Un agent des services secrets marocains, identifié comme Mohamed Belahrech, est apparu comme l’un des principaux acteurs du Qatargate, scandale de corruption qui secoue le Parlement européen.
L’espion marocain, nom de code M118, semble être un élément central d’un réseau complexe s’étendant du Qatar et du Maroc à l’Italie, la Pologne et la Belgique. Belarech est soupçonné d’avoir été impliqué dans des efforts soutenus de lobbying et des actes présumés de corruption visant des eurodéputés ces dernières années. De plus, il semble que l’espion était une figure connue des milieux du renseignement européen depuis plusieurs années.
Le Maroc est de plus en plus présent dans le scandale de corruption impliquant la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili et d’autres responsables européens. Le Qatargate a été décrit comme « le scandale d’intégrité le plus choquant de l’histoire de l’UE » par le professeur de droit Alberto Alemanno d’HEC Paris et « le scandale de corruption le plus grave à Bruxelles depuis des décennies » par l’eurodéputé allemand Daniel Freund.
Le ministre belge de la Justice a accusé la semaine dernière les services de sécurité de Rabat d’espionner en Belgique, où se trouve une importante communauté marocaine.
Selon les publications La Repubblica et Le Soir, M118 est l’un des liens qui relie l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri aux services secrets marocains – DGED. Dans une série de messages de diplomates marocains publiés par un hacker en 2014 et 2015, Panzeri est décrit comme « un ami proche » du Maroc, « un allié influent » qui est « capable de lutter contre l’activisme croissant de nos ennemis au Parlement européen« .
La Belgique a demandé l’extradition de l’épouse et de la fille de Panzeri, également soupçonnées d’être impliquées dans le scandale de corruption, et a évoqué des « cadeaux » d’Abderrahim Atmoun, l’ambassadeur du Maroc en Pologne.
tmoun et Panzeri ont fait partie de la commission parlementaire mixte UE-Maroc pendant plusieurs années, au cours desquelles l’ambassadeur du Maroc a pris ses ordres auprès de l’espion Belahrech, qualifié « d’homme dangereux » par un responsable cité par Le Soir.
Une demande d’extradition émise par les autorités belges concerne un personnage énigmatique qui serait lié à une carte de crédit offerte aux proches de Panzeri, selon Politico. La personne mystérieuse, surnommée « le géant », serait l’espion marocain M118.
L’Espagne et la France, principales cibles du M118 avant le Qatargate
L’homme de Rabat a d’abord attiré l’attention des autorités dans le cadre d’une infiltration présumée de mosquées en Espagne, un incident qui a entraîné l’expulsion du directeur marocain d’une organisation islamique en Catalogne, selon la publication El Confidencial.
Belahrech aurait dirigé plusieurs agents infiltrés dans des mosquées espagnoles à la demande de la DGED, tandis que l’épouse de l’espion marocain était soupçonnée de blanchiment d’argent avec l’aide d’une agence de voyages en Espagne. Le réseau a été détruit en 2015, selon El Mundo.
Un peu plus tard, Belahrech est réapparu en France, où il a joué un rôle important dans une affaire de corruption à l’aéroport d’Orly à Paris. Un agent marocain, identifié comme Mohamed B., aurait obtenu 200 documents confidentiels sur des personnes soupçonnées de terrorisme en France auprès d’un agent frontalier, selon l’enquête publiée dans Libération. Les agents des services secrets marocains pourraient être des fournisseurs de renseignements pour les agences européennes tout en coordonnant simultanément leurs opérations d’influence dans les mêmes pays, écrit Politico. Pour cette raison, les pays européens font semblant de ne pas voir certaines activités qui pourraient être qualifiées d' »ingérence« , tant que ces opérations sont menées discrètement.
A suivre !
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