Le SIEL (Souveraineté, Indépendance et Liberté) est un parti politique souverainiste né à la fin de l’année 2011. Souhaitant mettre en place un Gouvernement de Salut Public, ce mouvement prône un sentiment d’exaltation nationale et se positionne en défaveur d’une Union européenne aux appétences mondialistes, à laquelle il préfère une « Europe des Nations […] insistant sur l’inclusion de la Russie et de la Turquie, partenaires majeurs de l’équilibre européen[1] ». Parmi les mesures originales du SIEL, la suppression des lois mémorielles dans un objectif de restauration de la liberté de parole (article III, 3 de la des vingt-cinq mesures du SIEL) et l’instauration d’un Référendum d’initiative populaire[2] (cit. op. art. II, 4) semblent des interactions intéressantes vis-à-vis des positions étatiques actuelles.
A l’instigation d’Alexandre Cuignache, président des Jeunes du SIEL, le premier colloque sur « La droite pour la civilisation française » s’est tenu ce samedi 21 juin, au théâtre du Renard. L’évènement était constitué en trois tables-rondes aux intervenants issus de milieux divers.
Première table-ronde : 2012-2013, le début d’une résistance
Béatrice Bourges (du Printemps Français), Samuel Lafont (ancien membre de l’UNI, partisan de l’UMP) et Marc Delécluse (juriste), alimentaient ce premier groupe de réflexion sur « 2012-2013, le début d’une résistance ». La première intervenante a insisté sur le changement de nature de la résistance émergée à l’issue de la loi sur le « Mariage pour tous » ; si 2012-2013 a ouvert la porte à la résistance visible, l’année à venir doit être celle de l’engagement. Permise par une absence d’individualisme en parfaite contradiction avec les mœurs séculaires, elle doit répondre aux exigences civilisationnelles (lois sur la famille, réaction aux réformes dites sociétales) dont les partis politiques en vigueur ne se font pas l’écho – sauf à prôner la destruction du schéma familial traditionnel. Selon Béatrice Bourges, il est nécessaire de « passer au cran au-dessus » et de mettre en place une résistance spirituelle contre un système à l’anticléricalisme revendiqué[3].
Samuel Lafont a quant à lui souligné que le parti politique, quel qu’il était, se devait d’être un moyen de parvenir au pouvoir et non une fin en soi. Il s’est prononcé en faveur de la création d’un parti où l’accent serait mis sur le centre de préoccupation majeur de chaque français : sa situation financière. Ces deux premiers points de vue contradictoires ont fait l’objet d’un débat (courtois) à la fin de la table-ronde.
Enfin, Marc Delécluse a tenu à rappeler l’inanité du clivage entre les partis de droite et de gauche, insistant sur la similarité des positionnements des gouvernements sur ces questions sociales : « l’IVG était une mesure résolument de gauche…qui a été voté par la droite ! ». Selon lui, rester vigilant s’impose à l’avenir, notamment sur les questions de l’euthanasie – actuellement posée au Conseil d’État[4]- et de la PMA[5], sur laquelle l’État va sans nul doute bientôt intervenir.
Deuxième table-ronde : quels sont les fondamentaux de la droite ?
Animée par le professeur Olivier Gohin (professeur de Droit public à Assas), Pierre Meurin (juriste et Président du Mouvement des Jeunes pour la France) et Monsieur A. Miri (professeur et acteur de la Manif Pour Tous), la deuxième table-ronde revenait sur les Fondamentaux de la droite.
Le Professeur Gohin a prononcé un discours sur le thème « Abandon de la souveraineté et bouleversement civilisationnel » ; selon lui, le bouleversement actuel découle de la peur généralisée des peuples face à la perte des libertés. La souveraineté est en faveur de la liberté nationale, sévèrement entamée par des organismes tels que la Banque Centrale Européenne, qui participe à la suppression de la souveraineté monétaire de chaque pays de l’Union.
Pierre Meurin a quant à lui dénoncé les fondements déshumanisants de l’Union européenne, de la Cour Européenne des Droits de l’Homme alliée à la Charte des Droits fondamentaux à sa tradition libérale issue de ses origines protestantes. L’Homme au centre de la préoccupation politique est une valeur promue par le MJF. Le mouvement s’oppose à la suppression des corps intermédiaires dans l’organisation gouvernementale ; à cet égard, les méfaits de la réforme territoriale, qui contribue à cette disparition, ont été dénoncés.
Troisième table-ronde : que faire ?
S’interrogeant sur les résolutions à prendre à l’avenir Sarah Benamar (ancien membre de Debout la République), Matthieu Cellier (fondateur du mouvement Dextra) et Alexandre Cuignache (Président des Jeunes du SIEL) ont conclu la conférence. Ce dernier s’est montré particulièrement optimiste, en faveur d’une fédération des « véritables droites » et des mouvements patriotes souverainistes. A l’issue du colloque, il nous a confié être satisfait des résultats aux élections municipales et européennes, source d’espoir pour le redressement de la France. Sarah Benamar a cependant émis plus de réserve, prenant l’exemple du mouvement Debout la République, qui n’exercera jamais d’alliance avec le Front National.
Paul-Marie Coûteaux a clôt cette première initiative des Jeunes du SIEL ; selon lui, la parole s’est grandement libérée depuis les années 1990 et s’il reste un travail très important à faire dans la constitution d’une relève politique digne de ce nom, « l’initiative est de notre côté ! »
Malgré une volonté d’engagement louable, la pluralité des visions exposées au cours de ce colloque laisse à penser qu’il reste en effet un long chemin à parcourir jusqu’à la fédération ; le SIEL, mouvement en faveur d’une « large alliance des patriotes, seul moyen de chasser la gauche », saura-t-il transcender le dualisme bipartite récurrent de la Vème République au profit d’une politique sensée, répondant aux exigences tant civilisationnelles que sociales des français ?
[1] Deuxième mesure parmi leurs Cinq réorientations nécessaires de notre diplomatie et de notre politique de défense.
[2] En cela le SIEL est en accord avec l’initiative Pays Réel, qui veut mettre en place le référendum d’initiative populaire. Celui-ci consiste à faire appliquer l’article 11 de la Constitution afin que le Président de la République organise un référendum national sur un sujet choisi, en l’occurrence l’application d’une démocratie directe. Ce vote nécessite la réunion de 185 parlementaires (députés et sénateurs) et la signature de 4,5 millions d’électeurs. Signer la pétition ici.
[3] Les journées de la Queer Week n’ont-t-elles pas commencé par des rites sataniques dans les jardins de Sciences-Po ? Les FEMEN ne revendiquent-elles pas la tenue de messes noires le jour du Vendredi Saint ?
[4] Lire à ce propos notre article sur l’affaire Vincent Lambert.
[5] Dans le Manifeste des 343 « fraudeuses », charte en faveur de la Procréation Médicalement Assistée lancée par des femmes ayant eu recours à cette pratique de manière illégale, est inscrit la revendication suivante : « Nous réclamons l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, sans discrimination. Nous réclamons que la loi ouvrant l’adoption aux couples de même sexe soit appliquée partout en France. »
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