Rappelé à Dieu ce 7 janvier 2025, en sa 96e année, Jean-Marie Le Pen se définissait volontiers comme un « indigène français de race bretonne né d’une lignée de laboureurs et de cultivateurs, tous morbihannais ». Sa vie fut hors du commun.
Une trempe de meneur
Pupille de la Nation à 14 ans après la mort de son père marin-pêcheur, Jean-Marie Le Pen s’impose rapidement comme un meneur. Au collège d’abord, à la Corpo (association corporative des étudiants en Droit) ensuite, dont il fut président pour les années 1949-1950 et 1950-1951.
Pour trouver les moyens de financer ses études, Jean-Marie Le Pen exerce de nombreux métiers dans des professions peu pratiquées par les fils de la bourgeoisie de gauche. Il est tour à tour marin-pêcheur, métreur d’appartement, ambulant des PTT et mineur de fond.
Député para
Patriote sincère, quand vint pour l’Indochine le temps des malheurs, Jean-Marie Le Pen quitte ses études de doctorat pour s’engager comme sous-lieutenant parachutiste à la Légion.
En janvier 1956, il est brillamment élu député de Paris (rive gauche) du parti de Pierre Poujade. Il se met en congé parlementaire pour rejoindre le 1er REP en instance de départ pour l’expédition de Suez puis pour rejoindre l’Algérie. Il reçoit la Croix de la Valeur militaire des mains du général Massu. Après six mois de service armé, il retourne en France et mène la bataille sur le terrain politique pour défendre l’Algérie française. Il mène ensuite campagne avec Tixier-Vignancour.
En 1963, il fonde la SERP, petite société spécialisée dans l’édition de disques historiques. En 1972, il crée le Front National, mouvement de la « droite sociale, populaire et nationale ». Ce parti incarne progressivement les espoirs du camp national. A l’époque, le FN fait campagne contre l’avortement, réclame la peine de mort pour les terroristes, dénonce le racisme anti-français.
En 1976, il est la cible d’un attentat qui fait exploser la maison dans laquelle il habite avec sa femme et ses enfants.
« L’heure de vérité »
Au début des années ’80, Jean-Marie Le Pen triomphe à l’émission « L’heure de vérité » sur le plateau d’Antenne 2. Quinze millions de téléspectateurs le découvrent. Les premiers succès électoraux du FN ne vont pas tarder à suivre et perdurer durant une vingtaine d’années. Jusqu’à propulser Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.
Malheureusement, lorsque vient le moment de sa succession à la tête du parti, il revient sur sa promesse de faire de Bruno Gollnisch son dauphin. Apportant son soutien à sa fille Marine, il l’assure de prendre les commandes du parti. Jean-Marie Le Pen en sera l’une des victimes directes. Il est mis à la porte du parti dont il fut le fondateur. Le parti change ensuite de nom, rompant définitivement avec ce que fut le FN de Jean-Marie Le Pen. Les querelles familiales ont ensuite continué d’alimenter la presse jusqu’à une « réconciliation » officielle tandis que la santé du « Menhir » mettait progressivement fin à ses déplacements parmi les dissidents.
Quelles que soient les déceptions qui existent quant à l’héritage qu’il laisse, il restera une figure exceptionnelle de la vie politique française, l’un des derniers tribuns doté d’une culture générale qui fait aujourd’hui défaut.
Pierre-Alain Depauw
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