Si la proportion d’étrangers vivant en France (6,2% en 2013) n’augmente guère du fait du grand nombre des naturalisations (128 000 environ par an en moyenne sur la période 1995-2015, 2 686 806 précisément en 21 ans), la proportion des bébés nés en France ayant au moins un parent né à l’étranger ne cesse d’augmenter depuis l’an 2000 au moins (l’INSEE ne publie pas de données antérieures à 1998).
De 2000 à 2015, cette proportion est passée de 22,37% à 30,03%, franchissant ainsi en 2015 pour la 1e fois la barre des 30%. En 1998, elle était de 23,15%.
Si on détaille, 15,2% des bébés avaient 1 de leurs 2 parents né à l’étranger et 14,8% avaient leurs 2 parents nés à l’étranger.
Lorsqu’un seul des deux parents est né à l’étranger (15,2% des naissances), celui-ci est presque toujours né en dehors de l’UE (12,9% du total des naissances). Seuls 2,3% des bébés ont un parent né en France et leur deuxième parent né dans un autre pays de l’UE.
Lorsque les 2 parents sont nés à l’étranger (14,8% des naissances), ils sont, dans la quasi-totalité des cas, nés en dehors de l’Union européenne (13,1% du total des naissances vivantes enregistrées en 2015). Dans 1,3% des cas seulement, les deux parents sont nés dans un pays étranger membre de l’UE. Les autres cas (moins de 0,5% des naissances) concernent les bébés ayant un parent né dans l’UE (dans un autre pays que la France) et un autre né en dehors de l’UE.
Il est important de remarquer que cette statistique n’étudie que la 1e et la 2e génération d’immigrés (les immigrés et leurs enfants) et non la 3e génération (petits enfants d’immigrés). Or, depuis le recensement de 1975, la majorité des étrangers résidant en France sont non-européens (52,2% en 1975 contre 38,9% en 1968).
Cela veut dire que les enfants de ces immigrés majoritairement non-européens ont commencé à naître à partir de 1975 et leurs petits-enfants une génération plus tard, c’est-à-dire en moyenne à partir de 2005.
De 2005 à 2015, il s’est passé dix ans, soit un tiers de génération. Or, d’après une étude de l’INSEE portant sur l’année 2012, il y avait en France, à ce moment-là, 5 697 000 immigrés (8,7% de la population totale) et 6 820 000 enfants d’immigrés (10,5% de la population totale), soit un total pour ces deux catégories de 19,2%. Si leur nombre continue d’augmenter au même rythme, cela donnerait 6 820 000*(6 820 000 / 5 697 000) = 8 164 000 petits-enfants d’immigrés (3e génération) quand cette 3e génération sera complète, c’est-à-dire vers 2035.
En 2015, 1/3 environ des petits-enfants d’immigrés (nous parlons bien sûr toujours des immigrés présents en France en 1975) sont déjà nés, soit environ 2,7 millions, soit 4,1% de la population totale.
Le nombre total d’immigrés, d’enfants et petits-enfants d’immigrés peut donc être estimé en 2015 à environ 15,2 millions d’habitants (5,7 millions pour les immigrés, 6,8 pour les enfants d’immigrés et 2,7 millions de petits-enfants d’immigrés), soit environ 23% de la population totale (66,4 millions en 2015), dont 40% seulement environ sont d’origine européenne, ce taux continuant d’ailleurs à diminuer, puisque parmi les seuls immigrés recensés en 2012, 36,8% seulement étaient d’origine européenne.
A noter par ailleurs que sur les 12,517 millions d’immigrés et enfants d’immigrés recensés par l’INSEE en 2012, 4,226 millions d’immigrés, soit 33,8% du total, sont originaires d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Turquie, pays musulmans à presque 100% (d’après INSEE Références, édition 2015 – Fiches – Population).
L’INSEE ne donne malheureusement pas de détails pour tous les pays d’origine: seuls 11 pays d’origine sont recensés de manière précise: outre les 4 déjà cités, il y a l’Espagne, l’Italie et le Portugal en Europe, la Chine, tandis que les 3 derniers pays, le Cambodge, le Laos et le Vietnam sont regroupés en une seule ligne. Pour les autres pays (au nombre d’environ 190), on doit se contenter des intitulés trop flous suivants: autres pays de l’UE à 27 (en 2012, la Croatie n’était pas encore devenue le 28e état de l’UE), autres pays d’Europe, autres pays d’Afrique, autres pays d’Asie. Quant aux immigrés et enfants d’immigrés originaires d’Amérique et d’Océanie (environ 527 000), ils sont regroupés en une ligne: la répartition entre ces deux continents n’est même pas donnée!
Il est pourtant possible de faire mieux. Par exemple, l’Italie publie chaque année, la répartition exacte pour toutes les nationalités du monde entier, des étrangers résidant sur son territoire. C’est ainsi qu’on apprend qu’au 31/12/2015, il y avait une étrangère originaire du Vanuatu, pays dont la population est estimée actuellement à 289 000 habitants, qui résidait en Italie, ainsi qu’une autre du Tuvalu, 1 autre de Nauru, etc. aux côtés des 699 maltais, 97 986 polonais et surtout des 1 151 395 roumains, 467 687 albanais et 437 485 marocains, qui sont les 3 nationalités les plus représentées en Italie.
L’INSEE ne donne pas non plus dans INSEE Références, édition 2015, l’indice conjoncturel de fécondité des immigrés et enfants d’immigrés. Mais je remarque qu’ils représentaient en 2012, comme on l’a vu, 19,2% de la population et qu’ils ont assuré cette année-là 222 574 naissances, soit 27,1% des naissances enregistrées en France métropolitaine et dans les 5 régions d’Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et Réunion). Leur taux de natalité est donc nettement supérieur à la moyenne nationale. En 2012, ce taux peut être calculé: il était de 17,8 pour 1000 habitants contre 11,4 pour 1000 habitants pour le reste de la population (non immigrée ou enfants d’immigrés) et 12,6 pour 1000 pour la moyenne générale. 
Ces chiffres ne prennent pas en compte nos 6 collectivités d’Outre-mer (Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna).
G. Paume

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