Slate.fr vient de nous gratifier d’un article qui va faire date (enfin le croit-il !) en matière de cartographie du globe terrestre…
Il est l’œuvre d’une journaleuse revendiquée féministe, Titiou Lecoq, qui a sévi un temps à « Libération », qualifiée par Slate de « journaliste indépendante », blogueuse de « Girls and geeks » : un site où la « fécalité » n’est pas qu’une option, rejoignant en cela les pires pages du torchon Charlie-Hebdo.
http ://www.girlsandgeeks.com/
Un pédigrée qui vaut évidemment à cette pisse-copies les honneurs de Wikipédia…
https ://fr.wikipedia.org/wiki/Titiou_Lecoq
On trouve sur le site du blog une rubrique, signée de la susdite, intitulé « le journal des chiottes » (cela ne s’invente pas !) où elle nous fait découvrir dans sa dernière livraison (n°19) que dans les toilettes de l’Elysée il y a deux dévidoirs de papier toilette à côté du siège.
Un scoop pour la « journaliste d’investigation » qu’elle se revendique être, qui devrait sans aucun doute la conduire au prix Pulitzer…
Elle a publié : « Libérées, le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale » (Fayard)
Le ton est donné !
On ne s’étonnera pas que Jacques Attali lui ait offert la « caution » de Slate.fr où elle se répand avec plus ou moins (surtout moins) de bonheur – On parle évidemment du bonheur de ses infortunés lecteurs…
Elle nous livre aujourd’hui ses émois devant sa découverte (un peu tardive, même pour une journaleuse inculte) du nouveau planisphère fruit du travail (1999) d’un architecte japonais, Haje Narukawa, qui n’a fait que modéliser informatiquement la représentation cartographique de Fuller qui date déjà de 1946…
Rien de bien neuf donc, sauf dans l’exploitation idéologique, inattendue, qu’on peut en faire…
Et c’est là que, vous allez le voir, notre féministe de choc intervient.
http://www.slate.fr/story/154619/representation-juste-terre
Un peu d’histoire :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_projections_cartographiques
Marin de Tyr au IIeme siècle fut le premier à utiliser une technique de projection pour représenter la surface du globe, ce qui à l’époque où la terre était considérée comme plate se résumait à prendre une ligne équatoriale en milieu de plan, de part et d’autre de laquelle se répartissaient les terres…
Mais les choses se gâtèrent quand il fut admise que la terre était ronde (même si certains veulent toujours croire qu’elle est plate !)
La projection de Mercator
C’est à la suite des voyages et explorations des marins ibériques que Mercator publie en 1538 une première carte du monde en utilisant le système de projection qui porte son nom, fondé sur la conservation des angles du fait qu’il inscrit la sphère terrestre dans un cylindre tangent à l’équateur, coupé selon une génératrice.
Evidemment les zones de l’extrême nord et de l’extrême sud ne sont pas présentables car les distances ne sont pas du tout conservées : elles s’allongent logiquement avec l’accroissement de la latitude…
Mais comme la zone intertropicale est assez fidèlement reproduite et que les angles sont conservés, cette représentation, usitée d’abord par les navigateurs, est la plus communément présentée.
La Projection de Lambert
Lambert utilise non plus un cylindre, mais un cône axé sur les pôles et tangent au parallèle de latitude 45°.
De ce fait il obtient une représentation hémisphérique assez fidèle autour de la latitude 45, où les méridiens sont des droites qui concourent au sommet du cône, et les parallèles des arcs de cercle concentriques.
Le planisphère se présente alors en éventail :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Projection_conique_conforme_de_Lambert
Ce type de projection, repris sur de petite surface, fut très utilisé pour les cartes topographiques, notamment les cartes d’état-major (artillerie) jusqu’à la seconde guerre mondiale.
