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« C’est phénoménal à quel point [Poutine et Trump] sont proches dans leurs conceptions de politique étrangère », a souligné le porte-parole de la présidence russe s’adressant aux journalistes à New York où il se trouvait lors des résultats de l’élection américaine. Dmitri Peskov, ordinairement si sobre dans ses déclarations ne s’est pas privé, cette fois, de laisser éclater son enthousiasme.

En fait les déclarations des responsables politiques en provenance de Moscou, montrent bien qu’un tournant dans les destinées internationales sont sur le point de chavirer, et tant pis pour le dépit affiché par les élites décadentes et apatrides qui en France et en Union européenne, tiennent encore le haut du pavé.

Vladimir Poutine recevant mercredi matin, jour de la proclamation des résultats de la présidentielle américaine les lettres de créances des ambassadeurs, en a profité pour la commenter :

« Je tiens à féliciter le peuple américain à la fin de ce cycle électoral et à féliciter M. Donald Trump pour sa victoire aux élections.

Nous avons entendu les déclarations qu’il a faites en tant que candidat à la présidence exprimant le désir de rétablir les relations entre nos pays. Nous réalisons et comprenons que ce ne sera pas une route facile étant donné le niveau auquel nos relations se sont dégradées aujourd’hui, malheureusement. Mais, comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas la faute de la Russie si nos relations avec les États-Unis ont atteint ce point-là.

La Russie se tient prête pour un retour aà des relations en plein format avec les États-Unis. Permettez-moi de répéter, nous savons que ce ne sera pas facile, mais nous sommes prêts à prendre cette voie, à prendre des mesures de notre côté et à faire tout notre possible pour ramener les relations russo-américaines sur une voie de développement stable.

Cela profiterait à la fois aux peuples russe et américain et aurait un impact positif sur le climat général des affaires internationales, étant donné la responsabilité particulière que la Russie et les États-Unis partagent pour maintenir la stabilité et la sécurité mondiale. Kremlin

Une déclaration sobre et sans forfanterie mais qui ne dissimule pas une immense satisfaction.

Un enthousiasme contenu auquel les députés de la Douma (parlement russe) ont fait échos mais sans brider leur joie; ils ont accueilli sous un tonnerre d’applaudissements la nouvelle.

Le dirigeant du parti libéral-démocrate (LDPR), Vladimir Jirinovski, a promis d’envoyer à Trump un message de félicitations. « Cher Donald, nous vous félicitons pour cette victoire méritée. Mamie Hillary n’a qu’à aller se reposer », a-t-il déclaré.

Le leader du parti Russie Juste, Sergueï Mironov, a dit qu’il n’aimerait pas être à la place de l’époux d’Hillary Clinton – l’ancien président américain Bill Clinton. « En tant qu’homme, je ne voudrais pas être à la place de Bill Clinton, parce que manifestement, sa petite femme, qui l’a trimballé avec elle dans tous les États comme un vieux sac à dos usé, va lui retourner le cerveau après sa défaite », a-t-il déclaré. Le  Courrier de la Russie

Du côté occidental, après le choc, le dépit …

Gérard Araud, l’Ambassadeur de France à Washington, ignorant toute réserve diplomatique a déclaré en un tweet: « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige « , « la fin d’une époque, celle du néolibéralisme ». 

Espérons que cela ne s’arrêtera pas en si bon chemin et que la voix de Cassandre de l’ambassadeur sera un bon présage pour la France lors des présidentielles et des législatives de 2017.

… Et du dépit au complotisme …

Mais l’ambassadeur de France n’a pas été seul parmi les diplomates a lancer un tweet vengeur. l’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul,  pointe la main de Moscou derrière cette victoire de Donald Trump: «Poutine est intervenu dans nos élections et a réussi. Bien joué» a-t-il écrit dans la foulée des résultats. Une sorte d’hystérie complotiste envahit l’establishment, incapable d’admettre que ses manipulations n’aient pas donné l’effet escompté sur les électeurs américains.

David Frum, ancien auteur des discours de George W. Bush est encore plus direct :« Nous assistons à l’opération la plus réussie des services secrets russes depuis l’époque où les Rosenberg ont volé la bombe atomique », affirme-t-il sur Twitter

… Mais faut-il balayer l’ingérence de Moscou d’un revers de main? 

Difficile, en effet, de penser que la Russie n’ait pas été tentée de faire basculer le résultat de ces élections dans le sens de ses propres intérêts. Après tout les États-unis n’interviennent-ils pas en permanence dans les affaires intérieures des autres pays du monde pour les déstabiliser ? Pour provoquer la mort et le chaos ? Son agent d’influence, le milliardaire Soros, champion des révolutions de couleurs dans les anciennes républiques soviétiques d’Europe, et des Printemps arabes au Moyen-Orient, n’a-t-il pas, pour une fois, été doublé par un adversaire qu’il n’attendait pas ?

