avec des entrevues qui se sont déroulées de juin 2015 à février 2017. La première partie, particulièrement intéressante, est passée lundi 26 juin au soir. Les deux autres parties sont programmées sur France 3 mercredi et jeudi prochains à 23 heures 30. Autrement il est possible de visionner l’ensemble en « replay » durant une semaine. D‘après Oliver Stone, le livre des entretiens va sortir en France très bientôt.

Vladimir Poutine raconte l’Histoire de la Russie depuis 1917, puis son accession au pouvoir et les coups bas américains que les images ajoutées sur l’interview par le réalisateur illustrent bien, notamment l’encerclement de plus en plus serré de la Russie par l’Otan, ainsi que l’installation des missiles en Union européenne qui pointent sur la Russie. Il évoque la réalité de l’agression de Géorgie contre les troupes russes, l’aide des USA aux terroristes tchétchènes durant les deux guerres de Tchétchénie. Les mensonges permanents de l’Ouest qui se sert des islamistes tout en prétendant les combattre. Il explique en détail comment Snowden (Wikkileaks) a bénéficié du titre de réfugié en Russie au grand dam des Américains. Répondant à une supposition d’Oliver Stone selon laquelle la CIA aurait laissé échapper Snowden pour en embarrasser la Russie, il s’exclame en riant tout en conduisant sa voiture que la supposition du réalisateur serait trop subtile pour la CIA…  Il expose le double-jeu continuel des USA pour déstabiliser la Russie, la guerre en Ukraine tout en précisant que la Russie avait réglé elle-même au FMI les dettes contractées par les ex-républiques soviétiques jusqu’au dernier centime, y compris celles de l’Ukraine qui étaient très élevées. Il précise que les USA ont un endettement équivalent à 100% de leur PIB tandis que la Russie n’a qu’un endettement dérisoire de 12% de son PIB et donne des détails économiques et démographiques concernant la Russie, notamment qu’en Europe la France est le pays qui compte le plus de musulmans avant la Russie. Alors que la Russie compte 146 millions d’habitants. Mais il précise qu’à la différence de la France, les musulmans de Russie sont des Russes d’origine, de civilisation et de culture russes et qu’ils n’ont pas d’autre patrie. Il précise que la reprise de la démographie due à la politique gouvernementale profite à la partie blanche de la Russie. Les ethnies musulmanes forment 15% de la population de la fédération de Russie, mais 6% seulement des Russes s’affirment musulmans. Vladimir Poutine affirme que 4500 russes, principalement Caucasiens, combattent au Moyen-Orient dans les rangs des islamistes.

Bien sûr les questions concernant les homosexuels et le féminisme n’ont pas manqué. les réponses de Vladimir Poutine prouvent que ce pays a conservé ses repères. Bien évidemment des réponses qui ne peuvent pas plaire à la nouvelle « morale » occidentale.

Il parle de la Crimée. Il répond aussi à quelques questions sur sa vie privée sans s’étendre. On le voit aussi dans un match de Hockey, avec des chevaux ou encore en entrainement de judo. Le judo qui, selon lui, est le secret de son équilibre. L’un des entretiens se situe dans une résidence de la présidence russe à 26 kilomètres de Moscou dans laquelle le président dit partager sa semaine avec sa résidence du kremlin. C’est ainsi que le spectateur peut visiter cette superbe résidence avec son imposante chapelle et ses immenses saintes icônes. La place de la foi en Russie a été un peu abordée au cours des entretiens, mais cette visite donne l’importance de celle-ci dans les sphères du pouvoir mieux que n’importe quel discours. Imagine-t-on Macron vivre dans une résidence dans laquelle le catholicisme de la France serait partout et à profusion mis en valeur ? Que Vladimir Poutine y ait établi sa résidence montre l’importance qu’il accorde à l’orthodoxie.

Poutine ironise également sur le peu de profit qu’il aurait eu a tenter de s’immiscer dans les élections américaines puisque de toute façon, quel que soit le président élu et quelles que soient ses promesses de campagne, c’est l’état profond qui dirige la politique extérieure du pays qui ne varie jamais.

Le président Poutine évoque souvent l’Union européenne et même la France et considère qu’au sein de l’OTAN les pays membres sont traités en vassaux. Concernant l’histoire de la Russie, il a toujours été farouchement opposé à l’URSS, symbole du déclin russe à tous les niveaux. Il n’a que peu d’estime pour Gorbatchev (le liquidateur d’une partie des républiques historiquement russes) «Il n’a jamais eu d’idées », dit-il de celui-ci. A propos de la perestroïka de Gorbatchev, il réplique avec une pointe de mépris que Gorbatchev puisait dans « les idées des utopistes socialistes français. Gorbatchev n’avait rien à voir là-dedans. » 

Il précise que le bouclier américain ne protègerait pas le pays en cas de réplique de la Russie, mais estime que cette fausse protection pourrait être un danger pour le monde, car cela donne un sentiment de puissance dangereux aux USA. Il estime qu’en cas de conflit nucléaire les pays disparaîtraient. Il précise que les USA à eux seuls ont un budget militaire 10 fois supérieur à celui de tous les autres pays réunis.

Tout au long de cette première partie Vladimir Poutine manie l’humour. L’une des dernières anecdotes de cette première partie concerne un film que le réalisateur et le président ont visionné en même temps. Oliver Stone lui remet la vidéo à la fin et Poutine part dans son bureau. Mais aussitôt il revient en montrant l’enveloppe vide: « Voilà un cadeau typique des Américains », lance-t-il.

