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Pourquoi le diocèse de Quimper veut chasser la FSSP ?

La FSSP, qui dessert une grande et belle église dans le centre de Quimper – où aucune autre dénomination traditionnelle n’est présente, la FSSPX étant au Trévoux près de Quimperlé et la Résistance venant occasionnellement dans les environs de Carhaix – est bien partie pour s’en faire chasser « loin des yeux, loin du coeur » par des responsables diocésains dont les raisons sont bien peu pastorales, explique avec une grande clarté – et sans circonvolutions – Paix Liturgique. Pourquoi tant de haine vis à vis d’une des dernières paroisses vraiment vivante et nombreuse du sud-Finistère ? Probablement parce qu’avant liquidation des derniers vestiges de la Bretagne catholique, tout doit disparaître.

« Suite à l’annonce par le père Claude Caill dans l’hebdomadaire Côté Quimper, début septembre, de la volonté de la paroisse de Quimper, en grande perte de vitesse, d’expulser la FSSP et ses 250 fidèles (jusqu’au double l’été) de l’église Saint-Matthieu pour les envoyer à 15 km au nord-ouest, sous prétexte de récupérer l’église pour une seule messe anticipée le samedi soir, les réactions se multiplient quant à ce déplacement, qui ne semble guère motivé par des raisons pastorales ou par le souci des fidèles.

L’association Tradition et Unité, qui représente les fidèles de saint Matthieu de Quimper, a mené un sondage auprès de 120 de ses adhérents – ceux des fidèles qui sont présents à l’année, et rendu les résultats le 19 octobre dernier. Près d’un quart des fidèles vont à saint Matthieu à pied, encore un tiers en sont à moins de 20 minutes en voiture – autrement dit ils résident à Quimper même ou dans sa proche agglomération, et 45% sont âgés de 50 ans et plus ; sans surprise, 97% des fidèles sont défavorables au déplacement de la messe traditionnelle en périphérie, 92% souhaitent être consultés par le diocèse – qui s’est bien gardé de le faire jusque là – et 95% sont dans l’incompréhension totale suite à ce projet d’éloignement de la messe traditionnelle.

Les réponses transmises par les adhérents et transcrites telles quelles par l’association Tradition et Unité témoignent de cette incompréhension. Voici un petit florilège :

« nous voyons parfois, à la messe de dimanche, des paroissiennes, envoyées par l’équipe pastorale de la cathédrale, qui font semblant d’assister à la messe, mais sont juste là pour nous observer et vérifier » ;

« quelle est la raison pour nous envoyer en périphérie ? A l’heure où on nous parle d’unité dans l’Eglise, d’écologie, est-ce bien approprié ? » ;

« Les services que l’on peut rendre à la paroisse sont-ils non souhaités dorénavant ? [le père Claude Caill] peut-il venir s’exprimer directement devant nous, puisqu’il est notre curé, dans le cadre d’un exercice de correction fraternelle, ne serait-ce que pour éclairer la position de l’évêque ? »

« si la FSSP était évincée de Quimper nous aurions l’impression de ne plus faire partie de la communauté catholique de Quimper au sens large, voire d’une rupture franche, imposée, avec le diocèse et l’évêque »

« quelle injustice choquante. Vouloir empêcher un bon prêtre d’exercer normalement son ministère en le déplaçant dans un autre lieu moins visible ».

Le père Caill, curé de Quimper « ouvert à tous », sauf aux catholiques ?

Du reste, lorsqu’on s’intéresse à la paroisse de Quimper – qui s’étend aujourd’hui sur toute la ville et son agglomération, et ne compte néanmoins plus que 1300 fidèles, ceux de la messe traditionnelle y compris, l’on découvre quelques éléments étonnants.

Ainsi du curé Claude Caill, arrivé en 2019 à la tête de la paroisse cathédrale, et à Quimper en 2017, après dix ans passés à Brest – la partie du diocèse nettement plus à gauche, où il y a quelques années les prêtres avaient bloqué l’arrivée de la pourtant peu droitière communauté de l’Emmanuel.

Comme le rappelle Côté Brest en janvier 2015, « originaire de Plouzévédé, baptisé à Saint-Louis [la monumentale église du centre de Brest], a étudié [les lettres] au [lycée] Kerichen avant de partir à Gênes en Italie en tant que séminariste. Ordonné à Blois, il est revenu avec plaisir en 2000 en Bretagne, à Quimper d’abord puis à Brest en 2008 ». Au Télégramme de Brest en 2017 il avait expliqué avoir fait khâgne et hypokhâgne avant d’entrer au séminaire, puis être resté dix ans à Blois après son ordination en 1990, notamment à la paroisse saint Joseph et comme délégué épiscopal à l’initiation chrétienne.

Son portrait par Ouest-France le 4 janvier 2019 est émaillé de signes pour initiés : « dans son bureau, au presbytère de Quimper, trois chaises forment un triangle », le tout face à une bibliothèque remplie de livres, religieux ou non. Il ne manque que les colonnes du temple et le carrelage en damier. Puis, un peu plus loin, après un paragraphe sur l’affluence touristique dans la cathédrale saint Corentin, le père Claude Caill affirme « il n’y a pas l’église d’un côté et l’humanité de l’autre. C’est un poumon spirituel qui n’a pas à se mettre au-dessus mais doit travailler avec la société civile. La cathédrale, c’est l’accueil humain », conclut ce prêtre que Ouest-France dit « ouvert à tous », mais visiblement plus aux touristes, « chrétiens ou non » qu’aux fidèles de la messe traditionnelle.

