Le début de cette affaire remonte à la fin du mois de juillet. Une dénommée Schiappa jeune ministre à l’égalité des hommes et des femmes ( ?), piquée par quelque tarentule, a raconté que les gynéco-obstétriciens étaient des sortes de sadiques car ils faisaient des épisiotomies inutiles à 75 % des femmes. Il s’agit d’éviter des déchirures lors de la sortie du bébé. C’est une intervention indispensable faute de quoi se font des éclatements de tous les tissus voisins pouvant aller jusqu’à la partie terminale de l’intestin ; or cela ne concernait en réalité que 20 à 25 % des accouchements. De plus comme beaucoup de mes confrères si une déchirure semblait imminente, je glissais quelques centimètres cubes de xylocaïne pour rendre indolore le moment de la coupure et celui de sa suture. Avant de lancer son chiffre de 75 % Schiappa aurait pu regarder dix minutes sur Internet ce qu’il en était des épisiotomies. Paradoxalement son incompétence lui a servi de promotion. Ce qui ne l’empêche pas de mettre ses enfants à l’école catholique et de réciter trois « Je vous salue Marie » avant de monter dans l’avion…

En effet, les chiens étaient lâchés contre les gynéco-obstétriciens. Il fallait bien trouver aux ultra-féministes de nouveaux chevaux de bataille. Oui, les médecins gynéco étaient des pervers qui violentaient leurs pauvres patientes devenues les victimes expiatoires de leur sadisme. Manque de chance, pas de catholiques à l’horizon pour les désigner à la vindicte populaire avant de les faire déchirer par les médias. La chasse a donc été lancée contre le Syndicat des Gynécologues et Obstétriciens  (CNGOF), pourtant plongé dans la démarche abortive jusqu’au cou.

Le 5 décembre au Grand Palais de Lille, se déroulaient les 41èmes Journées nationales du CNGOF. En entrant, les 3.000 congressistes ont été interloqués par des dizaines d’affiches :

  • Mon consentement doit être respecté et son refus respecté, connard ! 

  • La gynécologie, ses pratiques et son enseignement ont hérité d’une histoire sexiste et continue de violenter les femmes.

  • Soigne-moi et tais-toi !

Le tout, bien sûr, courageusement anonyme ; mais accompagné de tracts édifiants, s’en prenant aux « violeurs en blouse blanche ». « Le fait que ces acteurs problématiques et dangereux assurent de telles responsabilités institutionnelles montre que la tolérance des violences gynécologiques, la culture du viol et le mépris de l’intelligence et de l’intégrité des patientes sont au cœur de la profession. Nombreux sont les témoignages d’expériences de violences, de comportements et de commentaires inappropriés, de douleurs ignorées, de choix méprisés, de soins inadaptés et non fondés scientifiquement. Nous dénonçons ces pratiques ainsi que l’impunité dont bénéficient largement les médecins. La gynécologie ne peut rester une zone de non-droit où les violences sont passées sous silence. »

Inutile de dire que de tels propos ont entraîné des commentaires violents des médecins outrés : Le Quotidien du Médecin du 13 janvier n’a pas osé les laisser sur le site. On pourrait en rire. L’incompétence de Marlène Schiappa, « Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes », a abouti à libérer un torrent de haine. Toute cette affaire peut sembler anecdotique. Mais il faut savoir que la profession de Gynéco pour diverses raisons est sinistrée et en pleine implosion numérique. Si en plus il leur faut se faire insulter par des ultra-féministes, dans 10 ans, il n’y aura plus personne pour les accoucher et pour diagnostiquer leurs cancers gynécologiques.

Jean-Pierre Dickès

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