La projection de Fuller 1946 / 1954
Fuller comprend que la projection depuis la sphère conduit à une précision variable et peu satisfaisante dès qu’on s’éloigne trop de la zone tangentielle. Aussi il imagine une surface de projection non plane : la surface latérale d’un solide à faces multiples enveloppant primitivement la sphère, et développable dans le plan.
Il utilise d’abord en 1946 un cuboctaèdre (14 faces régulières, dont huit sont des triangles équilatéraux et six sont des carrés) puis un icosaèdre en 1954 (20 triangles équilatéraux)
Isocaèdre va se développer suivant le patron ci-joint en 20 triangles adjacents:
Chacun de ces triangles porte un morceau de la carte où évidemment les variations liées aux projections sont infiniment moins importantes que dans les représentations précédentes…
Chacun pourra comprendre que suivant les éléments utiles à son activité, les types de projections cartographiques furent multiples, suivant les éléments conservés dans la transformation calotte sphérique / plan!
https://fr.wikipedia.org/wiki/Projection_cartographique
Ceci pour dire qu’il n’y a pas de projection « juste » et que ce qualificatif concernant la cartographie est intrinsèquement inadéquat et n’a aucun sens, sauf à spécifier « juste par rapport à tel paramètre ».
La carte de Hajime Narukawa
Le mérite de Hajime Narukawa a été de reprendre la décomposition de la méthode de Fuller et d’en « rabouter » les morceaux grâce à la DAO, le dessin assisté par ordinateur, qui permet de produire les dessins techniques avec des logiciels informatiques.
Il a ainsi constitué une carte planisphère globale, en redécoupant et en juxtaposant les éléments d’une décomposition en 96 triangles qui est effectivement plus précise point par point que celles connues jusque-là.
Une carte qu’il également présentée sans les fond océaniques, ce qui a aussitôt suscité l’admiration béate de la rien-pensance devant une représentation aussi inusitée, et la découverte par la « gaucho-ignardise » (pléonasme) du fait, bien connu de tous, que la terre dite « planète bleue » est couverte d’eau à près de 75%… (Il parait que là cela se voit mieux là? Soit !)
En dehors du fait que les pôles apparaissent en position est- ouest (gauche /droite) et non plus en nord – sud (haut- bas) qu’en direz-vous ?
Ben… Rien !
Effectivement…
Il n’y a rien à en dire, sauf à lire le commentaire éclairant de notre gaucho-fémino-fécaliste de service :
« Évidemment, il ne faut pas trop faire circuler cette carte. Vous vous rendez compte pour des personnes déjà fragilisées dans leurs certitudes, qui croyaient il y a encore un mois que le sexisme n’existait plus, que le racisme était exceptionnel et que la langue française était immuable, pourraient basculer dans des troubles psychologiques graves:
Ah bah voilà! Après l’écriture inclusive, les anti-racistes féminazies ont inventé une planète inclusive et dans leur haine de la France ils en ont fait un tout petit pays riquiqui. Quand cette folie s’arrêtera-t-elle? Il existe une République, une langue, une géographie, un planisphère.
En plus, dans leur nouveau truc, on dirait qu’il y a plus d’eau que de terre! Ridicule!»
C’est vrai que mes certitudes sont effectivement ébranlées, notamment toutes celles qui m’avaient conduit à penser qu’une femme, même féministe, était forcément dotée d’un cerveau…
(A croire que j’étais féministe avant le féminisme ?…
Peut-être, mais maintenant, rassurez-vous je me soigne !)
Cette pauvre acéphale n’a pas compris que cette carte, hormis la convention d’orientation de sa présentation, ne change évidemment absolument rien – hors une certaine augmentation de la précision dans les distances – aux données classiquement connues de la géographie et qui sont retranscrites sur les cartes depuis des lustres.
Le coup de la « planète inclusive », on ne me l’avait pas encore fait…
Le coup de la « connerie inclusive » non plus, mais grâce aux rédacteur.e.s de Slate.fr, j’en ai maintenant un solide aperçu…
Claude Timmerman
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