Dans ce qui est censé être une pression pour obtenir un soutien de l’Union Européenne et la communauté internationale à son offensive en Syrie, la Turquie a annoncé qu’elle avait donné son feu vert à des réfugiés d’origines diverses pour passer la frontière vers l’Europe. Il y aurait quelques 80.000 migrants qui auraient déjà traversé la frontière entre la Turquie d’un côté et la Grèce et la Bulgarie de l’autre depuis l’annonce de son ouverture par le président turc Erdogan dans la nuit du 27 au 28 février.
C’est ce qu’a déclaré hier le chef de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun. Mais c’est une guerre des nombres avec Athènes: aux postes frontières vers la Grèce et la Bulgarie, les deux pays n’ont jusqu’à présent pas signalé l’arrivée d’un nombre élevé de clandestins. Selon le ministère des migrations d’Athènes, la police grecque a jusqu’à présent bloqué 9 600 migrants à la frontière.
Des milliers de réfugiés et de migrants restent derrière une clôture en fil de fer barbelé à la frontière nord-est gréco-turque à Evros, dans l’espoir de pouvoir franchir la frontière avec l’Europe. La Grèce a renforcé le long des frontières les forces de police et les forces militaires pour faire face à une situation sans précédent.
Mais vendredi et samedi, la police et les forces armées grecques ont été confrontées au jet constant de pierres, de morceaux de bois et de cocktails Molotov du côté turc de la frontière. Pour cette raison, la police grecque a riposté avec des gaz lacrymogènes pour décourager la foule. Au total, 136 personnes ont été arrêtées pour avoir franchi illégalement la frontière par les forces armées grecques. Des détenus auraient pénétré illégalement sur le territoire grec au-delà de la frontière douanière, où des armées et des forces de police fortes ont été déployées, créant un mur impénétrable.
Les dirigeants de l’UE se sont précipités pour soutenir verbalement la Grèce dans cette situation en s’engageant dans une aide matérielle. Charles Michel, président du Conseil européen, a déclaré qu’il était en contact étroit avec les gouvernements grec et bulgare, tandis que Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré que l’UE suivait la situation de près et que sa priorité est d’aider la Grèce et la Bulgarie.
Une réponse purement répressive, car selon les mots de der Leyen, cela se traduirait par l’envoi de nouveaux gardes Frontex, la force européenne spéciale qui devrait renforcer leurs frontières. Une mesure risible, si l’on considère que, contre un total d’environ 100 000 hommes actuellement employés par les gouvernements européens pour la surveillance des frontières, cette force d’urgence européenne ne compte au total que 3 000 hommes.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a déclaré que « l’entrée illégale en Grèce ne sera pas tolérée » et que la sécurité des frontières terrestres et maritimes était renforcée. Le directeur des communications turc, Fahrettin Altun, a déclaré que les migrants sont désormais également un problème pour l’Europe et le monde. Il a déclaré que la Turquie n’avait d’autre « choix » que d’assouplir les contrôles aux frontières car elle n’avait pas reçu suffisamment de soutien pour accueillir des réfugiés syriens.
Cette invasion migratoire de l’Europe via la Turquie n’est que le dernier résultat de la politique d’endiguement choisie par l’UE, qui consiste essentiellement à transférer le problème des réfugiés aux États voisins ou de l’autre côté de la Méditerranée, en échange d’une aide économique, définie hypocritement comme des fonds pour les assister dans la gestion de l’urgence migratoire.
Selon des rumeurs divulguées depuis Bruxelles, l’UE devrait finalement céder aux pressions turques : trois milliards supplémentaires seraient prêts à emprunter le chemin d’Ankara, comme cela s’est produit à partir de 2016 pour permettre à la Turquie de garder les réfugiés hébergés à l’intérieur de ses frontières. Le chantage d’Erdogan est donc prêt à être bien servi.
Francesca de Villasmundo
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