Aux Etats-Unis, le mot football n’a pas la même signification auxquelles sont habitués les Européens. Paradoxe d’une nation qu’on dit à la tête du processus de mondialisation mais qui place le football, le sport le plus mondialisé, en 4ème ou 5ème position. En Amérique, on joue au football américain, au basket, au base-ball ou bien encore au hockey. Le soccer, plutôt vu comme un sport de substitution et peu noble, n’a pas une grande place.
Les historiens ont tenté d’expliquer cette exceptionnalisme, qui s’étend au Canada, par la volonté de la bourgeoisie américaine de mettre en place avec succès son propre sport national, qui se révèle être un mélange de football et de rugby. Il s’agit de s’opposer à l’ancienne métropole britannique qui a fondé et développé le football sur le continent européen puis par la suite en Amérique du Sud et en Afrique. Cette volonté révèle les liens ambivalents qu’entretient l’ancienne colonie avec sa métropole. Très vite, le base-ball et le football américain deviennent un sport national et le soccer reste le sport des immigrants, qui l’ont importé. C’est au cours des années 90 que le soccer va se développer, notamment avec l’organisation de la coupe du monde en 1994. Deux ans plus tard, une nouvelle ligue professionnelle voit le jour : le Major League Soccer (MLS). S’il reste une compétition mineure aux États-Unis se disputant entre avril et octobre, il a su attirer des vedettes en déclin comme le Qatar peut le faire : David Beckham ou Youri Djorkaeff. Le pays compte 4,18 millions de licenciés pour une population de 314 millions d’habitants. Par comparaison, malgré une baisse, le football reste le premier sport en nombre de licenciés en France : 2 002 398 licenciés pour 65 millions d’habitants.
Pourtant pour ce mondial, les Américains ont suivi avec passion le parcours de leur équipe qui s’est arrêté en huitième mardi soir face à la Belgique, après prolongations. Ils ont été des millions à regarder à la télé les matchs. Non seulement, ils ont regardé mais encore ils ont supporté. On pouvait voir des photos avec des diffusions sur écran géant avec des milliers de personnes dans plusieurs villes américaines. Preuve que c’était bien une vraie passion, Barack Obama n’a pas hésité à communiquer et à montrer que lui aussi, il était derrière l’équipe américaine. Il a suivi le match de la qualification entre les USA et l’Allemagne depuis Air Force One. Malgré l’élimination, il a appelé les joueurs pour les féliciter : «Vous avez été fantastiques…Vous êtes des modèles pour nombre de sportifs aux États-Unis». Pourquoi un tel courant de sympathie ? Sûrement par fierté américaine mais aussi parce que l’équipe américaine a séduit le monde du football par son jeu et sa vaillance. Pas du tout favorite, elle a remporté son premier match 2-1 face au Ghana et à quelques secondes près elle battait le Portugal, avant de finalement faire match nul. Face à la Belgique, elle a su tenir tête grâce notamment à son gardien Tim Howard qui a réalisé une énorme prestation, battant un record de coupe du monde de 1996 avec 16 arrêts de tir, et qui est devenu en un soir une star en Amérique.
Cette passion montre que la mentalité américaine a changé sur le soccer, qui est en train de devenir de plus en plus populaire. Les Américains sont fiers que leur équipe ait pu tenir tête aux meilleurs et qu’elle ait étonné le monde sportif, s’attirant sympathie et éloges. Ils sont persuadés que leur équipe a sa place désormais parmi les grands. Depuis 1990, elle se qualifie régulièrement pour la coupe du monde, atteignant les quarts en 2002. Candidate pour organiser la coupe du monde en 2022, elle a perdu face au Qatar mais elle envisage déjà de l’organiser pour 2026. La FIFA ne reste pas insensible à cette vague de soutien historique pour l’équipe américaine aux USA. Jürgen Klinsmann, l’entraîneur allemand de cette équipe américaine, a déjà averti : « Nous ne pouvons que grandir. Notre potentiel est tellement plus important que les autres pays. Nous n’avons qu’à le faire grandir »
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