Du désistement républicain qui profite involontairement au FN, au désistement pour favoriser le Front national, la barrière est ténue. Avant-hier déjà nous vous avions annoncé le désistement d’un ex-candidat écologiste au profit du FN, mais il est loin d’être le seul à rompre volontairement ou non, le « pacte républicain »! Voyons de plus prés:
L’appel au « ni-ni » et donc au maintien de ses candidats dans tous les cas de triangulaires, lancé par Sarkozy, est politiquement le seul moyen pour l’UMPS de ne pas favoriser le Front national .
« Ainsi en se retirant des triangulaires pour laisser le PS seul face au FN, les candidats UMP pourraient paradoxalement favoriser l’extrême droite. Parfois en toute connaissance de cause, » se plaint le quotidien Libération
Valls, Cambadélis et autre perdants de gauche du premier tour stigmatisent l’UMPS pour son « ni-ni ». « Idiots utiles » de la gauche, certains candidats UMPS ont ainsi transgressé les consignes parisiennes de l’UMPS en faveur de ce front républicain réclamé à corps et à cris par les ténors PS… Mais tous sont-ils réellement des idiots utiles de la gauche ? Souvent ils ne sont pas si sots qu’ils ne voudraient le laisser croire!
Quand le Front républicain glisse vers le Front national
Les consignes données aux candidats de l’UDI de se désister pour la gauche sont aussi logiques que le « ni-ni » pour l’UMPS d’un point de vue tactique. Le vote des électeurs du Centre est en effet peu susceptible de profiter au FN, contrairement aux votes des électeurs UMP dont un sondage révèle que la moitié d’entre eux sont disposés à reporter leurs voix vers le FN.
« Hâtivement salués comme autant de ralliements au front républicain, certains désistements UMP arrivés troisième au premier tour risquent, au contraire, de favoriser l’élection des candidats du FN. De la Picardie au Languedoc, quelques candidats de droite ont bravé la consigne du ni-ni, défendue par Nicolas Sarkozy en affirmant publiquement leur souhait de voir la gauche l’emporter. Sur le terrain, ils sont nombreux à être sincèrement révulsés par la perspective de voir entrer dans les assemblées départementales des inconnus aux parcours douteux affublés de l’étiquette FN. » analyse Libération. Mais les candidats sont-ils aussi candides face au front républicain qu’ils invoquent pour … favoriser le FN au second tour en se désistant ?
Le meilleur cas de figure pour le Front national au second tour est en effet de se retrouver seul face aux candidat du PS!
Languedoc-Roussillon
Ainsi dans le département de l’Aude et un peu partout dans les départements du Languedoc et du Roussillon, le cas de figure le plus courant est un duel FN/PS ou PS/FN. Avec d’excellents scores à Béziers où dans les 3 cantons de la ville les candidats du Front arrivent en tête avec plus de 40% des voix. Normal, la gestion du maire Robert Ménard, proche du FN, donne confiance aux électeurs!
Quand l’UMP n’a raisonnablement aucune chance de l’emporter mais peut néanmoins se maintenir en triangulaire, certains candidats choisissent de se retirer en invoquant le front républicain. Mais cette tactique qui a si bien fonctionné par le passé est en grande partie caduque aujourd’hui alors que la diabolisation du Front national rencontre de moins en moins de gogos parmi les électeurs. « Cette stratégie peut être politiquement contre-productive », s’affole le quotidien Libération, « Seuls face aux socialistes, les candidats du FN peuvent en effet espérer, dans certains cantons, un report massif des voix de l’UMP en leur faveur. » Il est donc de plus en plus délicat d’adopter une stratégie pour la Droite UMPS. Le levier de la peur si longtemps agité au nez de ses électeurs fonctionne de moins en moins.
Tête UMPS dans le Gard, certes, mais qu’en dit le peuple ?
D’où l’affolement de Jean-Paul Fournier, sénateur-maire UMP de Nîmes dans le Gard (Languedoc), -département où le FN fait très fort. Partisan déclaré du front républicain, celui-ci appelle à voter pour la gauche dans les neuf cantons du Gard (sur 22) où le second tour se joue entre le FN et la gauche. «Ce n’est pas la première fois que je prends une telle position. Je ne veux pas que ces gens-là arrivent au pouvoir», affirme-t-il à Midi Libre. Il a en revanche décidé de maintenir les candidats UMPS dans les trois triangulaires où l’UMPS est arrivée en troisième position. Voilà au moins une position claire qui a l’avantage de démontrer aux électeur UMP du Gard que la dénonciation de la collusion de l’UMP avec le PS n’est pas une vue de l’esprit de Marine Le Pen! Cette position permettra au moins de comptabiliser jusqu’à quel point l’électorat UMP est encore sous le joug de la peur agitée par les partisans du front républicain, vis-à-vis du FN.
