Les experts nommés par le Tribunal Administratif de Châlons-en-Champagne reconnaissent que Vincent Lambert n’est pas en situation d’obstination déraisonnable. Ce rapport est un tournant. Ils évoquent également la possibilité d’un transfert vers un établissement spécialisé.

« Les experts considèrent que la réponse aux besoins fondamentaux primaires (alimentation, hydratation, émonctoires, prévention cutanée, hygiène de base) ne relève pas pour certains patients en état végétatif avéré, tel que Vincent LAMBERT, de l’acharnement thérapeutique ou d’une obstination déraisonnable » (p. 24 du rapport)

Cela corrobore l’avis de nombreux médecins qui s’étaient exprimés dans un grand quotidien (L’appel de 70 médecins : il est manifeste que Vincent Lambert n’est pas en fin de vie). Vincent ne présente pas les caractéristiques d’une personne qui souffre et qui est en fin de vie.

(…)

« La condition médicale de Monsieur LAMBERT n’est pas unique, ne pose pas de difficultés de prise en charge dans notre pays, n’appelle aucune mesure d’urgence. Il existe en France des structures pouvant l’accueillir jusqu’à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s’avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale » (p. 24)

Le Comité de soutien, ses amis et sa famille constatent que la seule solution est de faire transférer Vincent dans l’un de ces établissements, ce qu’ils demandent depuis des années. C’est le seul moyen pour que Vincent reçoive des soins adaptés à son état.

 


ÉTAT VÉGÉTATIF CHRONIQUE, ÉTATS PAUCI-RELATIONNELS

Dans un contexte où la dignité humaine est bafouée, la vie de Vincent Lambert menacée, Emmanuel Hirsch, Professeur d’éthique médicale et président du Conseil pour l’éthique,  publie un important et précieux « livre blanc »,  regards croisés de familles et de professionnels  sur la vie au quotidien des EVC / EPR :

« Depuis quelques années, à travers des controverses bien discutables dans l’actualité judiciaire, nous avons appris à mieux comprendre les responsabilités et les défis auxquels les personnes dites en « état d’éveil sans conscience (ou minimale) » nous confrontent. La vérité insoupçonnée d’une vie hors de nos représentations et même de ce qui nous paraît a priori humainement concevable et acceptable a émergé aux confins des pratiques soignantes : ces personnes nous imposent une considération et une réflexion plus exigeante et fondée que la compassion.
À propos de leur accueil parmi nous, de leur accompagnement à domicile ou en établissement ainsi que des soins qui leur sont prodigués, Il n’est plus recevable aujourd’hui, comme l’ont fait deux parlementaires, d’affirmer de manière péremptoire et sans la moindre précaution que « ces personnes pourraient qualifier ces situations d’obstination déraisonnable si elles pouvaient s’exprimer ». Ces personnes lourdement handicapées mais également leurs proches et les soignants auprès d’elles pour un parcours de vie et de soin dont la signification mérite mieux que des disputations distanciées et une telle stigmatisation.
Aucune instance n’a autorité à « penser » comme s’il s’agissait d’une évidence, que, totalement dépendantes et entravées dans leurs facultés relationnelles, la persistance de leur vie relève d’une « obstination déraisonnable » qui justifierait le renoncement. Sans quoi il conviendrait de renoncer à réanimer toute personne dont on estimerait a priori qu’elle ne retrouverait pas son autonomie, et de s’interroger sur le statut et les droits des personnes en phase évoluée de maladies neurologiques évolutives à impact cognitif, comme la maladie d’Alzheimer… »

 


Ce que les experts soulignent dans leur rapport d’expertise médicale mais que les médias ignorent :  « La réponse aux besoins fondamentaux primaires (alimentation, hydratation) ne relève pas pour Vincent LAMBERT, de l’acharnement thérapeutique ou d’une obstination déraisonnable »

