Dans un article intitulé « Pourquoi nous avons besoin du Vatican ? » édité dans le numéro 4/2017, l’auteur Germano Dottori étudie l’abdication de Ratzinger sous l’angle des rapports de force entre l’Occident et les deux grands blocs étasunien et russe. Cette analyse géopolitique de la démission de Benoit XVI ne peut que venir appuyer la demande d’enquête demandée à Trump par des journalistes catholiques américains il y a quelques mois.
Le site web Campari et de Maistre en fait une recension intéressante, et éclairante, sous le titre Démission de Benoit. Voici le secret … de Polichinelle que nous vous invitons à lire ci-dessous :
« Nous vous invitons à lire tout l’article qui suit, non pas tant pour prendre acte de «ce qui» est révélé, mais de prendre acte de «qui» avalise ce point de vue.
«Les frictions entre l’Église et les États-Unis n’auraient pas disparu avec la disparition de Jean-Paul II. Elles auraient au contraire eu une suite dans le cours du pontificat du Pape Ratzinger, durant lequel elles n’auraient pas seulement été aiguisées par l’investissement de la part d’Obama et d’Hilary Clinton sur l’Islam politique des Frères Musulmans durant les dits « printemps arables », mais également par la ferme volonté de Benoît XVI de parvenir à une réconciliation politique avec le patriarche de Moscou, qui aurait été, dans ses intentions, le véritable couronnement religieux d’un projet géopolitique d’intégration euro-russe soutenu avec conviction par l’Allemagne et l’Italie de Silvio Berlusconi – mais pas de celle, plus pro-américaine, qui se reconnaissait en Giorgio Napolitano. Comment cela s’est terminé est connu de tous. Le gouvernement italien et la papauté auraient été frappés simultanément par une campagne de scandales, coordonnée, d’une rare violence et sans précédent, à laquelle se seraient associées des manœuvres plus ou moins opaques dans le domaine financier, avec l’effet final de précipiter en Novembre 2011 le retrait de Berlusconi du Palazzo Chigi, et le 10 Février 2013, l’abdication de Ratzinger. Au plus fort de la crise, l’Italie aurait vu progressivement se fermer les portes d’accès aux marchés financiers internationaux, tandis que l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) serait coupé temporairement par le circuit Swift (4)».
Note
«(4) L’IOR aurait été exclu du système international des paiements du 1er Janvier au 11 Février 2013 sur la base de l’accusation de contribuer au blanchiment d’argent, avec l’effet d’induire la Deutsche Bank à bloquer le fonctionnement des distributeurs automatiques de billets dans tout le territoire de la Cité du Vatican. La nouvelle a été donnée en Italie par la Repubblica du 3 Janvier 2013, quand Fabio Tonacci publia un article intitulé: « Vatican, stop aux cartes et aux distributeurs automatiques de billets. Les services de paiement suspendus ». Le lendemain de l’annonce de l’abdication du pape Ratzinger, le Saint-Siège obtiendra d’une banque suisse de rétablissement des services interrompus».Après cette longue citation, désignons-en la source. Maurizio Blondet? Antonio Socci? Les hackers russes? Eh bien non, les données bibliographiques sont les suivantes: « Germano Dottori, Pourquoi nous avons besoin du Vatican » , dans Limes – revue italienne de géopolitique, n° 4/2017 (Avril), pp. 151-158″.
Bref, en lisant la dernière sortie du magazine italien qui fait autorité dans le domaine de la géopolitique, un journal auquel est attribué un rôle tel que chaque numéro est présenté, non sans une certaine solennité, par son directeur, à la télévision d’État, nous apprenons les informations suivantes:
1) Le succès politique des Frères musulmans (c’est-à-dire de l’islam fondamentaliste) à la suite des «printemps arabes» n’a pas été, comme beaucoup pourraient le penser, un effet non intentionnel du progressisme stupide d’Obama mais quelque chose de voulu;
2) Benoît XVI a poursuivi avec «une ferme volonté» le plan de réconcilier l’Église catholique avec le Patriarcat de Moscou;
3) Ces deux facteurs ont aiguisé les frictions entre l’Église et les États-Unis, commencées dans la dernière phase du pontificat de saint Jean-Paul II;
4) Le gouvernement Berlusconi soutenait le dessein de Benoît XVI dans une optique pro-russe;
5) Il s’est ainsi aliéné les sympathies des Américains, dont l’homme, en Italie, n’était autre que le Président de la République Giorgio Napolitano;
6) Les campagnes à scandales simultanées subies durant ces années par Berlusconi et le pape Benoît XVI étaient coordonnées entre elles, destinées à frapper deux personnalités qui, dans l’optique des États-Unis, étaient ouvertement trop pro-russes et très peu obéissantes à la Maison Blanche;
7) Cette campagne de dénigrement s’est accompagnée de manœuvres financières opaques à la fois contre l’Italie (vous vous souvenez du « spread »?), et contre le Vatican (confirmant ce qui avait déjà été laissé à entendre par d’autres sources);
8) Tout cela a conduit à la démission de Berlusconi (et jusque là, rien qui ne soit déjà notoire) et aussi, écoutez bien, à celle de Benoît XVI .Enfin, last but not the least, « Limes » est depuis toujours publié par le même groupe d’édition que « la Repubblica », c’est-à-dire l’organe de presse qui a servi de « lanceur » à cette double campagne de scandales «coordonnée, d’une rare violence et sans précédent».
Bref, eux, ils savent.Que dire? Nous avons toujours voulu nous tenir à l’écart des polémiques de type «complot» à propos de ce qui est arrivé au cours des derniers moments du pontificat de Ratzinger et les explications complotistes sur sa démission. Nous ferons de même cette fois aussi. Nous nous limitons simplement à signaler ce que rapporte un magazine estimé et influent, qu’on ne peut certes pas accuser de proximité avec la «Kurie conservatrice» ou avec les «quatre chats» traditionalistes. Nous nous permettons de signaler le passage où il est dit: «Comment cela s’est terminé est connu de tous».
Autre chose qu’un «gomblot» (complo, ndlr). Ici, il s’agit d’un secret de Polichinelle … »(Traduction du blog Benoit-et-moi)
De tels articles témoignent que l’abdication de Benoit XVI n’a pas fini de faire parler d’elle, qu’elle continuera à alimenter bien des articles, des hypothèses, des conjonctures. Et qu’elle reste une épée de Damoclès sur le pontificat du pape François…
Francesca de Villasmundo
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