Dans l’Aisne
Département bien placé pour une victoire du Front. Ainsi, par réflexe « front républicain, les candidats UMP, arrivés en troisième position à Essômes-sur-Marne dans l’Aisne déclarent: «Nous voulons donner toutes ses chances au parti républicain. C’est une question de morale personnelle, disent-ils.» Mais Le secrétaire départemental UMP Christophe Coulon regrette ces désistements. Il militait pour que les candidats de l’Union de la droite dans son ensemble, qu’ils soient de l’UMP ou du Centre, se maintiennent «par respect pour leurs électeurs». Mais ce n’est pas, en réalité, le respect des électeurs auquel pense le responsable UMPS de l’Aisne, mais plutôt à la meilleure tactique électorale. Connaissant ses électeurs, il sait que nombre d’entre eux préfèrent le Front au PS. A l’inverse, la victoire de l’extrême droite sera sans doute plus compliquée dans le canton voisin de Ribemont, où le binôme UMPS se maintient. Le binôme UMP est certain de perdre, mais il aura favorisé le PS. Les candidats PS de l’Aisne qui sont toujours en retard d’une guerre ont eux-mêmes demandé à leurs collègues UMP de se retirer. «Ils n’ont aucun sens politique. Ils n’arrivent pas à comprendre que notre retrait libère des voix pour l’extrême droite» répond un responsable de l’UMPS. Selon lui, quelles que soient les consignes, les électeurs de droite seront toujours plus nombreux à se reporter sur le FN que sur le PS. Et c’est bien ce que l’UMPS ne veut pas! D’où un mépris des électeurs assez remarquable!
Dans la Drôme et le Vaucluse
Dans la Drôme et le Vaucluse, -ce dernier département gagnable pour l’extrême droite-, les ambiguïtés des désistements de l’UMP sont plus évidentes encore. C’est le cas dans le canton de Grignan (Drôme), où le Front national (37,61%) est arrivé en tête devant le PS (31,23%). les candidats UMP (28,68%), arrivés en troisième position, ont invoqué leurs «valeurs» pour expliquer leur retrait, que la presse locale a interprété comme une volonté de «faire barrage au Front national». Et pourtant, Paul Bérard, l’un des deux candidats UMP, a nettement précisé qu’il ne «donnait aucune consigne de vote», estimant que «ces affaires de front républicain ou de « ni ni » n’ont pas de sens pour les électeurs». Le député UMPS de la Drôme, Hervé Mariton, qui connaît lui aussi bien ses électeurs, regrette ce retrait. Selon lui le moyen le plus sûr de barrer la route au FN aurait été le retrait du binôme de gauche. Il est clair en l’occurrence que ce candidat de l’UMP n’est pas un UMPS, mais au contraire, il sait où penche son électorat et ne tient pas à le décevoir pour la prochaine fois.
Règlement de comptes sans états d’âme
C’était aussi l’argument de l’UMP François Pantagène, dans le canton de Pernes-les-Fontaines (Vaucluse). Avec 26,7% des suffrages, il pouvait se maintenir au second tour mais n’a aucune chance de l’emporter en triangulaire tant son retard est important par rapport aux binômes du PS (36%) et de l’UMP (37%). il souhaitait que le PS, bien que deuxième se retire comme il l’a fait dans deux autres cantons du Vaucluse où il était en troisième position. Le PS a refusé. Mal lui en a pris. François Pantagène a pris sa décision en son «âme et conscience» et les électeurs UMP du Vaucluse vont pouvoir se reporter très massivement vers le candidat du FN ainsi que ce fut le cas en 2011, sur le canton de Carpentras Nord où le candidat FN est passé de 33% au premier tour à 54% au second.
En se retirant, « Pantagène – localement décrit comme un républicain impeccable – augmente donc manifestement les chances du candidat du FN Julien Langarde, un pur produit de l’extrême droite la plus dure, selon Libération, celle qu’affectionne tout particulièrement la députée Marion Marechal-Le Pen. Ancien du GUD lyonnais, pilier de l’organisation de jeunesse FNJ, il s’est distingué par ses actions anti-IVG, brandissant des portraits de la Vierge devant une clinique d’Avignon. «Ce type est un vrai facho, ça me ferait vraiment mal de le voir élu» confie à Libération un responsable local de l’UMP. »
l’ex-candidat Pantagène fait donc payer cache à l’arrogance du PS son refus de se désister en sa faveur. Il a adressé mardi soir à ses électeurs un message dans lequel il affirme se retirer au nom de la clarté, tout en laissant les électeurs «libres de leur choix» ». Rien, en effet, ne saurait être plus clair! Valeurs actuelles ne s’y est pas trompé. Pour le magazine, pas de doute, l’UMP s’est retirée «au profit du FN»! Pour nous non plus, pas de doute! En fait il s’est retiré pour faire barrage, grâce au FN, aux candidats du PS!
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