Il y a quelques jours, le journal britannique Guardian nous apprenait que 44 ouvriers népalais, employé sur des chantiers de construction de sites pour la coupe du monde 2022 au Qatar, étaient morts entre le 4 juin et le 8 août. Jeunes pour la plupart, ils ont été victimes d’attaques et insuffisances cardiaques ainsi que d’accidents sur leur lieu de travail. Tous exerçaient dans des conditions d’exploitation qui s’apparentent à de l’esclavage moderne. Les révélations continuent, toutes aussi terrifiantes les unes que les autres. Le Comité suprême Qatar 2022, structure chargée de préparer la Coupe du monde, s’est dit « profondément préoccupé par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail City et considère la question avec le plus grand sérieux ». Selon un de ses porte-parole, la FIFA va « entrer en contact avec les autorités du Qatar, et la question sera également discutée lors de la réunion du comité exécutif sur le point Coupe du monde 2022 au Qatar les 3 et 4 octobre 2013 à Zurich. » Les autorités, assure-t-on, ont lancé une enquête. Ce n’est pourtant pas une surprise. Médiapart avait déjà consacré un article sur l’esclavage moderne au Qatar et il ne s’agissait pas de sites pour la coupe du monde. En cherchant, on trouve d’autres exemples.Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le Qatar dont l’attribution en tant que pays organisateur de la coupe du monde 2022, a déjà suscité de nombreuses polémiques tandis que certaines fédérations se sont plaintes de la chaleur qu’il ferait à l’époque normale d’une coupe du monde (i-e juin,juillet). Pourtant la communauté internationale ne s’est pas émue outre-mesure de cette situation esclavagiste. Des ONG ont bien appelé au boycott mais en vain. Elle avait été bien plus virulente quand il s’agissait des jeux olympiques d’hiver 2014 de Sotchi en Russie suite à la loi punissant la propagande homosexuelle. Des pays avaient exigé du CIO qu’il demande des garanties à la Russie. L’acteur Stephen Fry et d’autres personnalités comme Lady Gaga avaient appelé à boycotter les jeux et même à retirer l’organisation à la Russie. Une mobilisation s’était organisée sur les réseaux sociaux. Le tout avait été relayé par de nombreux articles dans les médias. Si le ministre anglais Cameron n’a pas appelé à boycotter, il a quand même cru bon de répondre en assurant qu’il valait mieux y participer. Force est de constater que la communauté LGBT internationale a des leviers puissants pour mobiliser autour d’un boycott. Le Qatar semble plus protégé et le sort des travailleurs immigrés népalais émeut moins. Sans doute, y a-t-il trop d’enjeux économiques et politiques derrière !
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