Pastorale des jeunes à Quimper : court-jus sur toute la ligne

Le déplacement de la messe traditionnelle à 15 km de Quimper semble si peu lié au souci pastoral des fidèles concernés que justifié par l’usage de saint Matthieu pour la seule messe du samedi soir qu’il faut se demander à qui profite le crime.

Un fidèle quimpérois qui se rend aux messes novus comme vetus ordo nous vend la mèche : « en fait, l’église Saint-Matthieu, ils s’en fichent. Une fois la FSSP partie elle redeviendra comme avant, c’est à dire vide et sale. Peut-être l’ouvriront ils en été pour les touristes, et encore. En revanche, ce qui agace pas mal la paroisse de Quimper centre, c’est que la messe traditionnelle attire les jeunes, qui ne sont plus si nombreux en général. Ils espèrent qu’en l’éloignant au maximum de la ville les jeunes auront la flemme d’y aller, et qu’ils reviendront à la messe moderne, ainsi qu’à la pastorale qui va avec. Sans doute ne savent-ils pas que cela a déjà été essayé ailleurs et que cela ne fonctionne jamais ».

Pastorale, qui malgré un local à l’angle de la place de la Tour d’Auvergne et de la rue de Rosmadec, jouxtant l’évêché – et à 300 m à vol d’oiseau, à peine, de l’église saint Matthieu – sonne creux. Cette pastorale est confiée au père Laurent Daniellou, ordonné en juin 2021 et morlaisien d’origine, dont on apprend d’Ouest-France encore (26.12.2022) qu’avant son ordination, il a fait des études d’ingénieur puis travaillé quatre ans chez le gestionnaire de l’énergie RTE.

A la demande de son évêque, celui qui n’est alors que séminariste à Rennes « part se former sur la thématique de l’écologie », autrement dit à l’époque sur l’encyclique Laudato Si du Pape François. Ce qui permet au père Daniellou de parler de la « sauvegarde de la maison commune […] l’idée qu’il faut prendre soin du monde qui nous entoure » et de la « dimension spirituelle » que représente le respect de l’environnement, mais aussi le fait que « la question de l’écologie est omniprésente chez les jeunes ».

Jeunes qui vont certainement apprécier de devoir faire des kilomètres en voiture avec du carburant à près de 2 euros le litre pour aller à la messe, grâce aux décisions de la paroisse de Quimper-centre ainsi que la « dimension spirituelle » indéniable que de déplacer à 15 kilomètres à la campagne, dans un lieu non desservi par les transports en commun, une messe où un quart des paroissiens présents à l’année viennent à pied…

Dans Côté Quimper, le 16 décembre 2022, le père Daniellou affirmait que « le point commun [du son sacerdoce] avec [s]on ancien métier, c’est de transmettre la lumière ». Côté souci pastoral comme pour l’écologie en revanche, on touche au black-out, un comble…

Black out dans la communication : mais qui dirige le diocèse de Quimper ?

Suite à l’annonce de la décision du curé de Quimper, au sujet de saint Matthieu et de ses fidèles, dans l’hebdomadaire Côté Quimper de début septembre, il n’y a eu aucune communication officielle du diocèse à ce sujet, diocèse qui contrairement à bien d’autres se garde bien de mettre les coordonnées des curés en ligne. L’on se demande bien pourquoi.

Et il semble très difficile d’en obtenir par la voie officielle : à la paroisse de Quimper, le curé Claude Caill est absent, le jeune père Daniellou n’a jamais répondu, malgré plusieurs sollicitations – c’est une laïque qui nous a rappelé avec le portable du père Daniellou, pour nous informer de son absence – et le secrétariat de Monseigneur renvoie à la communication diocésaine, qui est aux abonnés absents aussi. Il est vrai qu’expulser 250 fidèles hors de Quimper pour n’organiser dans leur église, dont ils se servent en semaine et le dimanche, qu’une messe anticipée du samedi soir, semble difficile à expliquer…

Faute de paroles officielles pour justifier l’injustifiable, laissons donc un quimpérois, bon connaisseur de l’histoire tourmentée du diocèse finistérien, conclure : « Mgr Dognin n’a qu’une seule peur : non pas que le ciel lui tombe sur la tête, mais qu’il se fasse débarquer par son clergé comme l’a été Mgr le Vert », évêque de 2007 à 2014 poussé au départ par son clergé et suspendu par le Pape François « pour raisons de santé » avant d’être envoyé à Bordeaux.

« Soumis à de fortes pressions, il a fini par publier une ordonnance d’application de Traditionis Custodes en juin dernier qui s’engage à maintenir  »trois messes réparties sur le territoire du Finistère » qui peuvent  »être déplacées pour une raison pastorale » et  »dépendent pour l’instant des paroisses de Brest centre, Pays de Morlaix et Quimper saint Corentin ». Autrement dit s’il pouvait les envoyer à Ouessant, Sein et Molène pour que les prêtres les plus progressistes… ou les plus jaloux de l’affluence dans les messes traditionnelles qui seules croissent alors que les paroisses territoriales et les messes modernes voient leur affluence s’étioler inexorablement, lui lâchent les baskets, il ne s’en priverait pas ». 

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