Le parti eurosceptique de la Tchéquie ODS, dont l’ancien président de Tchéquie (de 2003 à 2013), Václav Klaus, est issu, est remonté de 7,7% à 11,3% (25 élus sur les 200 du parlement) entre 2013 et 2017, ce qui lui permet de devenir le 2e parti du pays derrière ANO (parti des citoyens mécontents du milliardaire Andrej Babiš). Mais jusqu’aux législatives de 2009 inclus, l’ODS était le 1er parti du pays.
Au parlement européen, l’ODS siège avec l’ECR (Conservateurs réformistes, eurosceptiques) où siègent également les élus du PiS (Droit et Justice, parti actuellement au pouvoir en Pologne).
Babiš, vainqueur de ces élections,  est présenté par les média officiels comme un Trump tchèque. Certes, il est milliardaire, mais la comparaison s’arrête peut-être là. Les députés au Parlement européen (PE) qu’il a obtenus en 2014 siègent avec l’ALDE (Alliance des libéraux et des démocrates européens), c’est-à-dire dans le groupe le plus favorable à l’UE. Rien à voir avec des eurosceptiques.
Certes, pendant la campagne de ces législatives, il a demandé l’ouverture de centres d’accueil pour les migrants en Afrique du nord, et non en Tchéquie. Mais c’était peut-être pour gêner la progression d’ODS et du SPD (Mouvement pour la liberté et la démocratie directe). Pour le reste, on ne sait pas avec qui il va s’allier. ANO est arrivé en tête avec 29,6% et 78 élus.
Il était présent dans le précédent gouvernement avec les sociaux-démocrates (CSSD) et les Chrétiens démocrates (KDU-CSL). C’est Bohuslav Sobotka, social-démocrate, qui dirigeait ce gouvernement. Ce gouvernement hétéroclite a été divisé et agité à la fin de la législature.
Le SPD, bien que son sigle soit le même que le SPD allemand, est un parti nationaliste hostile à l’immigration massive. Il a été fondé récemment par Tomio OKAMURA, de père japono-coréen et de mère tchèque. Il est hostile aux augmentations d’impôts et veut une politique favorable aux familles avec enfants. Il est allié au FN français. Le SPD tchèque, hostile à l’UE, n’a pour l’instant pas d’élus au PE.
Le SPD, pour sa 1e participation à des législatives en Tchéquie, a obtenu 10,6% (22 élus) et la 4e place.
Le parti « Pirates » est un parti d’extrême gauche qui a fait campagne contre la corruption. Il veut la démocratie par internet. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les moyens de contrôle de cette démocratie ne sont pas assurés! Ce parti est arrivé 3e avec 10,8% et 22 élus.
On trouve ensuite le parti communiste (7,8% et 15 élus), en net recul par rapport aux 14,9% de 2013 qui en avait fait l’un des partis communistes les plus puissants d’Europe.
Le parti social-démocrate, comme dans de nombreux autres pays européens, s’est effondré: il n’obtient que 7,3% (15 élus) contre 20,5% en 2013 et perd le pouvoir.
Viennent ensuite 3 partis chrétiens-démocrates ou membres du PPE au Parlement européen. KDU-CSL, un parti explicitement chrétien-démocrate (5,8%, 10 élus), TOP 09 (5,3% et 7 élus) et STAN (5,2% et 6 élus) sont eux aussi affiliés au PPE.
Dans ce paysage politique très éclaté (9 partis au parlement), nul ne sait encore quelle est la prochaine coalition qui va se mettre en place. Trois choix pour Babiš: s’allier avec ODS, coalition à laquelle pourrait se joindre le SPD, s’allier aux 3 partis du PPE ou s’allier avec la gauche (avec au moins deux des trois partis de gauche présents au Parlement).
C’est cela qui va déterminer si la Tchéquie va lutter ou non contre l’immigration massive dans les 4 prochaines années.
 
Ce pays, autrefois fortement catholique (76% en 1950) a été déchristianisé par la dictature communiste. Il ne restait plus que 19% de catholiques au dernier recensement de 2011. Prague reste néanmoins le centre d’une dévotion importante: la dévotion à l’Enfant-Jésus de Prague. Celle-ci est plus que jamais utile aujourd’hui.
 
G. Paume

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