Lorsque Marine Le Pen surgit dans les agendas russes

Vladimir Poutine, lors du forum Valdaï , s’est  franchement moqué du complotisme de l’équipe Clinton: «Je voudrais maintenant vous poser cette question : est-ce que tout le monde pense sérieusement que la Russie peut dans quelque mesure que ce soit influencer le choix du peuple américain? Les États-Unis, qu’est-ce que c’est? Une république bananière ? Allons, les États-Unis sont une grande puissance. Si je me trompe, corrigez-moi, s’il vous plaît !», a ironisé le président russe avant d’ajouter: « Je vais vous dire : j’aimerais avoir une machine de propagande de cette ampleur en Russie, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Nous ne possédons pas de médias de masse mondiaux contrairement à CNN, à la BBC et à quelques autres, nous ne disposons pas de possibilités de cet ordre. » 

Et justement à propos de « médias de masse mondiaux », l’ancien ambassadeur des États-Unis, M. McFaul, dans un deuxième tweet précise bien sa pensée en pointant un doigt accusateur contre des Russes qu’il désigne derrière ce complot :

A travers les noms qu’ils cite, Sputnik et RT, les agences de presse de la Russie à l’étranger, sont directement visées. Parmi ces noms on trouve celui de Maria Katasonova. Or Maria Katasonova dans un de ses derniers tweets prophétise: « la prochaine victoire sera celle de Marine Le Pen! »… Et en effet, si la France chavirait à son tour hors de l’orbite mondialiste, la Russie aurait toutes les raisons de se féliciter, car la France est un poids lourd de l’Union européenne, sa voisine.

Dans ce tweet révélateur de Maria Kotasonova on reconnait à la suite du portrait de Vladimir Poutine, le portrait de Donald Trump et enfin celui de Marine Le Pen au premier plan, comme étant la suivante de la liste des vainqueurs du souverainisme. Tout un programme!

Les services secrets russes derrière Wikileaks ?

Où Julian Assange a-t-il pioché les révélations qui ont mis en lumière les dessous scandaleux de la politique d’Hillary Clinton ? Qui a défloré sa messagerie ? L’équipe Clinton-Obama accuse les espions russes de s’être déguisés en pirates de l’informatique… Est-ce si improbable ? Le fait que l’auteur de Wikileaks soit réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres l’empêche-t-il d’être aidé dans ses révélations? Des révélations fracassantes dévoilées selon un agenda en trois phases si précisément calées dans la progression de la campagne électorale américaine qu’elles semblent avoir donné le coup d’estocade final.

Donc, à espion, espion et demi! 

Mais revenons à l’exclamation de triomphe du porte-parole du Kremlin: « C’est phénoménal à quel point [Poutine et Trump] sont proches dans leurs conceptions ». Il ajoute aussitôt que Poutine lors du Forum Valdaï, a tracé «la même politique, [que Trump pour les USA], mais en évoquant, naturellement, les intérêts nationaux de la Russie ».

Trump: une politique multipolaird’États partenaires

C’est ce que révèlent les déclarations de Trump. Dans sa première et très consensuelle déclaration aussitôt après son élection, il a déclaré:

« bien que nous mettrons toujours les États-Unis en premier, nous aurons des relations honnêtes. Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous (…) Nous chercherons des partenariats plutôt que des conflits » a déclaré Donald trump juste après sa victoire.

L’expression, chère au président russe: « partenariat » est emblématique: « Nous chercherons des partenariats plutôt que des conflits », par cette expression Donald Trump manifeste son analogie de vue multipolaire de la politique internationale, avec le Président russe. Une vision multipolaire des relations entre États qu’il réitère à la fin de cette déclaration en clamant qu’il va mener une politique de « l’américanisme » et qu’il n’est plus question de « mondialisme ».

Ainsi au cours de sa campagne électorale le candidat à la Maison Blanche avait promis:

« Nous recourrons à la force militaire seulement en cas de nécessité vitale pour la sécurité nationale des États-Unis. Nous mettrons fin aux tentatives d’imposer la démocratie en dehors des USA et de renverser les régimes, ainsi que de nous impliquer dans des situations dans lesquelles nous n’avons aucun droit de nous ingérer ».

Et bien d’autres propos qu’il serait fastidieux de rappeler mais qui quasiment se calquent sur la ligne politique internationale russe…

Il est peu probable qu’il y ait eu connivence entre le candidat américain et le pouvoir russe, mais qu’il y ait eu collusion d’idées et d’intérêts, cela est évident. Dans ce cas pourquoi la Russie se serait-elle gênée d’interférer dans la campagne présidentielle américaine pour favoriser de tout son poids, en sous-main, la campagne de son « candidat-partenaire » privilégié ? Dans la guerre froide menée par Obama contre Poutine, il semble bien que le vainqueur incontestable soit Poutine.

emiliedefresne@medias-presse.info

 

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