A ne pas manquer les deux prochaines parties mercredi et jeudi prochains!

Oliver Stone est un réalisateur de cinéma, ancien combattant du Vietnam qui depuis milite contre l’impérialisme américain. le film a été amplement critiqué aux USA car Poutine apparaît tel qu’il est ce qui déplait forcément. Actuellement en France, le cinéaste a répondu à de nombreuses interviews dont celle de France3 qui comporte en elle-même un court documentaire est particulièrement intéressante:

INTERVIEW D’OLIVER STONE PAR LE FIGARO

De juillet 2015 à février 2017, le réalisateur de Platoon a rencontré à douze reprises le dirigeant de la Russie. De ses entretiens, il a tiré un portrait de 4 heures de Vladimir Poutine qui apporte un nouvel éclairage sur sa personnalité dont les deux premières parties sont diffusées ce lundi à 20H55 sur France 3.

Jamais Vladimir Poutine n’avait accepté d’être interviewé aussi longtemps par un occidental. Comment l’avez-vous convaincu?

Je travaillais sur le film Snowden qui m’a conduit à plusieurs reprises à Moscou. Lors d’un séjour là-bas, je l’ai rencontré. Quand je lui ai parlé de mon projet, il a accepté assez naturellement. Peut-être parce qu’intellectuellement nos conversations l’intéressaient, qu’il me respectait aussi…

A-t-il mis des conditions à ces entretiens?

Non, le seul contrôle était le mien. Ensuite c’était difficile de savoir ce qu’il pensait. Il a un regard difficile à capter. Mais jamais il ne s’est énervé. Il répondait à la demande. La difficulté était surtout la gestion du temps. Il arrivait toujours en retard… Et puis les caméras ne devaient pas montrer sa calvitie…

Est-ce lui qui choisissait les lieux de rendez-vous?

Oui, on s’agrippait à son emploi du temps. Alors nous l’avons vu dans son bureau, dans sa datcha, à la patinoire… Il est tout de même très occupé. Mais finalement plus facile d’accès que l’occupant de la Maison Blanche! Il conduit sa voiture lui-même, et très vite. Il est libre de décider lui-même du moment où il vous rencontre…

Saviez-vous que vous alliez y retourner si souvent?

En fait, je pensais en avoir terminé à mon troisième voyage. Et puis après l’élection de Donald Trump qui a surpris tout le monde y compris Vladimir Poutine je pense, j’y suis retourné une 4e fois. C’était intéressant d’avoir son avis.

Vous choisissez vous-même la voix qui double Poutine (Laurent Stocker, en France). Pourquoi teniez-vous à ce détail?

Souvent, pour montrer qu’un homme est dur et coriace, on le double avec une voix forte. Mais Poutine parle de façon très claire, posée, raisonnable. Jamais, il n’élève la voix et je veux que dans le doublage, ce ton soit restitué.

Certains vous reprochent d’avoir été trop consensuel avec lui…

J’ai été respectueux, comme on l’est avec tout chef d’État. Mais ceux qui connaissent mes films savent que je ne suis pas un obséquieux. Je suis un démocrate et le pouvoir ne m’intimide pas.

Quelle idée en avez-vous aujourd’hui?

Je pense qu’on a réussi à apporter un éclairage nouveau sur l’individu. Ce n’est pas un Staline contemporain et son gouvernement n’est pas fondé sur la terreur. C’est quelqu’un qui connaît très bien les intérêts russes et veut les défendre. Mais il est prêt à négocier aussi.

Pensez-vous qu’il se représentera aux élections?

Regardez le quatrième épisode quand je lui pose la question. Et ne vous arrêtez pas aux mots. Personnellement, j’ai eu l’impression qu’il se représenterait. Mais ce ne sera pas facile pour lui. Maintenant, si vous commencez à vous mêler de leurs affaires à ce moment-là, méfiez-vous, les Russes n’aiment pas qu’on les pousse dans les orties. Ils n’aiment pas qu’on veuille leur imposer des valeurs, qu’elles soient américaines ou françaises.

Que pensez-vous de notre nouveau président?

Emmanuel Macron semble indépendant, mais je n’en sais rien. Je me réjouis déjà qu’il ait accueilli Vladimir Poutine. J’espère que la France va retrouver sa propre souveraineté

Quelles conclusions tirez-vous de ces entretiens?

Comme l’Histoire l’a prouvée souvent, avec les Russes on arrive à ses fins en leur faisant confiance. Churchill le disait déjà.

Le documentaire a été diffusé aux États-Unis. Quelles ont été les réactions?

la plupart des critiques viennent de ceux qui n’ont pas vu le film. Ça facilite le travail… Mais il a aussi été vendu à la Russie qui est en train de le diffuser et à pratiquement tous les pays du monde. Sauf l’Argentine… pour le moment.

Quel en était le budget?

4,8 millions de dollars.

Et pourriez-vous en faire un film?

Ce n’est pas la peine, puisque j’ai déjà la réalité! Et puis j’ai 70 ans, je ne pense pas au prochain sujet. Il n’y a rien sur quoi je me suis engagé. Je suis surtout très préoccupé par les États-Unis. De leurs intentions contre l’Iran. Ce qui devrait tous nous préoccuper . Et Donald Trump n’est pas en position de décider. Comme ne l’étaient pas ses prédécesseurs.

emiliedefresne@medias-presse.info

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