« Il convient de lutter sans relâche pour l’honneur de la Tradition dans l’Eglise et pour le retour de celle-ci à la Tradition »
A l’heure où les pèlerinages de Pentecôte réunissent plus de 20.000 catholiques sur les routes de Chartres à Paris et de Paris à Chartres, à l’heure ou Rome s’indigne de tous ces « rigides » qui résistent encore aux nouveautés dans l’Eglise, à l’heure enfin où ce qui se vide ne cesse de déplorer ce qui se remplit, il est temps de rappeler quelques arguments, trois seulement, que l’on peut énoncer pour tenter de mettre un terme à la querelle improbe des modernistes à l’encontre des fidèles attachés à la tradition.
Trois arguments qu’il convient de puiser dans l’héritage de la philosophie et de la théologie classique.
Trois arguments qui, parce qu’ils sont vrais et demeurent tels en tout temps et en tout lieu, peuvent non seulement défendre le magistère ecclésial de toujours mais triompher encore et encore de la malhonnêteté intellectuelle dont il est l’objet.
Ces trois arguments sont simples et se suffisent à eux-mêmes :
- Dieu est cause première dans l’ordre des causes ; il est non causé, incréée, intangible, immuable, invariable, immobile dans toute la perfection de son être. S’il était variable et changeant, il serait en mouvement ; et s’il était en mouvement, c’est-à-dire s’il avait un but ou une destination, s’il se déployait vers une fin, il serait imparfait et donc ne serait pas Dieu. L’immobilité de l’être divin – difficile à concevoir pour nous qui sommes immergés dans un univers en mouvement – n’est pas une déficience d’être mais au contraire la perfection de son être.
- Dieu est un dont l’unité s’exprime dans la consubstantialité des trois personnes divines. C’est un mystère qui dépasse l’intelligence humaine, certes, mais qui ne prive celle-ci d’en contempler, par la foi, la révélation. Cette unité divine est aussi invariable et intangible que la cause énoncée ci-dessus car elle tient du même principe.
- Dieu est vérité. Cette vérité parfaite – parce que de la nature même de Dieu – engendre des vérités naturelles qui tendent vers leur source comme l’effet tend vers sa cause, comme l’effet la désire et veut lui ressembler davantage. La vérité de Dieu est également intangible, invariable ou intemporelle pour les mêmes raisons qu’énoncées ci-dessus et transmet aux vérités naturelles le même caractère.
De tout ceci l’on peut déduire que le magistère divin, c’est-à-dire la Révélation que Dieu fait de lui-même à ses créatures par l’Ecriture Sainte et la Tradition, est aussi intangible et immuable que son être, et ne peut donc être sujet à quelques variations que ce soit. Si l’Eglise, instituée par NSJC, est porteuse du magistère divin à travers son magistère humain, le magistère qu’elle véhicule, et dont elle devient le vicaire, ne peut pas varier au cours du temps.
C’est bien parce que la source du magistère de l’Eglise est divine, et donc invariable, que son magistère s’imprègne du même caractère.
Certes, l’on peut dire du magistère de l’Eglise qu’il est vivant autant que le magistère divin est vivant, mais pas dans le sens où l’énoncent les modernistes, pas dans le sens où ce magistère évoluerait et changerait au gré des époques, des évènements, des situations ou des hommes.
Prétendre que le magistère de l’Eglise peut changer au cours du temps, revient à séparer l’effet de sa cause, à écarter le donné révélé et le corpus doctrinal qui en découle de l’intangibilité de Dieu.
Le poison de Vatican II réside bien dans la manifestation de cet écart et dans la propension du clergé conciliaire et des théologiens qui l’animent à faire du logos divin l’objet de leurs propres variations, à l’adapter sans cesse aux exigences de notre temps.
Ce poison s’enracine depuis 60 ans déjà !
C’est pourquoi il convient de lutter sans relâche pour l’honneur de la Tradition dans l’Eglise et pour le retour de celle-ci à la Tradition.
Gilles Colroy.
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