Les experts évoquent la possibilité d’un transfert de Vincent Lambert dans une structure adaptée: « La condition médicale de Monsieur LAMBERT n’est pas unique, ne pose pas de difficultés de prise en charge dans notre pays. Il existe en France des structures pouvant l’accueillir »


 

Rapport d’expertise médicale, la maman de Vincent Lambert réagit sur RTL : 

« Vincent n’est pas en obstination déraisonnable, les experts l’ont dit ! Il n’est pas en fin de vie, les experts l’ont dit ! On s’acharne depuis des années à vouloir le supprimer et ça je ne l’accepterai pas ! »
Ecouter


Suite à la publication de l’expertise sur Vincent Lambert, le Comité de soutien, ses amis et sa famille souhaitent désamorcer quelques contre-vérités, et rappeler de manière apaisée la situation :

 

1° Sur l’état de Vincent

Les experts ont écrit que les lésions de Vincent étaient irréversibles. Cela n’a jamais été contesté par personne.

En revanche, ils affirment qu’il serait dans un état d’éveil non répondant, c’est-à-dire sans manifestation de conscience.

La méthode d’évaluation par les  experts de l’état de conscience de Vincent est totalement contestée et les médecins de la filière EVC/EPR sont unanimes à la condamner. On ne peut pas diagnostiquer un état dit végétatif ou d’éveil non répondant sur un seul examen. C’est contraire à toutes les règles de l’art médical. Les experts se sont contenté de l’évaluer sur 1h30 alors que les évaluations comportementales doivent être faites à plusieurs reprises sur 3 semaines à 1 mois.

La mère de Vincent l’a filmé en mai 2018 montrant Vincent vocaliser et tourner les yeux et la tête vers elle qui l’appelle : pour les spécialistes, c’est une preuve de conscience même altérée.

Seule l’évaluation dans un service spécialisé par une équipe pluridisciplinaire et sur une durée d’un mois pourrait permettre de poser un diagnostic d’état d’éveil non répondant.

Mais, pour les spécialistes de la prise en charge des patients cérébro-lésés, l’essentiel n’est pas là dès lors qu’ils s’occupent de ces patients dans tous les cas.

Contrairement à ce que prétendent les journalistes dans leur dépêche du matin, ce n’est pas l’état décrit de Vincent par les experts qui pourraient faire basculer le procès. C’est leur affirmation réitérée qu’il n’est pas en situation d’obstination déraisonnable.

 

2° Pour les experts, Vincent n’est pas en situation d’« obstination déraisonnable »  ou d’ « acharnement thérapeutique » ?

Les experts nommés par le tribunal estiment, à juste titre, que les soins donnés à Vincent ne relèvent pas d’une situation d’ « obstination déraisonnable ».

Ils ont tenu à l’écrire dans leur rapport malgré les oppositions des partisans de la mort de Vincent.

Dans un livre Blanc sur les EVC et EPR, publié en novembre 2018, le professeur Martin Hirsch écrit : « Aucune instance n’a autorité à « penser » comme s’il s’agissait d’une évidence, que, totalement dépendantes et entravées dans leurs facultés relationnelles, la persistance de leur vie relève d’une obstination déraisonnable » (Etat végétatif chronique, états pauci-relationnels, regards croisés de familles et de professionnels sur la vie au quotidien dans les unités dédiées, préface, novembre 2018).

 

3° Pour les experts, dès lors que sa mort n’est pas provoquée, la seule solution réside dans le transfert de Vincent

Nous ne pouvons que constater avec eux que la seule solution est désormais de faire transférer Vincent et de lui permettre d’être enfin correctement pris en soins. Pour de nombreux médecins (cf. L’appel de 70 médecins en avril), Vincent ne présente pas les caractéristiques d’une personne qui souffre et qui est en fin de vie. C’est un homme qui ne peut mourir que si on provoque sa mort. L’alimentation, l’hydratation et l’hygiène de base ne sont pas des traitements mais des soins élémentaires. Soigner Vincent, c’est activer cette entraide bienveillante et solidaire qui est au fondement de la médecine.

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