De 1956 à 1963, Marcel Clément (1921-2005) a participé à la rédaction de la revue Itinéraires dirigée par Jean Madiran. Les éditions de L’Homme Nouveau ont décidé de réunir en deux volumes l’intégralité de ses chroniques. Cette quarantaine d’articles imprégnés de l’enseignement social de Pie XII, ont été écrits à l’époque où le danger communiste était majeur et étendait sa séduction jusque dans l’Eglise. Loin d’être obsolètes, ils se révèlent particulièrement intéressants , par analogie, à l’heure où les dirigeants du forum économique mondial de Davos orchestrent une grande réinitialisation qui s’accorde avec un communisme 2.0, où les dirigeants occidentaux veulent ériger en modèle le contrôle social à la chinoise et où l’essentiel de la planète a basculé dans une tyrannie sous prétexte sanitaire avec le consentement zélé des plus hautes autorités romaines.
Les textes de Marcel Clément viennent nourrir notre espérance. Sa méthode de penser permet de comprendre que les questions sociales, économiques et politiques ayant leur consistance propre doivent être abordés en percevant qu’elles exigent des décisions d’agents doués de raison ; et que l’histoire étant un immense drame dont les personnages sont les hommes, Dieu et les forces du mal, les actes libres ne sont jamais neutres spirituellement. L’application d’une telle méthode va conduire à privilégier la réforme des mœurs sur la réforme des institutions. Reprenant ainsi l’enseignement de Pie XI qui dans Quadragesimo anno écrivait : « Tout ce que nous avons enseigné sur la restauration et l’achèvement de l’ordre social ne s’obtiendra jamais sans une réforme des mœurs« , Marcel Clément plaide pour un réalisme supérieur et se fait l’apôtre de l’intelligence de la foi dans le champs social.
Pour une réforme morale et intellectuelle, volume 1, Marcel Clément, préface de Thibaud Collin, éditions de L’Homme Nouveau, 351 pages, 25 euros
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LA MORALE DU GAUCHISTE ET CELLE DU CATHOLIQUE
Le gauchiste est-il l’homme du ressentiment ?
« C’est une disposition psychologique, d’une certaine permanence, qui, par un refoulement systématique, libère certaines émotions et certains sentiments de soi, normaux et inhérents aux fondements de la nature humaine et tend à provoquer une déformation du sens des valeurs, comme aussi de la faculté de jugement. Parmi les émotions et les sentiments qui entrent en ligne de compte, il faut placer avant tout la haine, la méchanceté, la jalousie, la malice.
Le ressentiment vient de la divergence entre une impuissance qui fait dénigrer cette personne au ressentiment de ce qu’elle ne peut pas obtenir, et ce qu’elle ne peut pas accomplir, c’est une morale d’esclave (Nietzche), c’est établir une équivalence entre des valeurs positives (courage, vigueur) et la méchanceté et une autre équivalence entre les valeurs contraires et la bonté, il arrive à se convaincre que ses faiblesses sont des atouts et les talents des autres, des tares. » (L’homme du ressentiment, Max Scheler)
Comment se définit la « volonté » du gauchiste ?
« Elle a besoin d’un but, – et plutôt que de rien vouloir, elle veut le rien. » (Friedrich Nietzche, Généalogie de la morale, p. 112.), comme le soulignait Raymond Devos dans l’un de ses sketches, le rien c’est déjà mieux que le moins que rien.
Pour un thomiste, la question est : quel est l’objet de la volonté ?
– Un bien spirituel (Prima pars, q. 80, ar 2) la volonté nait de ce regard de l’intelligence qui considère cette relation, ce ratio boni, un objet perçu dans sa notion de bien en tant qu’il est bien, c’est une proportion et c’est quelque chose de spirituel.
– Un bien universel : l’appétit sensible se porte vers un bien particulier, en raison la volonté qui est une inclination qui tend vers un bien non seulement en lui-même, singulier dans sa raison de bien est universel.
– La fin, le but, le repos, la possession, la félicité : voilà l’objet de la volonté.
– Un être : donc c’est ce qui est, le bien est beau s’il existe.
– Un bien extérieur : (Prima pars, q. 59, art 2) il distingue l’appétit qui vient de l’intelligence et son appétit de nature, la nature est l’inclination (matière et forme) vers son être, elle cherche sa propre perfection, mais il y a une inclination vers quelque chose d’extrinsèque qui vient de la volonté, la volonté se porte vers ce qui est à l’extérieur de soi, en soi la volonté sort de nous-mêmes, alors que le mouvement de l’intelligence, de l’objet vient en moi, en revanche la volonté se porte vers un bien extérieur, mais ? des facultés et de l’individu.
Pour Scheler, l’homme du ressentiment cherche à universaliser ses croyances : c’est l’universalité qui remplace l’objectivité :
« Ainsi les hommes du ressentiment ont-ils tendance à se grouper entre eux et à substituer à leurs instincts grégaires à ce bien objectif qu’ils ont commencé par nier. » L’homme du ressentiment, p.162.
Pour Nietzche d’ailleurs, la moralité c’est l’instant de troupeau chez l’individu, ce qui corrobore que chez le gauchiste, l’idée est mauvaise quand elle est qualitative, elle est trouvée juste quand elle est posée par une foule, aspect quantitatif. Chez les catholiques, la morale de Thomas d’Aquin est finaliste, parce qu’elle a en vue une fin suprême, et naturaliste, parce qu’elle se repose sur une anthropologie de la nature humaine précise et réaliste. L’Homme doit s’insérer dans l’ordre de l’Univers voulu par Dieu, c’est-à-dire faire ce pour quoi il a été créé : connaître et aimer Dieu.
à Fracasse.
morale du gauchiste :
« m’a-t-on compris ? Dionysos contre le Crucifié » ( Nietzsche – in l’ Antéchrist)
morale du catholique
« Dieu Premier servi » (Jeanne d’ Arc)
Soloviev, un auteur à découvrir…
La Justification du Bien de Vladimir Soloviev (1853-1900), œuvre parue en 1897, un an après son adhésion publique à l’Eglise Romaine, il est russe, et sa pensée s’est formée à l’écart de nos classifications d’école. C’est la règle des 3 « P », trois sentiments sur lesquels il bâtit toute sa morale, à savoir :
a) La pudeur (répugnance au matériel, aspiration au spirituel)
b) La pitié (sentiment moral, fondamental à l’égard d’autrui)
c) La piété (sentiment éveillé par l’être supérieur)