Ayant pour objectif d’améliorer l’excellent résultat de 2019 (23,31% avec 22 sièges) en réaffirmant la primauté des lépénistes sur la scène politique nationale, le Rassemblement National prend un tournant plus écologique.
Le Rassemblement National de Marine Le Pen ne cesse de grossir : 42% des Français avouent avoir voté au moins une fois pour Marine, il y en avait 35% en 2021 et 30% en 2017
Profitant de la disgrâce dans l’opinion de la présidence d’Emmanuel Macron, le Rassemblement national de Marine Le Pen ne cesse de grossir. C’est ce que confirme la nouvelle étude d’Ifos Fiducial qui photographie avec précision l’électorat français. Des données intéressantes voire inattendues ressortent des résultats de l’enquête. Par exemple, 42% des Français avouent avoir voté au moins une fois pour Marine (il y en avait 35% en 2021 et 30% en 2017) ; les catégories sociales les plus faibles sont les plus représentées (57%) et 27% du total des électeurs sont issus de la gauche maximaliste de Mélenchon. Les motifs du consentement sont fortement contestataires, parmi lesquels la justice trop laxiste et partiale (92%) et la peur de l’immigration islamiste (86%) ; dans le même temps 86% des personnes interrogées se déclarent démocrates convaincus et 74% sont favorables aux mariages homosexuels.
Un tableau résolument pluraliste qui ‘récompense’ les dix ans d’efforts de Marine pour dé-diaboliser son mouvement politique. Ce n’est pas un hasard si les Français encore convaincus que le RN est un parti raciste et dangereux pour la démocratie ont nettement diminué (de 68% en 2017 à 58% actuellement) et même 47% du vaste échantillon analysé se disent convaincus que le mouvement a le pouvoir de gouverner le pays.
La nouvelle ligne écologique du RN pour obtenir des voix
Des données qui stimulent un nouvel enthousiasme pour les prochaines élections européennes. L’objectif affiché est d’améliorer l’excellent résultat de 2019 (23,31% avec 22 sièges) en réaffirmant la primauté des lépénistes sur la scène politique nationale. D’où une ré-écriture décisive des programmes à partir des enjeux environnementaux. Un terrain apparemment insolite que le RN n’a commencé à attaquer, sous l’impulsion du député européen Hervé Juvin, qu’à partir de 2017 en proposant un récit initialement fondé sur une écologie paysanne populaire et localiste, protégeant les paysages de l’envahissement de l’éolien et le respect droits des animaux. Une vision « bucolique » mais encore insuffisante et incomplète.
Aujourd’hui, Marine Le Pen a décidé de franchir une nouvelle étape. Le 1er mai dernier, la dame a convoqué ses cadres au Havre, le centre industriel du nord de la France, pour présenter la nouvelle ligne : sobriété contre consommation, produits nationaux et biodiversité contre mondialisation puis harmonie avec la nature, progrès scientifique, circuits courts, économie circulaire, énergie nucléaire de prochaine génération. Bref, une « vision optimiste fondée sur la foi en l’homme et la confiance en la science » pour une nouvelle « écologie française et positive » fondée sur le trinôme « protéger, concevoir, transmettre » radicalement opposée aux sommations des khmers vert qui « imposent une écologie punitive, pleine d’interdits et d’obligations ».
Les propositions de Marine séduisent certainement non seulement la France profonde, peuple d’agriculteurs et d’entrepreneurs agro-alimentaires, mais aussi ces grandes franges urbaines sceptiques quant à la rhétorique du « capitalisme vert » et intolérantes à la prosopopée alarmiste de l’écologisme progressiste.
Sobriété contre consommation, produits nationaux et biodiversité contre mondialisation puis harmonie avec la nature, progrès scientifique, circuits courts, économie circulaire, énergie nucléaire de prochaine génération
Les réactions et les critiques, bien sûr, ne se sont pas fait attendre. Dans Le Monde, Pierre Madelin, l’un des gourous de l’écologie de gauche et auteur d’un pamphlet significativement intitulé La tentation écofasciste, définit le tournant du RN comme « un greenwashing nationaliste » visant à masquer des politiques xénophobes et totalitaires, glissant dans le même minestrone insipide Le Pen, Bolsonaro, Trump et le philosophe Alain de Benoist.
Le RN se saisit du thème écologique et le décline certainement dans un sens plus conservateur, pour le respect des écosystèmes, de la ruralité, des cycles naturels, tout en valorisant l’enracinement, et assoit ainsi sa stature de parti sur lequel il faut compter dorénavant dans les élections. Et comme tous les partis du système montre une inconséquence profonde, signe de la démagogie qui l’anime. On peut se demander en effet comment les mêmes politiques qui défendent une écologie conservatrice et le respect de la nature peuvent tout autant promouvoir le ‘mariage’ des duos d’invertis et l’avortement, deux des pires actes contre-nature qui puissent exister.
Francesca de Villasmundo
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